3. De la coordination à l'intégration des
services
3.1. La notion de coordination
La circulaire du 7 avril 198213 marque l'action de
l'Etat en matière de politique gérontologique, en instaurant un
dispositif de coordination. Or, à cette époque la mobilisation
des acteurs s'orientait en priorité dans la mise en oe u vre de la
décentralisation, et n'en a pas privilégié la
faisabilité à terme. Les élus locaux parlent souvent
d'objectifs communs pour traduire l'action gérontologique, alors que les
professionnels signalent un manque de coordination. Les services existent,
chacun avec sa logique indépendante d'intervention auprès des
personnes âgées. Les liens ne sont pas structurés, il y a
juxtaposition des services sans cohérence, sans liaison entre eux.
A l'évidence, la multiplicité et la
multiplication des structures gérontologiques posent, depuis très
longtemps, la question du « travailler ensemble » de ces structures
et acteurs du quotidien. Cette question de « travailler ensemble » me
semble trop simpliste pour définir à elle seule la
11 Haut Comité Consultatif de la Population et de la
famille (1962). Politique de la vieillesse. Rapport de la Commission
d'études des problèmes de la vieillesse présidée
par Monsieur Pierre Laroque, Paris, la Documentation Française, p. 9.
12 Circulaire DE/DSS n° 91-56 au 31 décembre 1991
ayant pour objet la promotion et le développement des emplois
familiaux.
13 Circulaire n° 82-13 du 7 avril 1982, relative à la
politique sociale et médico-sociale pour les retraités et les
personnes âgées.
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coordination. Le travail coordonné est beaucoup plus
complexe qu'il n'y paraît, si on veut faire travailler ensemble des
professionnels d'obédiences différentes (sanitaire, social), de
formations différentes, avec des familles et usagers « non
professionnels » plus ou moins coopérants, sans empiéter en
permanence sur cette fameuse liberté de choix, tant mise en avant par
les politiques, mais aussi tant mise à mal par les pratiques
professionnelles. La coordination ne peut émerger que des efforts
entrepris entre les uns et les autres pour travailler ensemble, la coordination
ne se décrète pas, elle se vit à plusieurs niveaux,
administratif et sociale. Elle entre dans la conception même du
travail.
Comme le Rapport Laroque le précise en
196214, la coordination nécessite une liaison entre les
différents services administratifs des organismes publics ou
privés contribuant à l'action sociale en faveur de la vieillesse
et d'une coordination sociale proprement dite consistant à orienter la
personne âgée vers « les services auxquels son état le
conduit à faire appel ».
Etymologiquement le verbe " coordonner " se compose du
préfixe "co" qui signifie "avec" et du radical, "ordonner" dont le sens
est double : " ranger en ordre " et/ou " commander, prescrire". De cette
explication part la difficulté de la mise en oeuvre d'actions de
coordination qui se construisent en partenariat. Cela suppose un dialogue et la
reconnaissance de tous les intervenants.
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