V-2- Les conditions de vie des enfants travailleurs
On ne saurait parler des conditions de travail des enfants
sans faire référence à leur condition de vie. Il sera
abordé dans cette partie d'autres réalités du travail des
enfants.
V-2-1 Le lieu d'habitation
Le lieu d'habitation varie ici suivant ce que les enfants
font comme travail, mais aussi suivant les liens de parenté existant
entre eux et les employeurs. Toutefois, suivant les cas, leur condition
d'hébergement laisse toujours à désirer. Certains enfants
en apprentissage, à la fin de la journée rentrent chez un parent
proche ou éloigné. Certains sont chez leur propre parent,
d'autres par contre, vivent chez un oncle ou une connaissance du village de
provenance. Ces derniers peuvent être leur patron ou non.
Pour les Vidomègon, plus de 95% d'entre elles vivent
chez leur employeur ou tuteur. A cet effet, il faut souligner également
le fait que les enfants qui vivent et dorment chez leur employeur
déplorent les conditions dans lesquelles ils vivent. Ils peuvent dormir
sur des nattes ou pire à même le sol avec juste un pagne pour se
couvrir.
D'autre part, en ce qui concerne la catégorie des
apprentis qui sont pour la plupart des menuisiers, des meuniers, des
mécaniciens, des soudeurs, des aides-maçons, il y en a qui vivent
sous le même toit que leur patron même s'ils ne vivent pas dans les
mêmes conditions que les enfants
73
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
de ce dernier. Certains encore dans ce groupe ne rentrent que
durant le week-end, après avoir passé les autres jours à
dormir sur le lieu du travail.
La deuxième catégorie d'apprentis est
constituée de ceux- là qui tout le temps dorment dans les
ateliers ou sur les chantiers de travail. Les endroits où ceux-ci
dorment laissent à désirer. En effet, pour ce qui a
été vu, «les dortoirs « sont caractérisés
par l'insalubrité des lieux et l'insécurité. Les enfants
trouvent une couchette au milieu des instruments de travail, le plus souvent
presque les uns sur les autres. Aussi, les ateliers sont-ils des constructions
de fortune qui ne protègent pas contre le vent et à travers
lesquelles l'eau pénètre aisément en saison pluvieuse.
A toutes ces conditions de vie déplorable,
l'alimentation pose aussi un problème qu'il n'est pas admis de passer
sous silence.
V-2-2- les conditions d'alimentation
Se nourrir est un droit fondamental pour tout être
humain. Ce droit fait partie intégrante des cinq besoins fondamentaux de
l'homme. Pour beaucoup d'enfants le travail est la résultante de la
pauvreté économique des parents. Car il existe en effet, des
couches défavorisées de la population qui ploient sous la
misère. Selon de Castro (1961) « un des facteurs les plus
permanents et les plus actifs des terribles tensions sociales présentes
réside dans le déséquilibre économique du monde et
dans les inégalités sociales qui en résultent ». A un
niveau micro, la satisfaction des besoins alimentaires pose pour bon nombre de
parents un problème récurent. Ainsi, certains parents
interrogés ont déclaré leur incapacité à
pouvoir assurer convenablement à eux même et aux enfants les repas
quotidiens. Face aux difficiles conditions d'existence, faire travailler les
enfants apparaît quelques fois pour eux comme une alternative pour se
faire un peu d'argent. C'est encore une occasion pour que, celui qui prend
l'enfant s'occupe de lui. Même si l'enfant est pris en charge, cela ne se
fait pas sans
74
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
une certaine contrainte car on note toujours une
différence entre l'enfant du tuteur et l'enfant placé ou
Vidomègon.
Toutefois, les résultats des enquêtes ont
montré que la grande partie des Vidomègon sont nourris
quotidiennement. Ceci ne tient guère compte du fait qu'ils aient un lien
ou non avec la famille qui les accueille. Le nombre de repas pris par jour
varie entre 2 et 4. Ainsi, suivant leurs activités, d'autres ne prennent
ni petit déjeuner, ni déjeuner à la maison. Ils
reçoivent par conséquent entre 50 et 100 FCFA afin de pouvoir se
nourrir pour le temps qu'ils passent à l'extérieur.
En ce qui concerne les enfants qui exercent en tant
qu'apprentis dans la maçonnerie, la mécanique, la menuiserie,
etc., la qualité des repas pris par ceux-ci laisse beaucoup à
désirer. Même s'ils arrivent tant bien que mal à manger
deux à trois fois par jour, la farine de manioc (communément
appelé Gari) constitue souvent ce qu'ils mangent
régulièrement. Lorsqu'on sait que l'apport en kilocalories de cet
aliment est très faible, les enfants ne peuvent compenser le manque
après tout l'effort fourni au cours de la journée.
Très souvent aussi, les enfants reçoivent de
l'argent de la part de leur patron pour se nourrir et si c'est le cas, le petit
déjeuner vient tardivement et tient lieu du repas de midi.
Il faut souligner en fin de compte que même si les
enfants bénéficient d'une prise en charge alimentaire, elle est
insuffisante compte tenu de l'effort fourni dans la journée et aussi de
leurs besoins nutritifs pour une bonne croissance.
Ceci permet de déboucher sur les différents
risques encourus par les enfants au cours de leurs différentes
activités.
75
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
|