III.3. LE BOURRAGE INTERNE
Le concept bourrage vient du verbe
« bourrer » qui signifie, selon le dictionnaire Petit
Larousse illustré 2010, remplir complètement en tassant.
Le bourrage interne est le développement urbain par
agglutination. C'est la densification du tissu urbain existant,
déjà aménagé. C'est la politique
« d'occupation systématique des espaces urbains
libres » ou « intra-muros » ou encore le
« bouchage de tous les trous » que pratique
l'administration publique en matière d'urbanisme.
En effet, à l'intérieur du
périmètre urbain, les espaces verts, les espaces
réservés aux équipements publics, les espaces
réservés au petit jardin dans la parcelle sont remplis de
logements et les maisons basses sont remplacées par des immeubles.
Lingwala est l'exemple même du phénomène de bourrage
à Kinshasa.
III.3.1 Causes Du Bourrage
Interne
Tout part de la croissance de la population. René de
Maximy (1984, p 123), dans son ouvrage intitulé « Kinshasa,
ville en suspens : dynamique de la croissance et problème
d'urbanisme » dit : « la composante
démographique est l'une des principales contraintes à toute
perspective d'aménagement urbain à Kinshasa, en ce sens que le
rythme soutenu de croissance de la population pose des problèmes
à échelle qui contraste avec la modicité des moyens
disponibles ».
Dans la commune de Lingwala, le bourrage interne est dû
à plusieurs raisons :
Ø les natifs de Lingwala ou les héritiers de la
famille, nés et grandis dans cette municipalité, habitués
aux conditions de vie de la commune, n'ont pas envie de quitter
« leur milieu habituel » ; alors l'on assiste au
phénomène de la densification du bâti parcellaire,
c'est-à-dire ils construisent des annexes à côté de
la maison initiale ou remplacent cette dernière par un immeuble. Le long
des voies principales, les rez-de-chaussée de ces immeubles sont
utilisés pour des activités commerciales ou artisanales et
l'habitation au-dessus ;
Ø l'emplacement de cette commune par rapport au
centre-ville, centre d'affaires, attire plusieurs familles à y habiter,
du fait que la ville connaît un sérieux problème de
transport en commun. La pression sur le logement augmente du jour au jour dans
la commune et lui fait subir la spéculation foncière et locative.
Ø le morcellement parcellaire, suite notamment au
salaire de misère et autres motifs, voyage, partage de biens entre
héritiers, etc.
Ø le laxisme de l'Etat : le service d'urbanisme
octroie les autorisations de bâtir sans respect des normes. C'est le
même pour le service du cadastre qui lui, à son tour, lotit tout
espace vierge laissé par le plan d'aménagement pour autres
fonctions.
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