2.2.4. Evaluation des MED des populations autour du Tri
National de la Sangha
En 2002 et 2003, le CIFOR, le WWF, l'UICN et CARPE ont
utilisé la TNS comme terrain d'essai et de collaboration pour
développer les approches intégrées aux problèmes de
conservation à l'échelle des paysages (Endamana & Tadjuidje,
2008). Ces institutions organisent chaque année depuis juin 2004, un
atelier de modélisation Conservation - Développement à
l'échelle du paysage du TNS qui vise à développer des
approches de suivi des indicateurs de conservation de bien-être des
populations locales vivant dans le paysage et le développement des
scenarii d'utilisation durable des ressources naturelles.
Le TNS est situé au Nord-Ouest de
l'écorégion des forêts congolaises de basse altitude et
couvre une surface totale de 28000 km2. Il comprend un réseau
de trois parcs nationaux : Lobeke (2100 km2) au Cameroun,
Dzanga-Ndoki (1220 km2) en République Centrafricaine et
Nouabe Ndoki (4000 km2) en République du Congo, ainsi que
leurs zones périphériques. La zone du TNS fait partie des aires
de conservation les plus importantes d'Afrique centrale à cause de sa
position dans le Bassin du Congo.
Méthodes et outils utilisés lors de
cette évaluation
La mise à jour des indicateurs s'est
opérée par des entretiens avec des groupes villageois pour avoir
leur point de vue sur l'état des indicateurs. Lorsqu'il s'agissait d'un
village d'ethnie Bantou, les entretiens séparés se faisaient pour
les hommes, les femmes et les jeunes. Lorsque le village était
composé de l'ethnie Pygmée, une seule assemblée
représentative était tenue. Enfin si le village était
mixte Bantou et Pygmée, les entretiens étaient
séparés (Endamana & Tadjuidje 2008). Cette répartition
a permis à tous les groupes sociologiques d'exprimer leur opinion.
Après cette étape avec les villageois, ils ont travaillé
avec les responsables techniques des projets pour évaluer les
indicateurs et apporter les informations quantitatives.
L'analyse des MED a permis de mesurer la contribution des
forêts aux moyens d'existence des populations rurales. Le questionnaire
utilisé comprenait 4 grandes parties : les sources de revenus annuels,
les ressources régulièrement utilisées par les
communautés, les dépenses effectuées par les
communautés pour améliorer leur cadre de vie et l'investissement
de la communauté pour protéger la forêt. Cinq principales
sources de revenus ont été identifiées : PFL, PFNL
d'origine animale et végétale, produits agricoles (les arbres
fruitiers, les produits d'élevage), et enfin les services (emplois,
restaurations, commerces...). Pour mesurer l'importance des différentes
sources de revenu, le Programme on Forest (PROFOR) a proposé
d'utiliser 20 graines qu'on doit affecter devant chaque ressource. Mais lorsque
les populations citent près ou plus de 20 ressources, l'affectation de
20 graines devient difficile. Pour pallier à cette difficulté, la
méthode du rang a été utilisée pour classer les
ressources en termes de contribution au revenu (Endamana et Tadjuidje,
2008).
L'approche de Sayer et al (2006) a permis d'analyser
les données sur les indicateurs de suivi. Le rang affecté
à chaque groupe a permis de calculer un coefficient de
pondération représentant son poids dans le revenu, la
consommation totale de la communauté : ceci a constitué
l'analyse des MED. Les dépenses des communautés ont
été regroupées en différents groupes d'avoirs :
humains, physiques, sociaux et financiers (Endamana & Tadjuidje, 2008). Les
rangs de chaque groupe d'acquis ont été sommés pour voir
dans quel groupe les communautés investissent leur revenu. Le pentagone
des avoirs, les camemberts et les histogrammes de fréquence ont
été utilisés pour apprécier les changements
opérés dans le paysage du TNS, et évaluer l'apport des
ressources naturelles dans les avoirs humains, sociaux, physiques et financiers
des populations vivant dans le TNS.
Les avoirs humains regroupent toutes les
dépenses concernant la santé, l'éducation, la nutrition,
l'habillement, les biens de première nécessité à
usage journalier et les produits de beauté.
Les avoirs sociaux comprennent les
dépenses liées au payement des amendes dans les réunions,
organisation des fêtes, payement de la dime ou offrande dans les cultes
et églises, mariage (dot), le transport, communication (achat
crédit de téléphone), jeux (casino, cartes..).
Les avoirs physiques concernent les
dépenses sur les biens tels que les ustensiles de cuisine, fusil,
pirogue, brouettes, matériels agricoles, équipement de la maison
(lits, chaises, tables, meubles...), moto, groupe électrogène,
vélo, lampe, moulin, construction de maison.
Les avoirs financiers concernent toutes les
transactions financières : payement des dettes, transferts
d'argent, épargne dans les tontines, argent de poche. Ils concernent
aussi tous les investissements dans l'agriculture (payement de la main
d'oeuvre, achat des intrants agricoles), le cheptel, la chasse (achat des
munitions), la pêche (achat des filets, hameçons..).
La présente étude s'est inspirée de cette
méthodologie pour évaluer les MED des populations vivant en
périphérie du Parc National de Campo-Ma'an, ce qui constitue
notre 4ième objectif.
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