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La police de la grève en droit administratif camerounais


par Gaetan Gildas Yamkam Fankam
Université de Yaoundé Il  - Master 2 droit public 2018
  

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B- L'appréciation discrétionnaire par les autorités de police administrative.

De prime à bord, l'idée de pouvoir discrétionnaire et l'État de droit semblent être deux notions inconciliables.227Le professeur G. Nlep soulignera à ce propos que La limite entre le pouvoir discrétionnaire et l'arbitraire administratif est mal définie,228et donc incertaine. En effet par opposition à la compétence liée,229 le pouvoir discrétionnaire se définie lato sensu comme

225 ATEMENGUE (.JD.N.) ; la police administrative au Cameroun ; op.cit. p.

226 ONDOA (M), ABANE E. ENGOLO (P), les fondements du droit administratif camerounais préface op.cit. p.11

227 SORO_PAMATCHIN (S-G) L'exigence de conciliation de la liberté d'opinion avec l'ordre public sécuritaire en Afrique subsaharienne francophone (Bénin-Côte d'Ivoire-Sénégal) à la lumière des grandes démocraties contemporaines (Allemagne-France) ; Droit. Université de Bordeaux, 2016 P.284

228. NLEP (R. G) cité par ATEMENGUE (JDN) ; la police administrative au Cameroun ; op.cit P.180

229 Idem.

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« cette marge d'appréciation laissée à l'administration », 230« cette habilitation dont jouit l'administration à prendre (...) un ensemble de mesures jugées utiles et opportunes au regard des situations de fait »231. Cependant convient-il de préciser, le pouvoir discrétionnaire s'avère être nécessaire à la survie de l'État232 ; compte tenu du fait que le législateur ne peut tout prévoir. Dans ce sens il serait difficile de concevoir un État, qui plus est, un État de droit, sans l'idée d'un pouvoir discrétionnaire. Une telle hypothèse serait susceptible d'entrainer « l'immobilisme »233, la paralysie de l'action étatique. D'où la nécessité, pour une efficacité des pouvoirs publics, d'une flexibilité dans l'application de la règle de droit.

C'est donc à dire au final que ces deux notions ne sont pas en réalité antinomiques. Ainsi pour revenir à notre sujet de réflexion, le législateur fixe les grandes lignes qui encadrent l'exercice des libertés, et c'est à l'aune du respect de l'ordre public que les autorités administratives organisent l'exercice desdites libertés ; et au besoin les restreint en cas d'atteinte (grave) à l'ordre public. C'est dans ce sillage que Jean Rivero soulignera que « c'est la loi qui énumère un ensemble de conditions et qui de façon résiduelle donne mission à l'autorité de police administrative de décider dans un certain sens en prenant toute mesure utile qui relève de l'appréciation de l'opportunité. »234C'est fort de cela que le législateur camerounais reconnait en matière de manifestations publiques un pouvoir discrétionnaire aux autorités de police, lorsqu'il dispose que si l'autorité « estime que la manifestation projetée est de nature à troubler gravement l'ordre public, il (ou elle) peut (...) »235 prendre les mesures nécessaires afin d'assurer le maintien de l'ordre lors desdites manifestation.236. De telles prérogatives sont de nature à susciter légitimement des inquiétudes quant à leur utilisation. C'est ainsi que Charles Eisenmann écrira à ce propos que « le pouvoir discrétionnaire aurait quelque chose de singulier, de mystérieux ; ce serait un phénomène assez troublant, assez inquiétant. »237

Cette inquiétude parait davantage justifiée au regard de la capacité de nuisance que les prérogatives discrétionnaires de la police administrative pourraient avoir sur les libertés

230 HAURIOU (M) cité par SORO PAMATCHIN (S-G) ; L'exigence de conciliation de la liberté d'opinion avec l'ordre public sécuritaire en Afrique subsaharienne francophone à la lumière des grandes démocraties contemporaines ; op.cit. p.284

231 SORO PAMATCHIN (S-G), op.cit. p.284

232 Idem.

233 Ibid.

234 RIVERO (J) ; Droit administratif ; cité par SORO PAMATCHIN, L'exigence de conciliation de la liberté d'opinion avec l'ordre public sécuritaire en Afrique subsaharienne francophone à la lumière des grandes démocraties contemporaines op.cit. p.828

235 Article 8 alinéa 1 de la loi n°90/055 précitée.

236 Ibid.

237 EISENMANN (C), Cours de droit administratif, Tome II, L.G.D.J.- lextenso éditions, Coll. « Anthologie du droit », Issy-les-Moulineaux, 2014, p. 289.

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publiques. Cela étant dit, intéressons-nous à présent à la portée restrictive des moyens de préventions des troubles vis-à-vis des libertés.

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