CONCLUSION
Développer un SPASAD ne s'improvise pas et ne peut se
contenter d'une autorisation des autorités de tarification,
d'intervention concomittantes chez les mêmes bénéficiaires
et de locaux communs; bien que ce soient des pré-requis incontournables.
Pour un chef de service d'un SPASAD il s'agit de faire preuve de
méthode, de patience et de communication perpétuelle. Un SPASAD
n'est pas la simple association d'un SAAD et d'un SSIAD. Il doit
développer en synergie des compétences propres nées de la
pluri-disciplinarité et représenter des bénéfices
pour les usagers qui surpassent ceux des structures agissant
séparément.
Les SPASAD devraient se développer avec la loi relative
à l'adaptation de la société au vieillissement du 28
décembre 2015 qui prévoit la mise en place des
expérimentations d'une nouvelle forme de SPASAD assurant des prestations
d'aide, d'accompagnement et des soins au domicile des personnes fragiles. Ces
SPASAD sont appelés « SPASAD intégrés ». La loi
donne également la possibilité aux SPASAD de mettre en place des
actions de prévention (dénutrition, chutes à domicile,
isolement, etc.) financées dans le cadre de la conférence des
financeurs de la prévention de la perte d'autonomie. Les SPASAD
devraient à terme et c'est déjà le cas dans cette
expérimentation contractualiser en CPOM avec les deux financeurs que
sont les ARS et Conseils Départementaux. Le SPASAD devient alors l'une
des réponses de nos politiques face à la perte d'autonomie de la
population. Il doit être l'interlocuteur unique des usagers et
prescripteurs sur un même territoire pour la mise en place
d'interventions à domicile par le rapprochement de l'aide et du soin.
Dans un SPASAD, le rôle du chef de service prend tout son sens, il
construit une équipe. La coordination, l'accompagnement des personnes en
situation de perte d'autonomie et le travail en équipe sont basés
sur un projet commun le dialogue et la relation de confiance. La communication
(avec la direction, avec ses coordinateurs) est un outil fondamental pour
assurer le bon positionnement du chef de service face à l'équipe.
Il doit prendre en compte les différences liées aux
métiers et compétences de chacun et réussir à les
réunir autour d'un projet commun : améliorer les conditions de
travail et la qualité de l'accompagnement de l'usager. J'associe
volontairement qualité de travail et qualité d'accompagnement car
cette dernière n'est possible que si le cadre lui aussi veille à
l'accompagnement de ses équipes. La bientraitance de l'équipe est
alors synonyme de bientraitance de l'usager.
Dans ce projet de mémoire, l'harmonisation des outils
papier est un préalable au développement des outils
numériques pour améliorer les transmissions en terme de
qualité, d'efficacité et de réactivité. Plusieurs
éditeurs de logiciels en lien avec les territoires de Santé
Numérique (TSN) élaborent et testent déjà des
solutions de transmissions instantanées à
40
distance via des smartphones. Le chef de service ne doit
développer des outils qu'au service de l'humain (professionnels et
usagers) car c'est l'humain qui est la ressource principale de ce type de
structure. Son recrutement est complexe dans ce secteur de l'aide et des soins
à domicile. Il est donc important de veiller à le
fidéliser, le former pour l'adapter au métier d'aujourd'hui en
constante mutation.
S'il est vrai que cette politique du maintien à
domicile s'est posée dès 1960 pour la population dite
âgée, cumulant faibles ressources, isolement social et mauvais
état de santé, depuis cinquante ans, cette politique à
beaucoup évolué et s'ouvre à d'autres publics
précaires. Il s'agit de personnes plus jeunes en situation de handicap
(moins de 60 ans), personnes atteintes de maladies (VIH, cancers, maladies
dégénératives, etc.), ou bien encore en direction de
personnes socialement marginalisées (immigrés, sans domicile
fixes, jeunes homosexuels, etc.). Ce modèle organisationnel de SPASAD
pourrait s'élargir à ces publics. Il convient de garder à
l'esprit que « tout projet intégrateur est condamné à
une adaptation continue aux besoins évolutifs de la population (...) il
propose un chemin de transformation et une destination qui permet de faire
évoluer positivement le monde »24. Un SPASAD
nécessite des ajustements perpétuels en raison du
caractère multidimensionnel des situations individuelles. Or on
n'appréhende mieux le caractère multidimensionnel des besoins des
personnes âgées que si l'on agit de façon
coordonnée. Le SPASAD dépasse le simple intérêt de
mutualisation des moyens de 2 services, c'est un projet sociétal qui
demande aux acteurs socio-sanitaires d'un territoire de progresser en
solidarité.
En retraçant la montée en charge des
compétences et des missions demandées aux acteurs du domicile ces
50 dernières années et notamment aux aides à domicile, je
ne peux que me questionner sur leurs capacités à continuer
à pouvoir répondre de manière cohérente à
l'évolution des besoins de la population, notamment dans les territoires
ruraux où la désertification médicale est une
problématique et les glissements de tâches encore présents
faute de proche entourage ou professionnels de santé à
proximité.
24
Couturier et al. (2016). L'intégration des services en
santé, une approche populationnelle, Edition paramètres, Les
Presses de l'Université de Montréal.
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