1.2.2 La résistance au changement
La résistance au changement ne doit pas être
considérée comme un problème car elle est normale et
universelle. En effet, « on peut analyser ce phénomène
de résistance au changement comme la réaction naturelle d'un
système social pour se protéger des « intrants »
nouveaux qui menacent de l'ébranler ».64
Voyons maintenant quelles sont les principales raisons de ces
résistances.
1.2.2.1 Du côté psychologique
Tout d'abord, quoi de plus naturel que « la peur
» du changement. En effet, Jak JABES souligne l'importance des acquis,
de ce que l'on connaît et de ce dont on est
61 JABES, Jak. Changement et développement
organisationnel, In : AUBERT, Nicole (sous la direction de). Management,
aspects humains et organisationnel. Paris, PUF, Fondamental, 1996, p.
597.
62 BERNOUX, Philippe. Sociologie du changement
dans les entreprises et les organisations. Paris, Editions du Seuil, 2004,
p. 157.
63 JABES, op. cit. p. 597.
64 Ibid. p. 598.
sûr aux yeux de chacun. Aussi, la peur unanime de «
l'ambigüité " et de « l'incertitude
"65 prend souvent le dessus.
« La remise en cause des conséquences
"66 peut également être mise en avant dans cette
partie. Les préjugés, traditions et présupposés
entraînent un conditionnement et une anticipation négative. Pour
Françoise KOURILSKY, docteur en psychologie, les obstacles au changement
sont liés aux « affirmations de bases et aux
présupposés qui légitiment nos raisonnements et nos
comportements ".67
C'est également « la crainte de perdre ce que
l'on possède "68 qui est à mettre en avant.
L'adage « on sait ce que l'on a, on ne sait pas ce que l'on aura
", recoupe cette idée. Les salariés les plus anciens ont souvent
plus de mal à accepter les changements de peur de perdre ce qu'ils ont
mis du temps à construire ou ce dans quoi ils se sont investis depuis de
nombreuses années.
1.2.2.2 Du côté sociologique
En plus de cette approche individuelle, les sentiments de
crainte et de peur peuvent être renforcés par l'éventuelle
perte de pouvoir, c'est « le risque, pour les anciens de perdre une
partie du pouvoir que leur confèrent leurs compétences acquises
par l'ancienneté » comme l'explique Régine DELPLANQUE,
coordinatrice générale des soins69 au Centre
Hospitalier de Boulogne-sur-Mer. Michel CROZIER et Erhard FRIEDBERG,
sociologues, expliquent d'ailleurs que « le comportement individuel
réside dans le jeu de pouvoir et d'influence auquel l'individu
participe ".70 Aussi, certains changements, touchant à
l'organisation, seront irrémédiablement refusés par les
équipes.
Une des principales théories de Kurt LEWIN est que
certaines résistances au changement peuvent venir de l'attachement
d'un individu aux normes d'un groupe.71
Jacqueline DURAND, précise que « le potentiel
d'une équipe est tout aussiinépuisable que sa
capacité à résister au changement ".72 Ce
concept d'appartenance à un groupe sera développé
ultérieurement.
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