6.3. Absences de
fiançailles
Le terme fiançailles peut avoir de nos jours
quelque chose de désuet. On assiste aujourd'hui à un renouveau
des fiançailles vécues comme un temps de préparation au
mariage avec officialisation familiale. BENABENT (1991, p. 4) donne son point
de vue en ce qui concerne la définition du mot fiançailles. Selon
lui, les fiançailles sont définies comme étant
«une promesse réciproque de se prendre plus tard comme
époux». Donc nous pouvons entendre les fiançailles
comme une promesse mutuelle de mariage.
Le temps qui s'écoule entre la promesse et la
célébration du mariage est une période très
importante car il donne l'occasion de faire rencontrer les deux familles, c'est
un temps pour se découvrir avant de s'engager dans le projet de mariage.
Les jeunes qui se promettent mutuellement mariage en se fiançant
jouissent d'une intimité physique et psychologique à travers les
sorties, les visites et les fêtes passées ensemble. Ces
différents moments de contact constituent bien des occasions propices
à une plus ample connaissance entre fiancés.
Même si le législateur burundais laisse
constater à travers les textes légaux qu'il prévoit le
divorce, il n'est nulle part mentionné l'absence des fiançailles
comme cause de divorce. Il a essayé de limiter les causes en
règlementant le divorce. Signalons dores et déjà que le
tribunal n'accepte pas d'emblée de prononcer le divorce puisqu'il statue
dans l'intérêt du ménage et des enfants, c'est pour cette
raison que quand deux époux se présentent chez le juge pour
demander le divorce, le juge entrevoit d'autres chances pour voir si les
époux ne peuvent pas changer d'avis. Toutefois, la législation
burundaise ne peut pas mettre les fiançailles dans les textes
légaux car ces derniers sont une affaire familiale et du couple futur.
Dans le BOB (1993), portant reforme du code des personnes et
de la famille, il est mentionné que: «Si les conjoints
persistent dans leur demande, la loi a prévu d'accorder le divorce dans
deux cas. Dans le premier cas, il s'agit de la cause de divorce pour cause
déterminée qui est stipulée dans l'Article 158 et 159 du
code des personnes ». L'article 158 stipule que:
« Chacun des époux peut demander le divorce pour cause
d'adultère, pour excès, sévices, injures graves ».
Quant à l'article 159, il mentionne ceci : « La
condamnation de l'un des époux pour un fait entachant l'honneur peut
d'après les circonstances constituer une cause de divorce
».
Certaines gens pensent que l'absence des fiançailles
ne peut pas être l'une des causes de divorce car même la loi
burundaise n'a pas prévu cela dans ses textes légaux mais
malgré tout cela, notre enquête a prouvé le contraire. La
moitié de nos enquêtés, c'est-à-dire 4 sur 8 a dit
que l'origine de la dislocation a été l'absence des
fiançailles. Voici ce qu'en dit BISO: «Ntitwaronse umwanya wo
gukundana kugira ngo tumenyane ». Ce qui signifie :
«Nous n'avons pas eu un temps suffisant pour s'aimer et se connaître
». MAMI poursuit encore en disant: « Iyo habanza kuba
kureshanya, nari gushobora kubona ingeso z'umugore wanje nkamuheba ico gihe
». Ce qui veut dire: « Si les fiançailles avaient eu
lieu, j'aurais pu découvrir les comportements de ma femme afin de me
désengager à temps de ce projet de mariage». Selon
BUSHAYIJA (1966, p38), «les fiançailles sont les
préludes, des pourparlers coutumiers et sociaux mais purement
privés entre deux familles en vue d'un futur mariage de leurs enfants
».
Dans les fiançailles, nous avons pu déterminer
qu'il doit y avoir l'accord des parents. L'accord des parents se manifeste
quand ceux-ci autorisent, permettent même à leurs enfants de
continuer des relations avec leur élu (e), sans rien demander. Avec
l'accord des parents, les cérémonies suivent leur cours normal
jusqu'au jour du mariage avec le concours et la participation de deux familles
respectives.
Au cours de notre recherche, nous avons constaté que
si le mariage a été hâtif c'est qu'il y a eu absence des
fiançailles. Ce qui fait que les parents ne se montrent pas du
même avis que leurs enfants, ils ne sont pas donc en parfaite harmonie
devant le choix de leurs enfants. Voici ce qu'en dit BAJU : «
Ntitwaronse umwanya wokumenyana kuko umuryango waciye unsaba ko norongora
vuba ».
Ce qui veut dire: « Nous n'avons pas eu un temps
suffisant de s'aimer et de se connaître car ma famille m'obligeait de
faire le mariage à la hâte ».
Nous voyons ici que lorsqu'il y a absence des
fiançailles, l'engagement du mariage est soumis à plusieurs
contraintes entre autres les contraintes socioculturelles. Mais dans tout ceci,
rien n'oblige forcement deux personnes à se fiancer. Il faut que
ça soit une décision partagée par les concernés en
dehors des opinons de leur famille ou entourage social, il ne faut pas que l'un
des partenaires se sente obligé de se lier avec l'autre, il faut surtout
que chacun se sente libre pour pouvoir assumer et supporter tout ce qui
découle de cette importante décision.
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