CHAPITRE III : PRESENTATION, ANALYSE ET
INTERPRETATION
DES RESULTATS 51
III.1 PRESENTATION DES RESULTATS 51
III.2 ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS 70
III.3 SUGGESTIONS 75
CONCLUSION 77
BIBLIOGRAPHIE 80
ANNEXES I
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
1
INTRODUCTION
L'éducation est le socle du développement en ce
sens qu'elle est un moyen efficace de valorisation du capital humain. C'est
pourquoi, elle constitue une préoccupation majeure pour la
communauté internationale ; en témoignent les multiples
rencontres et conférences tenues à cet effet. C'est le cas entre
autres de la conférence mondiale sur l'Education Pour Tous (EPT) tenue
à Jomtien (en Thaïlande) en 1990, du forum mondial sur
l'éducation tenu à Dakar (au Sénégal) en 2000 et
bien d'autres instances qui ont servi de cadre de réflexion et
d'échange sur la question. Toutes ces instances ont toujours
interpellé et réaffirmé l'impérieuse
nécessité pour tous les Etats de garantir ce droit fondamental
à tous les enfants.
Dans cette dynamique, le Burkina Faso a fait de
l'éducation une priorité comme le confirme la loi d'orientation
de l'éducation qui dispose en son article 3 que «
l'éducation est une priorité nationale et que tout citoyen a
droit à l'éducation sans discrimination fondée sur le
sexe, l'origine sociale, la race ou la religion »1.
L'éducation préscolaire est le premier maillon
du système éducatif burkinabè. La petite enfance est une
période d'une importance capitale pendant laquelle une protection et une
stimulation des facultés cognitives, psychomotrices et socio-affectives
sont nécessaires pour un développement harmonieux de l'enfant.
Conscientes de cela, les autorités ont donc entrepris depuis un certain
nombre d'années des actions pour améliorer l'encadrement des
enfants dans les structures d'éducation préscolaire. C'est entre
autres la formation des professionnels de la petite enfance et l'adoption d'un
Programme National d'Education Préscolaire (PNEP). Les missions des
structures d'éducation préscolaire ont connu une évolution
sensible avec le changement de dénomination des « garderies
populaires » ou « écoles maternelles ou encore
jardins
1 Loi n° 013-2007/ AN du 3O juillet 2007 portant
loi d'orientation de l'éducation
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
2
d'enfants >, en « Centres d'Eveil et
d'Education Préscolaire >, (CEEP). Ces structures ont
désormais pour missions « d'assurer l'éveil,
l'éducation, la socialisation et la protection des enfants
»2. Du reste, l'article 4 du décret portant
organisation de la petite enfance précise que : «
l'éducation préscolaire est l'ensemble des activités
éducatives destinées aux jeunes enfants de trois (03) à
six (06) ans en vue de développer leurs potentialités affectives,
artistiques, intellectuelles et physiques et les préparer à
l'enseignement primaire. »3. Ces activités ont
été justement déclinées dans le PNEP. Au nombre de
ces activités, figure la classe promenade.
Mais, nous constatons que le personnel d'encadrement pratique
rarement cette activité dans les CEEP. Il ne lui accorde pas autant
d'importance que les autres activités pédagogiques. Il
privilégie les apprentissages à l'intérieur de la classe
et les enfants ont rarement l'occasion de sortir pour vivre la
réalité des choses. Or, tout ne peut pas s'apprendre dans
l'enceinte de la classe. En plus, les supports et le matériel
pédagogique utilisés en classe aussi précieux soient-ils
ne peuvent pas susciter la même motivation ou les mêmes
découvertes que la classe promenade. A ce sujet, F. Macaire
(1979) est formel quand il dit: « N'enseigner rien à
l'intérieur de ce qui peut s'apprendre à l'extérieur.
N'enseigner rien avec la nature morte lorsque vous pourrez faire des
observations sur la matière vivante ».4 La classe
promenade offre donc une opportunité de mettre l'enfant en contact
direct avec les choses dans leur nature ; ce qui constitue une source de
motivation pour lui. Elle offre une source de questionnement et de comparaison,
de stimulation de la curiosité et de motivation des enfants en ce sens
qu'elle met l'enfant en contact direct avec les objets dans leur milieu. Elle
rompt également avec la monotonie. Les CEEP devraient donc être
ouverts sur le monde extérieur car l'environnement constitue un vaste
réservoir d'expériences et
2 Art 26 du décret
N°2007-789/PRES/PM/MASSN/MEF/MATD DU 28 Novembre 2007 portant organisation
de l'éducation de la petite enfance.
3 Art 4 du décret N°
2007-789/PRES/PM/MASSN/MEF/MATD DU 28 Novembre 2007 portant organisation de
l'éducation de la petite enfance
4 F. Macaire, Notre beau métier, éd. St.
Paul, 1979, p.324
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
3
un lieu d'apprentissage précieux que n'offre pas
toujours l'intérieur de la classe. Ce n'est donc pas une simple
promenade mais plutôt une activité très sérieuse et
aussi enrichissante comme les autres.
Malheureusement, elle est rarement pratiquée dans les
CEEP de façon générale et les CEEP de la commune de
Koudougou ne font pas l'exception. Cette situation s'explique sans doute par
plusieurs raisons. Et, c'est justement dans le souci d'appréhender les
raisons du peu d'intérêt accordé à sa pratique que
nous avons jugé opportun de nous pencher sur la question à
travers le sujet suivant : « Analyse des facteurs explicatifs
de la faible pratique de la classe promenade dans les CEEP de la commune de
Koudougou».
Nos motivations profondes en menant une telle étude
résident à trois niveaux :
D'abord, cette étude répond à une
exigence académique faite aux étudiants en fin de cycle de
l'Ecole des Cadres Supérieurs en Travail Social (ECSTS). En effet,
l'obtention du diplôme de cycle A est conditionnée entre autres
par la soutenance d'un mémoire de fin de cycle. Au-delà
même de l'obtention du diplôme, cet exercice vise aussi à
nous initier, en tant que futurs cadres, à la rigueur de la recherche
scientifique.
Ensuite, sur le plan pédagogique, ce travail permettra
d'améliorer l'encadrement des enfants dans les CEEP car la classe
promenade présente un intérêt certain pour l'enfant
d'âge préscolaire. Elle répond à un besoin
pédagogique et favorise l'application des méthodes actives.
L'enfant d'âge préscolaire apprend mieux en étant en
contact direct avec les objets concrets. Il a besoin de voir, d'observer, de
toucher, de manipuler bref, de faire ses propres expériences. Beaucoup
de pédagogues insistent également sur l'observation directe sur
le terrain.
A ce sujet, Planchard cité par
Bénilde COMPAORE (2010) reconnait que « Les
plus beaux exposés faits entre les quatre murs d'une classe, même
avec le recours de belles reproductions photographiques, n'auront pas la
même vie et le même pouvoir d'évocation que l'exploration
du
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
4
milieu par les élèves »5.
En plus, les CEEP ne disposent pas toujours de matériels
adaptés, diversifiés et en grande quantité pour mener les
activités. Nous pensons que la classe promenade pourrait non seulement
combler cette insuffisance mais aussi renforcer certaines notions
abordées en classe. Sortir donc avec les enfants leur permet
d'appréhender leur milieu local. C'est également quitter le cadre
habituel du CEEP pour découvrir, observer et vivre d'autres
réalités. Elle est un moyen de découverte et de
maîtrise de l'environnement et permet également un
décloisonnement des apprentissages. La classe promenade permet aussi une
intégration de l'enfant dans la société. C'est donc au
regard des avantages de cette activité, que nous entendons par cette
étude, rappeler la valeur pédagogique de la classe promenade aux
éducateurs et les inciter à la pratiquer
régulièrement. Cette étude sera également utile
à la communauté éducative en ce sens qu'elle pourra
être une source d'informations actuelles et pourra apporter des
innovations en matière d'encadrement des enfants dans les CEEP.
Enfin, au titre des raisons personnelles, nous avons toujours
en mémoire les classes promenades organisées par nos
maîtres à l'école primaire. Ces souvenirs sont encore
vivaces et gravés dans nos esprits et nous voyons encore la motivation
et l'intérêt que suscitaient ces sorties. Nous avons
organisé des classes promenades dans les CEEP où nous avons
précédemment servi et nous avons constaté l'enthousiasme
des enfants au cours de l'activité ; même ceux qui paraissaient
timides en classe participaient activement. Mais nous avons constaté
l'abandon de plus en plus de la pratique de cette activité. Cela est
regrettable. Cette situation nous a interpellé voilà pourquoi,
nous entreprenons cette étude pour comprendre les raisons qui justifient
la faible pratique de cette activité dans les CEEP afin de proposer des
solutions à même de dynamiser sa pratique.
Pour mener à bien notre travail, nous avons
structuré la présente étude en trois chapitres qui sont
:
5 B. Compaoré, Musées et protection du patrimoine :
rôle des musées burkinabè dans la lutte contre le pillage
et le trafic illicite des biens culturels, ENAM, 2010, 55 p.
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
5
y' le premier chapitre qui est consacré au cadre
théorique de l'étude composé de la problématique,
des objectifs de l'étude, de la revue de la littérature, des
hypothèses de recherche et de la clarification conceptuelle ;
y' le deuxième chapitre qui traite du cadre
méthodologique prenant en compte l'univers de la recherche, la
stratégie de recherche, les limites et difficultés de
l'étude ;
y' le troisième chapitre concerne la
présentation, l'analyse et l'interprétation des résultats,
et enfin les suggestions.
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
6
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
Le cadre théorique est l'ensemble constitué de
la problématique, des objectifs de la recherche, de la revue de la
littérature, des hypothèses de recherche et de la clarification
conceptuelle.
I.1 PROBLEMATIQUE
La question de l'encadrement des enfants dans les structures
d'éducation préscolaire est de nos jours au centre des
préoccupations de nombreux pays. La délicatesse de cette tranche
d'âge exige une attention particulière de la part du personnel
d'encadrement. Selon certains pédagogues, l'enfant d'âge
préscolaire apprend mieux en contact direct avec l'objet réel.
Par ailleurs, l'enfant doit être au centre du processus
d'enseignement/apprentissage. C'est du reste ce que prônent les
méthodes actives. D'où l'impérieuse
nécessité d'organiser l'action éducative en fonction des
besoins et des intérêts des enfants dans des cadres plus motivants
et plus stimulants.
Aussi, convient-il de souligner que le milieu de l'enfant
constitue une première richesse à exploiter et il appartient
à l'éducateur de répertorier les lieux présentant
un intérêt pédagogique pour les enfants afin de les
exploiter à bon escient. Tout ne s'enseigne pas en classe ; de ce fait,
des sites comme le jardin, les lieux d'exposition, le musée, le verger,
le garage, les ateliers de couture sont des cadres propices parmi tant d'autres
qui peuvent être exploités au profit des enfants.
Dans cette perspective, la classe promenade constitue un moyen
efficace d'exploitation du milieu en vue de renforcer ou d'approfondir
certaines notions en ce sens qu'elle met l'enfant face à la
réalité des choses dans un milieu inhabituel et différent
de la classe. Elle a donc un intérêt pédagogique et offre
la possibilité à l'enfant de travailler à partir
d'observations réelles.
Dans certains pays occidentaux comme la France, des sorties
scolaires sont organisées sur le temps scolaire et sous la
responsabilité des enseignants. Ces sorties sont prévues dans les
programmes officiels
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
7
d'enseignement et sont obligatoires pour l'ensemble des
élèves car elles sont inscrites dans les instructions
officielles. Le Ministère de l'éducation nationale de la
république française dans la circulaire N° 99-136 du
21-91999 portant organisation des sorties scolaires dans les écoles
maternelles et élémentaires publiques françaises
précise que « la sortie scolaire ne constitue pas seulement un
surplus de nature divertissante à la scolarité
»6. C'est également dans cette vision que
E. BLANGUERNON (1876- 1918), inspecteur d'Académie de
la Haute-Marne, a instauré dès 1909 la classe promenade. Pour
lui, « les classes-promenades, au contraire [...] sont des classes
régulières, fixées à un jour de travail scolaire,
avec une préparation prévue comme celle des autres classes,
soumises comme les autres à l'inspection »7. Ce
n'est donc pas une simple promenade pour se divertir. Dans la même
dynamique, C. FREINET (1994) trouve que « La classe
promenade, c'est la leçon de la nature et de la vie, non plus la
leçon des livres. C'est la vraie leçon, non
préparée pour faire leçon et d'autant mieux saisie. Car
l'enfant finit par se méfier à la fin de la leçon faite
pour être leçon»8. Ces propos illustrent bien
que c'est une activité capitale en ce sens qu'elle concrétise,
complète et approfondit les notions apprises en classe, exerce et
développe les facultés d'observation et de réflexion par
les observations directes et par le contact immédiat avec la
réalité. Si elle est préparée et
exécutée avec soin, elle est aussi bénéfique
à l'enfant que n'importe quelles autres activités.
Ainsi donc, les CEEP ne sauraient s'enfermer sur
eux-mêmes ou prétendre être l'unique lieu d'apprentissage.
Ils doivent par conséquent, s'ouvrir et exploiter d'autres cadres au
profit des enfants. Alors, une éducation préscolaire qui se veut
pertinente et efficace, veillera à l'intégration de l'enfant dans
son milieu. Par conséquent, l'enfant d'âge préscolaire
devra apprendre dans la réalité quotidienne sur le terrain
afin
6 Circulaire N° 99-136 du 21-9-1999 portant organisation des
sorties scolaires dans les écoles maternelles et
élémentaires publiques françaises
7 E. Blanguernon, Pour l'école vivante.
Paris : Hachette, 1918, p. 231
8 C. Freinet, oeuvres pédagogiques.T.1, Ed.
Seuil, 1994, p. 20
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
8
de mieux connaître son environnement. Les acteurs de
l'éducation préscolaire sont donc interpellés afin
d'offrir des services de qualité aux enfants dans les CEEP.
C'est ainsi que le Burkina Faso a entrepris des actions pour
améliorer l'encadrement des enfants dans les structures
préscolaires par l'adoption entre autres du décret portant
organisation de la petite enfance qui définit en son article 4
l'éducation préscolaire comme « l'ensemble des
activités éducatives destinées aux jeunes enfants de trois
(03) à six (06) ans en vue de développer leurs
potentialités affectives, artistiques, intellectuelles et physiques et
de les préparer à l'enseignement primaire »9.
Elle est assurée dans les structures d'éducation
préscolaire formelles et non formelles que sont respectivement les CEEP
et les Bisongo. Le pays enregistrait un taux de
préscolarisation de 3,8%10 en 2013 avec 923 structures
préscolaires dont 614 CEEP et 309 bisongo. Aussi, pour assurer une
éducation préscolaire de qualité, un Programme National
d'Education Préscolaire (PNEP) a été adopté depuis
le 29 mars 1995. Ce programme qui est un document de référence
prône l'utilisation des méthodes actives et la classe promenade
fait la part belle aux méthodes actives. En plus, le PNEP invite
l'éducateur à « amener l'enfant à explorer son
milieu, développer son sens de l'observation, à découvrir
et à aimer les valeurs de son patrimoine socio-culturel
»11. Mieux, la classe promenade est inscrite dans ledit
programme.
Nonobstant toutes ces indications et la valeur
pédagogique de la classe promenade tant clamée par de nombreux
pédagogues, elle est insuffisamment exploitée dans les CEEP.
D'abord, les éducateurs privilégient
l'intérieur des classes comme lieu d'apprentissage des enfants alors que
la majorité des structures préscolaires ne disposent pas
suffisamment d'équipements et de matériels adéquats pour
l`encadrement des enfants. D'ailleurs,
9 Art. 4 du décret N° 2007-789/PRES/PM/MASSN/MEF/MATD
portant organisation de l'éducation de la petite enfance
10 Annuaire statistique 2011-2012 du
préscolaire
11 Programme National d'Education Préscolaire
P.56-63
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
9
SAWADOGO S. A (2008) fait remarquer que
« les illustrations du manuel constituent les seules
références pour l'observation. La pratique pédagogique se
réduit au strict minimum car les objets destinés à la
concrétisation se font de plus en plus rares. Les visites sur les sites
géographiques sont quasi inexistantes. »12
Ensuite, l'on remarque que les CEEP sont de plus en plus
didactiques car le personnel d'encadrement est plutôt soucieux de
satisfaire les désirs des parents d'enfants que de répondre aux
besoins et aux intérêts des enfants. Aussi, la pédagogie
frontale pourtant décriée semble persister dans les pratiques
quotidiennes des éducateurs surtout dans le privé.
Enfin, toutes les activités du préscolaire ne
sont pas réalisées par les éducateurs dans les CEEP. En
effet, certaines activités sont délaissées au profit
d'autres. C'est le cas de la classe promenade. Cette activité en
particulier, est très peu ou pas du tout pratiquée dans les CEEP.
Elle est reléguée au second plan contrairement aux autres
activités langagières comme le langage observation, le langage
causerie, le langage conte et le langage recette. Cela est d'autant plus
manifeste que l'activité ne figure pas souvent dans les programmes
d'activités des différentes sections. Il suffit également
de consulter les cahiers de préparation des éducateurs pour s'en
convaincre. Les propos de ce directeur de CEEP confirment bien que la classe
promenade n'est pas une priorité dans les CEEP de la commune de
Koudougou : « Nous menons la classe promenade quand nous recevons les
stagiaires de l'Ecole des Cadres Moyens en Travail Social (ECMTS) parce que
l'activité figure souvent dans leurs objectifs de stage.
».13Ces propos attestent que c'est une activité qui
est généralement improvisée dans le seul but de permettre
aux stagiaires d'atteindre leurs objectifs de stage. En dehors de cela, les
éducateurs ne voient pas la nécessité de la mener.
12 Sawadogo. S. A Op. cit. p.1
13 Entretien du 18 février 2014
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
10
En effet, seules des excursions sur quelques sites comme Faso
Parc, le parc animalier de Ziniaré ou l'aéroport international de
Ouagadougou, constituent les seules véritables occasions de sorties pour
les enfants. En plus, ce sont des sorties à des fins
récréatives puisque le plus souvent, elles n'ont pas de rapport
avec les projets pédagogiques et ne sont pas exploitées en
classe. Pour le reste du temps, les enfants sont confinés dans les
classes. Pourtant, ROUSSEAU, J. J. (1996) conseille de
« promener l'enfant, le transporter d'un lieu à l'autre, de lui
faire sentir le changement de lieu ».14
Dans la commune de Koudougou, il existe de nombreux sites
comme les jardins, les vergers, les garages, les ateliers de menuiserie, de
couture, le musée qui peuvent faire l'objet d'une classe promenade. Mais
ces sites ne sont hélas pas suffisamment exploités par les
éducateurs alors que les sensations qu'ils suscitent ne peuvent pas
être reproduites en classe. Cet état de fait est
préjudiciable aux enfants. En effet, cloisonner les enfants entre les
murs des classes finit par diminuer la stimulation et la motivation des
enfants, ce qui pourrait finalement constituer des motifs de lassitude et de
désintérêt de la part des enfants. Cela a été
attesté par plusieurs pédagogues comme C. FREINET (1994)
qui avoue que : « La classe-promenade fut pour moi la planche
de salut. Au lieu de somnoler devant un tableau de lecture, à la
rentrée de la classe, l'après- midi, nous partions dans les
champs qui bordaient le village. Nous nous arrêtions en traversant les
rues pour admirer le forgeron, le menuisier ou le tisserand dont les gestes
méthodiques et sûrs nous donnaient envie de les imiter (...)
».15 Ce sont là autant de raisons qui devraient
susciter de l'engouement de la part des éducateurs autour de la pratique
de cette activité. Mais ce n'est pas le cas. Cela n'est-il pas
lié à la formation du personnel d'encadrement et à leur
perception de l'activité ou encore aux difficultés de gestion des
enfants au cours de l'activité ?
14 Rousseau. J. J Emile ou de l'Education, Paris Garnier
Flammarion, 1996, p.82
15 C. FREINET, Op. Cit p. 20.
Mémoire de fin de cycle / ECSTS, 2014
11
Etant donné l'intérêt pédagogique
que représente cette activité pour l'enfant, il est judicieux
d'entreprendre une telle étude pour interpeller et susciter une prise de
conscience sur la question. C'est donc en identifiant les facteurs entravant sa
pratique que les différents acteurs en charge du développement de
l'éducation préscolaire pourront concevoir et mettre en oeuvre
des politiques efficaces pour garantir à chaque enfant un
développement intégré. C'est dans cette optique que
s'inscrit notre sujet de recherche qui se propose d'analyser les facteurs
entravant la pratique de la classe promenade dans les CEEP de la commune de
Koudougou afin de proposer des actions et des mécanismes à
même de valoriser et de dynamiser la pratique de cette activité. A
cet effet, nous nous posons un certain nombre de questions dont la principale
est la suivante : Quels sont les facteurs qui entravent la pratique de la
classe promenade dans les CEEP de la commune de Koudougou ? De cette question
principale, découlent les questions secondaires suivantes :
V' la faible prise en compte de la classe promenade au niveau
institutionnel n'explique-t-elle pas sa faible pratique dans les CEEP de
Koudougou ?
V' la perception de la classe promenade par le personnel
d'encadrement ne constitue-t-elle pas un frein à sa pratique dans les
CEEP ?
V' l'insuffisance des mesures de protection physique des
enfants ne limite-t-elle pas la pratique de la classe promenade dans les CEEP
?
Les réponses à ces questions permettront
d'atteindre les objectifs suivants :
I.2 OBJECTIFS DE L'ETUDE I.2.1 Objectif
général
La présente étude se fixe comme objectif
général d'analyser les facteurs qui entravent la pratique de la
classe promenade dans les CEEP de la commune de Koudougou.
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