2.1. Les aides-soignantes
C'est au début du XXème siècle, suite
à la séparation de l'Eglise et de l'Etat et aux progrès de
la science et de la médecine, que des personnes non formées,
appelées « infirmières », commencent à remplacer
les religieuses dans les hôpitaux pour s'occuper des malades. C'est
à cette époque que se développe l'hygiène
hospitalière. En 18467, Ignace-Philippe Semmelweis
(obstétricien autrichien) met en avant l'importance du lavage des mains
pour lutter contre les infections. Et c'est en 1860, que Louis Pasteur
développe les règles d'asepsie dans les soins. La charge de
travail augmente alors pour ces personnels et il devient indispensable de les
professionnaliser. C'est en 1907 qu'apparaissent les premières
formations d'infirmiers dans l'optique de distinguer les professionnels du soin
technique et ceux des soins d'hygiène, il faudra attendre 1946 pour que
le diplôme d'état infirmier soit créé.
Les syndicats réclament alors la reconnaissance du
« petit personnel » et c'est en 1956 qu'est créé le
Certificat d'Aptitude à la Fonction Aide-Soignante (CAFAS).
L'aide-soignant assure ses missions par délégation de
l'infirmier, sous sa responsabilité et sous son contrôle. Ce n'est
qu'en 1981 que l'aide-soignant se voit le droit d'exercer en secteur
extra-hospitalier et auprès de personnes désirant rester au
domicile.
7 HERON, M. L'hygiène hospitalière d'hier
à aujourd'hui. Revue Soins Aides-soignantes n° 26 de
février 2009, p. 1-2.
14
Puis plus tard, par l'arrêté du 5 janvier 2004,
le métier d'aide-soignant est enfin reconnu comme étant un
travail d'équipe en collaboration avec l'infirmier. Dans cet
arrêté, il est notifié que : « l'aide-soignant
contribue à la prise en charge d'une personne ou d'un groupe de
personnes et participe, dans le cadre du rôle propre de l'infirmier, en
collaboration avec lui et sous sa responsabilité, à des soins
visant à répondre aux besoins d'entretien et de continuité
de la vie de l'être humain et à compenser partiellement ou
totalement un manque ou une diminution d'autonomie de la
personne8 ».
2.2. Les aides à domicile
Les services à la personne regroupent les
métiers liés à l'assistance des personnes dans leurs
tâches quotidiennes. Ils peuvent concerner des services à la
famille (garde d'enfants, aide aux devoirs, etc.), des services de la vie
quotidienne (ménage, jardinage, repassage, etc.) ou les services aux
personnes dépendantes : personnes âgées, personnes en
situation de handicap, enfants de moins de 3 ans qui ont besoin d'une aide dans
les actes de la vie quotidienne.
Selon une étude de la DREES en 2008, 515 000
intervenants travaillent au domicile des personnes fragilisées selon
différents modes d'exercice : emploi direct, en mode mandataire ou
salariés d'organismes prestataires. 98% sont des femmes. L'âge
moyen est de 45 ans et la moitié des intervenants ont entre 39 et 52
ans. Lors de l'enquête les intervenants ont débuté le
métier il y a environ 9 ans et la moitié ont entre 3 et 13 ans
d'ancienneté, 10% ont moins d'une année d'ancienneté
(incluant des périodes de chômage et d'inactivité). En ce
qui concerne le niveau de formation, un tiers n'ont pas poursuivi
d'études au-delà du collège et 42% ont un niveau
CAP-BEP.
Les aides à domicile mettent avant une
exténuation physique et morale, les contacts avec les
bénéficiaires qui peuvent être pesants, la monotonie des
échanges, le manque de temps permettant d'effectuer toutes les
tâches. Aussi le travail des aides à domicile contient diverses
tâches de manutention. Elles doivent porter les courses, notamment les
packs d'eau, transporter l'aspirateur d'une pièce à l'autre et
même d'un étage à un autre, transporter le linge dans le
but de l'étendre, sortir les poubelles, déplacer le lit voire une
commode pour nettoyer derrière. Les charges lourdes à porter ne
se limitent pas uniquement aux tâches ménagères, car elles
doivent aussi effectuer d'aide directe à la personne, c'est-
à-dire un travail physique
8 Annexe de l'arrêté du 5 janvier 2004 modifiant
l'arrêté du 22 juillet 1994 relatif au diplôme professionnel
d'aide-soignant et au diplôme professionnel d'auxiliaire de
puériculture.
15
réalisé sur les individus. Elles aident les
personnes à sortir de leur baignoire, elles les déplacent de leur
lit vers le fauteuil le matin et de leur fauteuil vers le lit le soir. Pour
certains plan d'aide, les prestations des salariés se bornent au quart
d'heure nécessaire au portage d'un repas, à la toilette, etc.,
cela représente plusieurs aller-retour pour l'employé qui subit
la charge invisible de mobilité causée par le fractionnement de
l'activité (Jany-Catrice, 2010)9. La signification commune
tend à voir le travail effectué par les aides à domicile
comme une simple prolongation de la domesticité, alors qu'il est d'une
toute autre nature, complexité, capacité d'adaptation des
salariés, autonomie ou variété des responsabilités
(Dussuet, 2005)10. Aussi, de manière générale,
ces salariés souffrent d'une absence de reconnaissance de leur
polyvalence et de la demande progresssive d'augmentation de leurs missions,
avec notamment récemment des formations d'agents de prévention
à domicile sans moyens supplémentaires (humains ou en temps) sur
les thématiques de risque de perte d'autonomie (dénutrition,
chutes, dépression, iatrogénie). Depuis 1960, l'emploi n'a
cessé d'évoluer, de « femme de ménage » elles
deviennent de véritables pivots du maintien à domicile. Le
rôle essentiel de l'aide à domicile est l'aide à
l'accomplissement des activités quotidiennes, le ménage, les
courses, la cuisine mais aussi l'aide à la toilette, à
l'habillement, etc., ce qui permet bien aux personnes vieillissantes ayant des
difficultés de vie, de conserver la maîtrise de leur mode de vie,
de rester comme on dit, maître des lieux. Deuxième rôle
fondamental de l'aide à domicile, toujours à travers cet
accomplissement de fonctions et tâches quotidiennes, le lien de la
personne dans son domicile avec l'extérieur. Elle est le trait d'union,
entre l'extérieur qui constitue le collectif auquel appartient toujours
la personne confinée dans son domicile, les commerçants, la
banque, la poste, la pharmacie, etc., qui eux ne viennent pas ou ne viennent
plus au domicile. C'est bien ce rôle fondamental de lien social, que le
rapport Laroque avait dévolu en 1962 à
l'aide-ménagère de l'époque dans sa vision éthique
du maintien à domicile qu'il précisait en ces termes «
l'accent doit être mis par priorité sur la nécessité
d'intégrer les personnes âgées dans la
société tout en leur fournissant les moyens de continuer le plus
longtemps possible à mener une vie indépendante, ainsi
pourra-t-on respecter chez les vieillards le besoin qu'ils
éprouvent
9 Jany-Catrice, Florence. (2010). Les services à la
personne : des emplois pas comme les autres. La documentation
Française, p69-87.
10 Dussuet, Annie (2005). Travaux de femmes : enquêtes
sur les services à domicile, L'Harmattan, Paris/Budapest/Toronto,
coll. « Le travail du social », 216p.
16
de conserver leur place dans une société
normale, d'être mêlés constamment à des adultes et
à des enfants ».11
Au tournant du début des années 1985, cette
évolution professionnelle en rapport avec ce rôle de maintien des
personnes âgées dans la vie de tous les jours, commence tout
doucement à faire sortir cette profession de l'anonymat dans lequel elle
se trouvait depuis trente ans et se heurte aux politiques de l'emploi
impulsées dans les mêmes années, pour faire baisser
à tout prix les chiffres du chômage. Cette politique de l'emploi
déclarée comme objectif prioritaire réduit les personnes
âgées ayant besoin d'aide à n'être qu'un «
gisement d'emplois » et va avoir de multiples conséquences. D'abord
la multiplication de ce qu'on va appeler d'abord les emplois de
proximité, puis les emplois familiaux (1991)12. Par
conséquent, au sein de ces services j'ai rencontré des
professionnelles, en minorité, qui assument clairement avoir accepter ce
travail faute de mieux. En d'autres termes, il y en qui font ce travail par
défaut, parce qu'ils n'ont pas eu le choix, d'où un manque de
motivation, ce qui peut aussi tirer vers le bas ceux et celles qui ont une
réelle motivation et un sentiment d'utilité.
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