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Management stratégique de la transformation digitale dans le secteur industriel français: comment les entreprises industrielles peuvent-elles mener la transformation digitale sur le plan stratégique et organisationnel ?


par Wael Ben Alaya
EDC Paris business school - MBA 2020
  

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1.1.1. 4ème Révolution industrielle :

On peut considérer que des économistes tels que Adam Smith (1723-1790), David Ricardo (17721823) et Jean-Baptiste Say (1767-1832) sont à l'origine de la gestion moderne des organisations et de la théorie des organisations. En effet, bien avant Taylor, dès le XIXe, ils ont proposé les premiers concepts de division du travail ou de spécialisation des tâches. Ces théoriciens en préconisant l'introduction d'une logique de rationalité dans l'accomplissement de toute démarche gestionnaire ont manifestement influencé le courant rationnel de la théorie des organisations [5]. Mais les travaux fondateurs réalisés par Frédéric W Taylor et la publication en 1911 d'un ouvrage qui fera date : « The Principles of Scientific Management » font de celui-ci le promoteur le plus connu de l'organisation scientifique du travail (OST) et du management scientifique. En étudiant les conditions nécessaires à l'amélioration de la productivité des ouvriers, il conclut qu'une approche méthodique s'impose, qu'il décrit comme étant l'organisation scientifique du travail. Le principe de la démarche réside dans une double division du travail, verticale (séparation des tâches de conception et d'exécution) et horizontale (spécialisation en une seule et même tâche).

Il a ainsi posé les bases du management scientifique basé sur des concepts de rationalité, et de ce qu'on a appelé par la suite le Taylorisme et qui constitue l'une des premières grandes transformations organisationnelles. De la théorie à la pratique, il fût le premier théoricien à avoir mis en place une méthode opérationnelle visant à accroître le niveau de production des organisations.

Aujourd'hui on identifie très aisément certaines des limites de son modèle dans le fait que sa conception de l'homme au travail repose sur une vision très appauvrie du potentiel humain. En un certain sens, Ford qui est le véritable concepteur du travail à la chaîne, est un successeur de Taylor. Il mettra en application les principes de rationalisation du taylorisme tout en les adaptant dans ses usines de production automobile. C'est la naissance du « fordisme », dont les notions principales sont le travail à la chaîne, la standardisation et le principe du « five dollars a Day ». C'est sur ce mode de production nécessitant encore de nouvelles transformations organisationnelles que le modèle industriel du XXe s'est développé partout dans le monde en contribuant largement à la croissance mondiale (production de masse - baisse des prix de vente - hausse des salaires - consommation de masse - élévation des profits). Mais le modèle fordiste a lui aussi montré ses limites et son incapacité à s'adapter lors des crises économiques révélées par les deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979. La prise de conscience des limites du modèle est totale dans les

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années 80, face à la prospérité de la nouvelle concurrence japonaise fondée sur d'autres principes organisationnels. Ce nouveau modèle industriel japonais dont Toyota est le fer de lance, a su répondre aux évolutions de la demande et résoudre le problème d'une production de masse mais sur des biens différenciés (à l'opposé de la standardisation imposée par la production fordiste), tout en répondant à des obligations de qualité, de compétitivité en terme de coûts constamment décroissants. Le succès de ce modèle, montrant qu'il était possible de produire en séries courtes, sans stocks intermédiaires, à des niveaux de productivité élevés, des produits de qualités, a obligé l'industrie occidentale à se transformer à nouveau, à évoluer (intégration des fonctions R&D, production et marketing).

Le tableau1 propose un comparatif des trois modèles [6].

Tableau I : Comparatif des principes fondateurs de l'industrie du XXe siècle

L'industrie 4.0 est un concept qui fait référence à une quatrième révolution industrielle et donc, à l'image des 3 dernières (machine à vapeur et mécanisation au 19ème siècle, production de masse et convoyeur au 20ème siècle, automatisation depuis les années 70), à une nouvelle méthode de production. Plus concrètement, l'usine 4.0 est un système interconnecté qui relie machines, méthodes de gestion (telles que les Enterprise Resource Planning, ERP) et les produits.

Il s'agit d'un «nouvel atelier» qui peut prendre les formes suivantes :

· Une usine innovante

· Une usine totalement digitalisée

· Une usine flexible

· Une usine tournée vers ses acteurs externes

· Une usine responsable sur le plan sociétal

· Une usine économe et responsable sur le plan environnemental

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Avec la chute des barrières internationales et l'arrivée des technologies numériques dans l'environnement manufacturier et commercial, les entreprises de toutes tailles doivent faire preuve d'ingéniosité pour demeurer concurrentielles sur le marché. Pour se distinguer, les entreprises doivent miser sur la valeur ajoutée pour le client. Les technologies numériques et l'utilisation des données ont amené aux entreprises une nouvelle manière de générer de la valeur.

En 2011, à la foire annuelle d'Hanovre, l'Institut des Fraunhofer dévoilait une nouvelle politique gouvernementale allemande pour améliorer les pratiques industrielles à la grandeur du pays :

L'Industrie 4.0 est définie par « Blanchet » comme une politique industrielle développée par le gouvernement allemand ayant pour objectif de gagner et maintenir un avantage compétitif mondial au niveau des entreprises manufacturières. De par l'investissement dans les nouvelles technologies (automatisation, systèmes cyber-physiques, etc.), l'Industrie 4.0 se voit une solution d'avenir pour les industries manufacturières [7]. Ces dernières doivent en effet répondre à un changement des consommateurs qui les force à aller vers la production de masse personnalisée. Elles doivent donc changer leurs paradigmes et leurs pratiques d'affaires. Pour ces raisons, l'Industrie 4.0 est de plus en plus utilisée dans les grandes industries allemandes. D'autres pays comme la France et les États-Unis mettent des efforts importants dans la numérisation de leur industrie dans l'objectif de gagner un avantage compétitif mondial.

Une exploration de la littérature a été effectuée afin de faire le point sur l'état des connaissances actuelles concernant l'Industrie 4.0 et les principaux outils numériques et leurs impacts sur les petites et moyennes structures manufacturières. Les moteurs de recherche Xerfi, ScienceDirect, et Google Scholar ont permis de cibler différents documents tels que des livres, articles scientifiques, rapports de recherche, sites internet, conférences et vidéos portant sur l'Industrie 4.0, la numérisation, l'agilité, l'économie, l'automatisation, le management et le leadership pour couvrir le sujet dans sa globalité. Des ouvrages datant des années 1970 jusqu'à 2018 ont permis d'observer la chronologie et l'évolution de l'économie globale et des industries dans le temps. La structure de la recherche présentée à la Figure 2 a permis de guider et d'organiser les idées principales issues de la revue de la littérature. L'Industrie 4.0 n'est pas une mode ou une tendance à proprement parler. Cette révolution industrielle provient d'une chaîne d'événements qui ont amené à chercher de nouvelles solutions pour demeurer compétitif, répondre à l'environnement inconstant, incertain, complexe et ambigüe et pallier au manque de main d'oeuvre vécu dans la plupart des entreprises manufacturières [7].

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Figure 2 : Structure de la recherche

Le potentiel de l'Industrie 4.0

Hermann et al. (2015) ont mené une revue de 51 publications et ont fait ressortir les termes et concepts les plus fréquemment associés à l'Industrie 4.0. Les auteurs confirment que les principes clés reliés à l'Industrie 4.0, ou à la numérisation des industries, sont l'interopérabilité, la virtualisation, la décentralisation, la capabilité en temps réel, l'orientation service et la modularité, possibles grâce à l'implantation de ces différentes technologies [8].

Porter et Heppelmann (2014) démontrent que les nouvelles technologies numériques, intelligentes et connectées, sont la clé pour avancer vers un environnement 4.0. Les auteurs définissent l'intelligence des produits par leur capacité à collecter et analyser des données. La connectivité est, quant à elle, la capacité à transférer les données d'un objet à un autre pour faciliter le transfert d'information, la prise de décision, et l'analyse plus avancée des données collectées. Les auteurs présentent la forte relation entre les besoins de gestion d'une entreprise et le niveau de numérisation requis. Les différents niveaux de numérisation sont, selon les auteurs : La

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surveillance (monitoring) ; le contrôle ; l'optimisation ; et l'automatisation. En fonction de ce qui est recherché par une solution numérique, il est possible que seul un niveau de surveillance ne soit requis [9]. Dans une autre application, une solution numérique pourra complètement automatiser une tâche.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard