1.2. Mes observations des pratiques et dynamiques de ces 2
équipes
Lorsque je suis arrivée au sein de ce service en
posture de cadre, avec une idée théorique liée aux textes
réglementaires de fonctionnement d'un SPASAD et compte tenu de
l'antériorité de celui-ci, j'ai évidemment était
frappée par la clivage entre ces 2 services du point de vu
organisationnel et humain. Les professionnels du SAAD s'adressent aux agents de
coordination
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et les aides-soignantes à l'infirmière
coordinatrice et peu d'échanges entre ces 2 équipes. Depuis une
année, la direction a voulu matérialiser l'entité SPASAD
en ne créant qu'un seul grand espace séparé par une
cloison, mais il persiste 2 armoires contenant chacun leurs dossiers parfois en
double puisque plus de la moitié des patients du SSIAD ont un plan
d'aide SAAD. Les professionnels m'indiquent qu'il s'agit d'une habitude bien
ancrée, difficile à changer et que les 2 métiers sont
« bien différents », les aides-soignantes arguant parfois
qu'elles, « elles ont un diplôme ». La chef de service
possède un bureau personnel qui dessert l'espace cloisonné
SAAD-SSIAD.
Les dossiers contiennent tous un DIPC (même document
pour le SAAD et le SSIAD) et une fiche de renseignements administratifs, cette
dernière n'est pas partagée par les 2 services pour un même
bénéficiaire. Le plan d'aide SAAD, pour la plupart validé
et financé par l'APA (Allocation personnalisée de l'Autonomie)
suite à l'évaluation des besoins à domicile par les
travailleurs sociaux du Conseil Départemental, n'est pas partagé
avec le SSIAD, qui, s'il souhaite accéder à cette information
doit solliciter le SAAD. Au niveau du dossier patient, plusieurs
éléments gagneraient à être mutualisés et
partagés afin de gagner du temps et fluidifier la gestion des situations
et leur évolution. Les agents de coordination et l'infirmière
coordinatrice en sont tout à fait conscientes et y travaillent. Elles
ont d'ailleurs débuté depuis quelques semaines des visites de
prise en charge en binôme, afin d'éviter les doublons
d'évaluation pour les personnes âgées et réellement
donner à voir qu'un seul service intervient.
J'ai par la suite observé les outils de communication
et transmissions des différentes équipes. Les
aides-soignantes ont au domicile des patients des classeurs où elles
notent leurs transmissions ciblées, il s'agit d'une méthode
d'organisation des transmissions écrites centrées et
structurées sur les informations de santé et vont dans le sens de
soins de meilleure qualité. Méthode enseignée en Ecole
d'Infirmière et Ecole d'Aide-soignante, elles permettent de se centrer
sur la personne malade plutôt que sur la maladie, d'éviter des
retranscriptions répétitives (et donc des erreurs), de gagner du
temps, de faciliter et d'améliorer l'organisation des soins dans des
circonstances de relais. Elles offrent la possibilité de faire des
synthèses sur l'évolution du patient lors de réunion de
concertation pluri-disciplinaires. Je constate qu'effectivement la plupart sont
à l'aise avec cette méthodologie et les écrits sont concis
et précis.
Les aides à domicile ont un cahier de
transmission dans leur bureau d'équipe qui est partagé avec
l'agent de coordination pour l'ensemble des bénéficiaires, il n'y
a pas de classeur nominatif. L'équipe m'indique que chez certains
bénéficiaires il y a un cahier de liaison souvent
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mis en place par la famille, mais cela reste rare, les
échanges se font oralement entre collègues ou via des textos.
J'ai donc « épluché » ce cahier de transmissions
pluri-patients et je dois bien le dire « fourre-tout » : états
d'âmes des professionnels ayant passé une journée
difficile, jugements sur les bénéficiaires et informations
inutiles pour la poursuite de l'accompagnement du bénéficiaire. A
cela s'ajoute des demandes de modification de planning pour l'agent de
coordination et l'utilisation des prénoms pour évoquer les
bénéficiaires entraînant une confusion avec les
professionnels. Bien évidemment, la plupart des informations
écrites étaient tout à fait pertinentes et
témoignaient de repérage de fragilités ou demande
d'adaptation du plan d'aide pour garantir un meilleur confort et qualité
de vie pour l'usager. Pour autant, ces écrits étaient très
longs et romancés, ce qui m'a fait prendre conscience que cette
équipe perdaient sans doute beaucoup de temps à cela.
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