6. 4. Maladie grave
Même si le législateur ne prévoit pas le
cas de maladie grave comme cause de divorce, au cours de notre enquête
nous avons remarqué que dans certaines familles la maladie grave est un
facteur à la base de divorce. Le cas typique est le cas BAJU: «
Jewe namuhoye ko yari arwaye indwara ituma tutarangura amabanga y'abubatse
». Ce qui se traduit: « Je l'ai abandonnée car elle
était atteinte d'une maladie grave qui ne permettait pas que nous
fassions les rapports sexuels ».
Nous constatons ici que la femme de BAJU a manifesté un
comportement qui objectivement constitue un blocage au lien conjugal, ce qui a
détruit le mariage de manière définitive. Quand on parle
de maladie grave on ne peut pas oublier la notion de trouble d'esprit . Selon
le code de personne et de la famille (1993) la loi dit que la notion de trouble
d'esprit ne correspond pas exactement à la notion d'aliénation
mentale au sens de la médecine. Il suffit que l'époux ne soit
plus maître de sa volonté et de ses appétits sexuels et
qu'il ne possède plus d'une manière très diminuée
la capacité de reconnaître l'illicéité de son
comportement.
Concernant l'aliénation mentale, nous avons
constaté qu'au cours de notre enquête que la maladie mentale est
source de divorce Si la maladie mentale a rompu définitivement et
irréparablement la communauté des époux, le
législateur donne à l'autre époux le droit de demander le
divorce. Le cas SECI illustre cela: « Umugabo wanje yari afise indwara
yo mu mutwe, imufashe yaca atangura kumenagura ibintu vyo munzu ni co gituma
nasavye ko twotwahukana ».
Ce qui signifie: « Mon mari avait aussi une
maladie mentale lorsque il était en crise, il commençait à
casser tous les objets ménagers, c'est pourquoi j'ai demandé le
divorce ».
La réaction de SECI suite à la maladie mentale
de son époux et une réaction de fuite de responsabilités
conjugales. En fait la maladie mentale d'un des conjoints ne devrait pas
être une cause de divorce, plutôt le conjoint
« normal » devrait soutenir et faire soigner le conjoint
malade. Ceci témoigne d'un signe d'amour.
6.5. Insuffisance de dialogue
dans le couple et difficultés à communiquer
Le manque de dialogue dans le couple
implique une mauvaise cohabitation.
Selon BINDARIYE (2006), « La principale source
du divorce à l'intérieur du couple est sans aucun doute le manque
de communication ». Savoir exprimer ses problèmes
lorsqu'il y en a et sans contradiction, est la meilleure solution à ce
problème.
Or, il n'est pas donné à tous de savoir
facilement parler, de formuler ses désirs/ soucis, surmonter sa peur de
prendre la parole et de s'exprimer, la peur de ne pas être compris voire
d'être mal interprété sont des facteurs bloquant la
communication dans le couple ce qui peut créer des mésententes
entre conjoints. Voici ce que dit BISO à ce propos: « Umugabo
wanje imyaka twari tumaranye nta munsi n'umwe twari bwicare mu muryango ngo
tuyage ivy'urugo canke ngo dutwenge sinzi ko zari isoni canke yabigira abibona
». Ce qui se traduit: « Toutes les années que nous
avons vécues ensemble, nous ne nous sommes jamais assis au salon avec
mon mari pour parler des questions familiales ou pour rire un peu, je ne sais
pas si ça lui faisait honte ou si il le faisait
exprès.»
Selon YALA MPANGU (1980, p. 60), « le premier
point sur lequel les conjoints doivent focaliser est d'améliorer la
communication entre eux. Une fois installés en couple, les conjoints
pourront avoir tendance à s'installer dans un quotidien pouvant
être rébarbatif. L'habitude de se rendre au travail chaque matin
ne permettant pas de s'échapper(...) et d'aérer l'esprit pour
créer des tensions pouvant entraîner d'autres problèmes
bien plus importants comme le manque de temps pour s'asseoir
ensemble ».
L'analyse de YALA MPANGU est pertinente car, les obligations
professionnelles de l'un des époux ne doivent pas être un
prétexte pour ne pas trouver un temps suffisant pour dialoguer à
propos de la vie familiale. Les propos de SIFI sont un cas typique et dit ceci:
«Umugabo wanje iminsi twari tumaranye ntiyigera ashaka kumbwira ukuri,
muri make ntiyashaka ko menya amatungo yiwe kuko naramubwira ngo twicare hamwe
tubiganire akanka agaca ambwira ko agiye ku kazi». Ce qui se
traduit: « Pendant le temps que nous avons vécu ensemble, mon
mari n'avait jamais eu la volonté de me dire la vérité.
Bref, il ne voulait pas que nous parlions de ses biens, car je lui demandais
qu'on en parle dans un état calme et lui me le refusait et il me disait
chaque jour qu'il allait au travail ».
S'il y a une bonne communication dans le couple, il y a
absence de conflit de rôle. Il faut apprendre à partager
éducation, loisir et autorité entre couple. Il est certain que
personne n'a reçu un cours à l'éducation des enfants. Mais
on doit inciter chacun des parents à prendre part à chaque
tâche de leur épanouissement.
Plusieurs moyens existent pour mieux communiquer en couple,
pour parvenir à un dialogue régulier, confiant et amical.
BINDARIYE (2006, p31, 32) donne ces moyens. Parmi ceux-ci, nous pouvons
citer :
- « Ecouter votre aimé (e), le /la
laisser s'exprimer sans l'interrompre;
- Avoir des vraies conversations quotidiennes ensemble,
plutôt que des banalités utilitaires, échanger des
idées, partager des centres d'intérêts, vous parlez
simplement en amis, confiants l'un dans l'autre;
- Vous mettre plus souvent à sa place pour mieux
comprendre ses réactions et ses attitudes;
- Lui montrer et lui dire souvent combien vous
l'appréciez et combien votre vie de couple et ces dialogues sont
importants à vos yeux;
- Vous intéresser d'avantages à sa vie,
c'est là une source inépuisable de dialoguer;
- Rassurer votre partenaire en lui exprimant à
chaque occasion vos sentiments d'attachement à sa personne et à
votre relation etc ».
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