Conclusion du chapitre
Au terme de notre analyse, nous avons vu un tableau
mitigé des conséquences pragmatiques de l'arsenal juridique de
lutte contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest. Le point marquant est cette
volonté sans cesse de ces États d'améliorer leurs
pratiques même s'ils se laissent aller en commettant certaines violations
de principes inexcusables au motif de la lutte contre le terrorisme.
Par ailleurs, nous avons eu à souligner le fait que le
combat contre les terroristes doit impliquer la prise en compte de plusieurs
facteurs. Certes la raison des armes y trouve son compte mais il s'agit d'abord
d'un combat politique et social. Oui, lutter contre le terrorisme est une
tâche de longue haleine, et ses résultats ne sont pas
extraordinaires. A l'heure des réseaux sociaux, où le temps s'est
extrêmement raccourci, au point d'avoir une influence instantanée
et souvent pernicieuse sur les responsables politiques, la lutte contre le
terrorisme doit demeurer ingrate, et se départir des affres liées
à l'urgence de résultats. De fait, si certains attentats sont
extraordinaires, les politiques permettant d'en empêcher d'autres ne le
sont pas, ce qui ne signifie pas pour autant qu'elles soient inefficaces.
Combattre le terrorisme sur le long terme, c'est aussi sortir de la dictature
de l'image et du spectacle sans quoi cette « guerre » longue et
ingrate sera difficile à remporter. D'ailleurs, les attaques terroristes
d'individus isolés se sont amplifiées dans les pays
ouest-africains au cours de ces dernières années. Il s'agit d'un
phénomène très préoccupant, en ce sens que les
résultats pour le moins significatifs de ces attaques incitent de
nouveaux adeptes à se lancer dans ce type de projets. Plus que les
armes, la détermination est la caractéristique primordiale de ces
terroristes, et la difficulté est d'autant plus grande pour y faire
face. Dès lors, c'est sur les individus que doivent se porter les
efforts, moins sur les armes qu'ils possèdent183.
182Paul Vaillant-Couturier (1892-1937)
183 NKALWO NGOULA, J.L. (avril 2016) L'Union Africaine à
l'épreuve du terrorisme ...op.cit.
125
Conclusion générale
Au terme de notre analyse, il appert que le terrorisme, en
particulier celui fondé sur le fondamentalisme islamiste n'est pas un
phénomène nouveau. D'ailleurs, la première convention
internationale réprimant le terrorisme a été
adoptée en 1963.
Cependant, les questions relatives au terrorisme
représentent toujours les préoccupations principales des Nations
Unies, en ce qui concerne, le volet sécuritaire au cours des
dernières années même si les premiers. La connexion entre
la criminalité organisée et le terrorisme ont d'ailleurs
amplifié ces inquiétudes. L'Afrique sub-saharienne est
malheureusement confrontée à la recrudescence de ces
phénomènes. Les attaques menées par Boko Haram au Nord-Est
du Nigeria, les actions de choc menées par Al-Qaida au Maghreb
Islamique, Ansar Dine, ou encore le groupe terroriste Al-Mourabitoun de
l'algérien Mohktar Belmokhtar au Mali, au Niger ou encore en Côte
d'ivoire sont entre autres des exemples palpables de cette tendance macabre.
C'est justement afin de mener la lutte contre ces exactions,
qu'il est apparu nécessaire pour l'Assemblé
Générale des Nations Unies et le Conseil de
sécurité d'impliquer l'ensemble des États dans cette
quête en adoptant des résolutions et instruments juridiques qui
réactualisent les obligations des membres de l'organisation dans le
cadre de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme. Comme
implications de ces dispositifs, il était exigé des États
membres la mise en place d'un cadre juridique spécifique à la
lutte antiterroriste. A travers notre mémoire, nous avons pu voir que
les pays ouest-africains dans leur diversité ont entrepris
d'énormes réformes dans ce sens pour aboutir à des normes
nationales. Celles-ci sont évidemment pour la plupart fortement
influencées par les instruments juridiques internationaux onusiens mais
aussi par les textes régionaux et sous-régionaux adoptés
respectivement au sein de l'Organisation de l'Unité Africaine
aujourd'hui Union Africaine et des organisations sous-régionales telles
que l'UEMOA, la CEDEAO, la BCEAO.
Par ailleurs, qu'il s'agisse des normes internationales,
régionales ou sous-régionales visant la prévention et la
répression du terrorisme ainsi que des infractions connexes, celles-ci
comportent des lacunes que nous avions eu le soin de mentionner dans notre
travail. Au compte des plus importants figurent la définition toujours
ambiguë du terrorisme, les problématiques du respect des droits de
l'Homme, l'inexistence expresse de sanctions à l'égard des
États qui manqueraient à leur engagement.
Au-delà de ces aspects à parfaire, nous avons pu
relever les aspects positifs de ces textes qui constituent aussi des
références pour réguler les relations humaines dans les
différents États, pour dissuader tout éventuel
entrepreneur d'actes terroristes. Les pays d'Afrique de l'Ouest malgré
le problème de ressources s'investissent à fond dans cette
stratégie même s'il a fallu qu'ils soient
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l'objet d'attaques ou qu'ils planent sur leur territoire des
menaces d'actions terroristes avant qu'ils ne prennent la menace plus au
sérieux.
Malheureusement, force est de constater que le fait de
combattre le terrorisme est utilisé par la plupart des instances
dirigeantes des pays de l'Afrique de l'Ouest comme une justification pour
violer des droits fondamentaux de l'Homme. Ce genre de situations ne doivent
plus exister de nos jours. C'est donc un appel aux autorités pour
revenir à la légalité pour tous.
Si de manière concrète, les conséquences
de la codification des mécanismes de prévention et de
répression du terrorisme sont salvatrices à certains niveaux,
cela ne doit pas nous empêcher de reconnaître que le droit à
lui seul n'est ni à lui seul efficace ni suffisant pas pour
éradiquer ce « cancer » islamiste.
En effet, au degré de terreur, d'agressivité et
d'horreur qui est l'emblème des terroristes, un État responsable
doit pouvoir employer aussi bien de manière unilatérale qu'au
sein d'une force multinationale, la violence légitime dont il est
titulaire. Les pays ouest-africains ont justement augmenté leur budget
de la défense et entamé de profondes réformes afin de
répondre à ce devoir. Par contre, le recours aux armes contre ces
barbares doit rester la solution finale à laquelle les ces États
feront appel. Pacifiquement, il est possible de résorber le
problème du terrorisme actuel dû au fondamentalisme islamiste. Les
États ouest-africains tout comme ceux des autres régions du monde
doivent prioriser les solutions socio-politiques car le terrorisme s'appuie sur
la misère des gens, profite des défaillances psychologiques de
personnes fragilisées par notre mode de vie.
Ainsi, il est plus judicieux pour les États d'Afrique
de l'Ouest d'opter pour un processus pacifique fondé sur le respect
scrupuleux du droit car « il est bien facile de rentrer en guerre,
mais il est tout aussi impossible de définir quand elle prend fin
».
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Table des annexes
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