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Le SPASAD, acteur de soutien à  domicile des personnes agées et/ou en situation de handicap: une culture partagée de l'aide et du soin à  construire


par Lucie ALVES
IRTS de Poitiers - CAFERUIS 2018
  

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PARTIE III : EVALUATION DU PROJET ET DEMARCHE QUALITE

L'évaluation de l'efficience de ce plan d'action mis en oeuvre sur 10 mois est une étape visant à son amélioration en continu. Il était donc crucial que le plan d'action se décline en tableau de bord dès le début de son fonctionnement avec des indicateurs bien définis et mesurables. Les indicateurs sont des outils de gestion et non une fin en soi. Ils doivent être simples et robustes. Pour cela, je me suis appuyée sur le « tableau de bord » de l'ANAP, l'Agence dédiée à la performance des services de santé (voir tableau page 29).

Lors de la programmation de ma feuille de route, afin de construire des préalables à une culture partagée de l'aide et du soin au sein d'un SPASAD, j'ai énoncé des 4 objectifs opérationnels suivants :

? Favoriser la cohésion et la communication d'équipe

? Elaborer des outils communs

? Professionnaliser les aides à domiciles sur la qualité des écrits professionnels

? Développer le partenariat et la coordination entre les divers intervenants du domicile,

hors SPASAD.

Ces objectifs ont été énoncés clairement à différents niveaux à ma direction et aux équipes dès le début du projet. Durant ces 10 mois, il aura fallu tenir le cap et mobiliser les équipes régulièrement sur ce « fil rouge » en filigrane de leur quotidien de travail déjà bien chargé. Les réunions des groupes de travail bien qu'elles aient été reportées quelquefois en raison de besoins de services, ont été régulières et suivies. Chaque réunion a fait l'objet d'un compte-rendu diffusé en salle d'équipe. Les phases tests de 3 mois des 2 outils ont été dynamiques avec des retours nombreux sur leurs défauts et possibles réajustements. Il a été nécessaire pour moi en tant que chef de service de recadrer ces sollicitations à l'emporte-pièce et repositionner les 4 référentes comme intermédiaire du groupe de travail. Les formations internes aux transmissions ciblées se poursuivent afin de former l'ensemble des professionnels du SAAD, toujours co-animé par la chef de service et une aide-soignante, à raison d'un groupe de 8 par session de 2h sur le temps de travail.

Afin d'évaluer l'objectif de développement des partenariats et orientation inter-services, nous avons mis en place dès janvier une traçabilité des origines des orientations (prescripteurs SAAD et SSIAD) et traçons les demandes que nous recevons ne relevant pas de nos services et pour lesquels nous officions en guichet intégré en orientant vers le bon service du territoire

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pour le besoin exprimé (aide au repas : liste des portages de repas du territoire envoyé et le cas échéant orientation vers le CLIC local).

Ces données seront présentes dans le prochain rapport d'activité annuel du SPASAD démontrant une volonté de mettre en évidence leur coordination interne et avec les ressources externes.

Le chef de service se doit également d'évaluer les opportunités liées à un climat propice, il me semble en avoir bénéficié lors ce projet. Finalement, la prescription des autorités tarificatrices dans un délai de 6 mois a permis de prendre conscience aux équipes que le terrain ne pouvait être déconnecté des exigences réglementaires et que nous pouvions saisir cela comme une opportunité de s'atteler à améliorer nos pratiques et outils. Il aura fallu mobiliser les ressources de l'équipe et il y en a pour tenir le cap et transformer l'essai. Le chef de service se doit dans la conduite de projet contrainte par le temps de communiquer de manière continue, suivre ses indicateurs, encourager et valoriser les équipes dans leur adhésion au changement.

Concernant l'objectif de développer les partenariats, le chef de service a clairement un rôle de représentant et est le garant de la visibilité de son service sur un territoire offrant de multiples services à destination des personnes âgées. Le chef de service lors des instances de concertation locales et Départementales (Tables tactiques MAIA, conférence des financeurs, conférence des acteurs en santé, Conseil d'administration des CLIC...) se doit d'être présent et pro-actif dans le tissage de lien de travail ensemble entre les acteurs hospitaliers et du domicile. La coordination des responsables de service agit par ricochets sur la coordination aux niveaux opérationnels, j'en suis convaincue.

La construction ou la diffusion d'une culture est un changement de paradigme et ne constitue pas une trajectoire d'un point A à un point B, ce changement s'effectue en continu, il fait partie du quotidien. Le chef de service est la clef de voûte du changement, il l'impulse et l'accompagne. Il doit susciter l'intérêt de ses équipes à adhérer au projet, leur adhésion doit être gratifiante (sentiment d'être acteur des transformations de son système de travail, que son avis est pris en compte et qu'il acquiert des compétences, un savoir).

Démarche d'amélioration continue de la qualité de l'offre SPASAD

La compréhension et la satisfaction des attentes et besoins des usagers représentent aujourd'hui une orientation fondamentale de la démarche qualité. Cette préoccupation permanente oriente non seulement l'activité quotidienne des professionnels mais également une fonction de prospective sur l'évolution des besoins et des publics. La posture du cadre est

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fondamentale dans une démarche qualité, il a une fonction de leadership qui consiste à fixer des buts à un groupe de personnes et à mobiliser celles-ci dans une action commune. Le cadre établit une vision de développement de l'activité du service et la communique à ses équipes, puis les guide dans la mise en oeuvre opérationnelle. Un management efficace nécessite une vision du développement ou du changement à opérer qui concilie les intérêts du service (pérennité des financements, amélioration de la qualité de service, etc.) et ceux des individus qui le compose (amélioration de la qualité de vie au travail, valorisation des compétences, etc.).

La conduite de mon projet de développer une culture partagée de l'aide et du soin à travers la co-construction d'outils communs se fonde sur une démarche participative. Plusieurs éléments conduisent à mettre en place une démarche participative :

- Une mobilisation de l'ensemble de l'équipe autour d'objectifs qualité ; avec une participation réelle en groupe de travail, condition préalable à la conduite du changement.

- L'amélioration des pratiques nécessite une réflexion de ceux qui les mettent en oeuvre au quotidien, la démarche permet aux actions proposées d'être pertinentes et au plus juste de la réalité de terrain.

C'est ce que j'ai pu observer en partant des besoins des équipes notamment pour l'élaboration de la fiche autonomie au domicile : elle devait être exhaustive sans les noyer d'informations, de lecture rapide et permettant d'accompagner au mieux l'usager sans qu'il ait à être interrogé à chaque changement de professionnel ou lors d'un remplacement.

Pour poursuivre le déploiement du projet SPASAD, en tant que chef de service, j'ai appliqué la démarche d'amélioration continue :

1) En définissant l'objet du dispositif SPASAD auprès des l'ensemble des professionnels de l'équipe (les données démographiques du vieillissement de la population ?, la plus-value pour le parcours de santé de l'usager ?) ;

2) En communiquant sur les politiques publiques qui régissent le secteur de l'aide à domicile et s'assurer qu'elles sont comprises ;

3) En déployant des objectifs cohérents, réalistes en étant ambitieux et mesurables ;

4) En définissant des objectifs intermédiaires et les actions précises pour les atteindre ;

5) Et en définissant des indicateurs de mesure de l'efficacité de ces actions.

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La mesure est un impératif de la qualité, c'est pourquoi chacune des actions mises en oeuvre fait l'objet d'une traçabilité ou quantification continue. Elle permet d'évaluer l'adhésion des équipes au projet et son bon déroulement. Nous pouvons parfois, en tant que chef de service, le sentiment que les choses n'avancent pas ou pas assez vite. Depuis que je conduis des projets avec les outils de suivi et de reporting de la démarche qualité, cela me permet d'avoir une vision objectif et méthodique sur l'avancement du projet et de ne pas se décourager. Le cadre reste alors moteur et positive les avancées mêmes minimes auprès des équipes.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry