Ces
deux exemples permettent d'apprécier les impacts positifs et
négatifs des FCs après des suivi-évaluations. D'un
côté, une FC qui a pu réaliser des investissements sociaux
malgré sa superficie réduite (1 660 ha) contre une autre
(15 000 ha) qui a généré davantage de
problèmes et conflits. Cette comparaison entre les FCs des villages
Moangué Bosquet et Endoum permet de montrer que les FCs ne contribuent
pas toujours au développement socio-économique des
communautés. Rappelons que cette situation est observée dans la
majorité des cas de FC au Cameroun.
C'est
à partir des problèmes techniques, organisationnels,
institutionnels et sociaux que les FCs ont connu au Cameroun, qu'est partie
l'idée de mettre en place des EFCs. Cette approche a fonctionné
dans les pays où les communautés et les petits producteurs
jouissent d'une sécurité d'accès à la terre, y
compris le droit de récolte et de vente des produits forestiers. La
finalité est de mettre sur pied une structure de gestion socialement
adaptable, économiquement rentable et techniquement
opérationnelle (Ondoua & Ekoumou, 2008). Le suivi-évaluation
des EFCs sera possible grâce à une analyse des moyens d'existence
durable.
2.2.3. Genre, Minorités
et Forêt Communautaire
Genre et Forêt Communautaire
D'après le principe 20 de la déclaration de Rio
(1992) sur l'environnement et le développement « les femmes
ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le
développement; leur pleine participation est donc essentielle à
la réalisation d'un développement durable » (Anonyme,
2008a). C'est dans cette même logique que le gouvernement camerounais
s'est engagé à travers la Loi n° 94/01 du 20/01/94 à
encourager toutes les parties prenantes dans le processus de co-gestion des
ressources forestières ; malheureusement certaines lacunes en
matière d'intégration du genre sont observées. Ngono
(2001) rappelle que cette forme de gestion est novatrice et donne une
importance « secondaire » au rôle que pourrait jouer
la femme dans la gestion des ressources forestières au sein des
communautés rurales africaines en générale.
L'implication des communautés dans la gestion des
ressources naturelles constitue un cadre de développement participatif
permettant aux communautés locales de lutter efficacement contre la
pauvreté et la misère; cette implication ne pourra être
efficace que si toutes les couches sociales tel que le genre sont
intégrées (Ondo, 2005).
Le genre est une relation sociale qui existe entre l'homme et
la femme (Vabi et al, 2001). D'après Ondo (2005), la question
«genre» est au centre de la gestion forestière participative
dans le contexte où beaucoup d'hommes et de femmes pauvres sont
directement tributaires de l'accès aux ressources forestières
communes pour satisfaire leurs besoins de survie.
Les femmes représentent 55% de la population totale de
l'UTO Campo-Ma'an; elles sont les principales utilisatrices des ressources
naturelles dont elles font également le commerce (Ondo, 2005). Les
femmes peuvent jouer un rôle très important dans la facilitation
des activités de l'éco-tourisme à travers l'organisation
dans l'accueil et la nutrition des touristes
Les résultats d'une étude menée sur la
situation du genre dans les FCs des régions du Sud et du Centre au
Cameroun par Nguenang (2006) ont permis de déceler quelques facteurs qui
décrivent le niveau d'intégration des femmes dans l'unité
de gestion des FCs. Ces facteurs étant la représentativité
des femmes dans l'organe de gestion des FCs, la participation des femmes aux
assemblées générales, la prise en compte des besoins
pratiques des femmes, les facteurs qui influencent l'intégration genre
et les opportunités qui pourront permettre d'accroitre cette
intégration.
Représentativité des femmes dans
l'organe de gestion des Forêts Communautaires
D'après Nguenang (2006), la
représentativité des femmes dans le bureau de gestion des FCs se
présente comme étant honorifique et permet de satisfaire de
manière illusoire à la « mode » actuelle
d'intégration du genre dans les processus de développement. Ceci
est la conséquence du niveau d'alphabétisation qui est
très bas et du manque d'une stratégie développée
par les organisations locales d'appui pour renforcer les capacités des
femmes.
Participation des femmes aux réunions et aux
activités de foresterie communautaire
La participation des femmes aux réunions est faible
dans le cadre de la FC. Cependant, elles assistent aux réunions à
caractère cérémonial telles que les grandes
assemblées générales, les réunions de concertations
marquées par la présence des autorités administratives. La
participation des femmes est le plus souvent suscitée (Nguenang, 2006).
Cette faible implication des femmes est paradoxale eu égard au dynamisme
des femmes observé sur le terrain car, dans les 17 communautés
enquêtées il existe au moins une organisation féminine
fonctionnelle qui effectue des activités telles que les tontines, les
groupes d'entraide pour les travaux communautaires. Selon ce constat, l'auteur
affirme que les femmes sont mieux organisées et plus dynamiques autour
d'une cause surtout lorsqu'elles perçoivent leurs
intérêts.
Prise en compte des besoins pratiques des
femmes
Nguenang (2006) a effectué une comparaison du listing
des besoins spécifiques des femmes et celui des hommes mentionnés
dans les PSGs. Hors mis les problèmes d'accès à l'eau
potable et à la santé qui sont des problèmes
généraux et concernent toutes les couches sociales, l'auteur
s'est rendu compte que les besoins spécifiques des femmes ne sont pas
pris en compte. Il rappelle que la production des bâtons de manioc est
l'une des principales activités source de revenus pour les femmes dans
la plupart des communautés visitées, mais celles-ci utilisent
encore des outils rudimentaires tels que les mortiers, pierre à
écraser. Malheureusement il n'est mentionné dans un seul PSG,
l'achat d'un moulin à écraser qui pourrait rendre le travail plus
facile et augmenter la production. Il rapporte que la non prise en compte des
besoins spécifiques des femmes dans les PSG est une conséquence
de deux facteurs : les facteurs économiques car les femmes ne
perçoivent pas à court terme l'intérêt
économique qu'elles pourraient tirer de la forêt et de ce fait ne
s'intéressent pas au début aux activités ; et le
niveau d'éducation des femmes en milieu rural qui n'est pas
élevé. Elles se mettent en retrait et ne participent pas aux
prises de décision.
Malgré ces facteurs, l'auteur a relevé quelques
opportunités pouvant faciliter l'intégration accrue des femmes
dans le processus de foresterie communautaire à savoir :
l'existence dans les villages des associations des femmes et des associations
mixtes (canaux de sensibilisation des femmes) et l'existence au sein des
communautés des femmes leaders (présidentes des associations).
Minorités et Forêt
Communautaire
Il ressort d'une
étude menée par Nguibourg (2007) sur l'implication des
Bagyéli dans la gestion de la FC de Biboulemam, que le niveau de
participation des Bagyéli est faible ; 86 % de la communauté
Bulu ont déjà participé à des activités
liées à la FC contre seulement 14 % des Bagyéli. Ce faible
taux de participation peut s'expliquer par leur minorité aux
côtés des Bulu et par leur faible niveau associatif.
L'auteur a également enregistré un faible taux
de participation des Bagyéli dans les ateliers/séminaires. Un
seul Bagyéli est le représentant de sa communauté
auprès de l'entité juridique : il occupe le poste de
Commissaire aux comptes n°2. Dans la plupart des évènements,
c'est le Président, le Secrétaire Général, le
Trésorier et le Commissaire aux comptes n°1 qui représentent
la Communauté lors des manifestations. La faible participation des
Bagyéli aux réunions s'explique aussi par l'arrivée
tardive de l'information due à l'éloignement de leur
campement. En plus, cette faible représentativité des
Bagyéli aux réunions se justifie par le fait que toutes les
réunions se tiennent exclusivement à Biboulemam jamais au
campement Pygmée.
Dans notre 3ième objectif, il est question
de déterminer les facteurs qui influencent de manière positive et
négative le fonctionnement des EFC. L'intégration du genre et
des minorités (pygmées) font partie des facteurs que cette
étude se propose d'analyser.
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