Parce qu'on ne défend une
affaire que si l'on l'aime, mais aussi en donnant, les moyens, à ceux
qui en ont la responsabilité de sa
défense\u9312@, il est
nécessaire de parler du financement de cette défense.
.
Dans tous les pays de l'Europe, sans
exception, le financement de la culture est assurée par trois sources
à savoir, le marché, les fonds publics et le
mécénat, alors que pour les pays Africains et Arabes la
situation n'est pas la même, de fait que dans la plupart des cas l'Etat
est l'unique garant et le seul responsable du financement de toute
activité d'intérêt général ou
d'utilité publique, dont le meilleur exemple est ce lui de la
culture.
Or, dans un environnement mouvant et
instable, l'Etat ne pourrait pas tout faire, pour cela il devrait s'associer
à des nouveaux partenaires voire même susciter à
encourager des organisations d'origine privée pour occuper du service
culturel.
Il est nécessaire de noter que le
musée Tunisien (public ou privé), dispose d'un budget
(section 1) alimenté, généralement, du produit
des droits d'entrée (section 2).
L'institution muséale tunisienne
relève respectivement de la compétence de l'Institut National du
Patrimoine et de celle de l'Agence de Mise en Valeur de Promotion du Patrimoine
Culturel, s'il est classé public (A), vu que le recours
au mécénat ou à tout autre partenariat est encore une
procédure ignorée dans les pratiques culturelles et sociales
Tunisiennes (B).
A- LE FINANCEMENT DES MUSEES PUBLICS
:
Créer un musée veut dire
disposer d'un bâtiment adéquat, des services techniques et
scientifiques, d'un projet scientifique fondé, évidemment de
collections permanentes et issues de manière légale, de
ressources humaines formées et suffisantes chargées de la mise en
oeuvre des programmes de fonctionnement de l'établissement mais
également, et avant tout, de ressources et capacités
financières suffisantes pour faire face à toutes les charges dont
il dispose.
Ainsi ,le musée fournit de nombreux
services pour des destinataires variés: il accueille des visiteurs
,reçoit des chercheurs ,acquiert ,restaure et conserve des objets et
des oeuvres ,publie des catalogues ,organise des expositions ,des visites
guidées et des programmes pédagogiques et éducatifs et
d'une manière générale ,un ensemble de services
caractérisés essentiellement par leur aspect qualitatif et
multidimensionnel \u9312@ .
Comme toute institution de service,
l'institution muséale publique nécessite d'être doter outre
que la personnalité morale de l'autonomie financière, or le
concept "d'autonomie" financière, qui est relativement récent,
pour les établissements muséaux Français
\u9313A, demeure encore ignoré de la
part de l'institution et des responsables tunisiens, ce qui rend la situation
évidement dramatique.
Le manque d'autonomie budgétaire et
financière au niveau de l'institution fait du musée tunisien
l'objet de l'intervention de plusieurs acteurs. Ainsi, et comme il souffre de
la pluralité d'intervenants et de gestionnaires, le musée, dont
l'origine est publique, est géré financièrement par
plusieurs parties.
1-PALUS Odile,"Musées publics et musées
privés : les objectifs, l'évaluation" .in
Revue Française de Gestion 98, N°117
Janvier/Février .p.43.
2-CHATELAIN Stéphanie,
op.cit.p.111.
Pour traiter la question du financement
des musées ,il est indispensable toujours de prendre l'exemple de
musée National de Bardo ,et c'est également pour deux raisons
:d'une part c'est que Le Bardo est l'unique cas qui présente l'existence
de certains textes réglementaires tenant à sa création son
organisation intérieure \u9312@ ,son
budget et même ses droits d'entrée ,et malgré
l'ancienneté de ces textes ,ils demeurent ,en absence d'une nouvelle
reforme juridique ou réglementaire ,la référence en la
matière. Et de l'autre part, le musée National de Bardo, comme
l'indique son nom, est l'unique qui a la qualité de musée
national, qui abrite la plus riche collection du pays qui marque le plus
élevé taux de fréquentation (Tunisiens et
étrangers) et qui est le plus connu à l'intérieur et
à l'extérieur du pays.
D'après le décret Beylical
datant du 12 Avril 1907\u9313A, le
musée Alaouit du Bardo a des ressources ordinaires, des ressources
extraordinaires et des ressources spéciales. Les ressources ordinaires
proviennent notamment de la subdivision de l'Etat, de la subdivision de la
municipalité de Tunis, du produit du droit d'entrée, du produit
de la vente es brochures, photographies, estampages...du produit de la vente
des objets réformés, des revenus des valeurs provenant de dons et
legs et des intérêts et revenus du fonds de réserves
organisés par le même décret.
Les recettes extraordinaires comprennent les
subdivisions extraordinaires de l'Etat et les prélèvements
effectués sur le fond de réserves. Alors que les ressources
spéciales ce sont celles qui ont une affectation spéciale et ne
peuvent servir à payer des dépenses autres que celles pour les
quelles elles ont été réalisées et ne peuvent
alimenter le budget ordinaire ou extraordinaire du musée
\u9314B.
Quant aux dépenses du dit
établissement, elles sont organisées par l'article 4 du
même décret, et elles comprennent : le traitement du personnel,
les travaux de réfection et de classement effectués en
régie, les frais d'entretien du musée, les frais d'impression et
de fourniture de bureau, la participation du musée aux travaux de
fouilles, d'entretien des bâtiments.
Les dépenses extraordinaires,
couvèrtent par les recettes extraordinaires correspondantes,
revêtent un caractère exceptionnel et enfin les dépenses
spéciales assurées spécialement et exclusivement par les
ressources correspondantes.
1-Arrété du premier Ministre du 25 Mars
1891 réglementant le musée Alaouit du Bardo.
2-JORT, N°31.
3-article 3 du décret
susvisé.
Malgré l'existence d'un texte
spécifique réglementant la question financière et
organisant le budget de l'établissement muséal
\u9312@, les responsables du dit
musée font souvent recours à la pratique en ce qui concerne la
question du financement de l'institution.
\u9313A
Ainsi ,et d'une manière
générale ,la pratique, en ce qui concerne le financement des
unités muséographiques, est que toute procédure de
dépense demandée par chaque institution muséale ,soit
Bardo ,soit tout autre musée public , est gérée
directement par l'Institut National du Patrimoine.
\u9314B. Ce dernier fournit la couverture des
frais ordinaires et ce à travers les fonds du Ministère de la
culture.
Alors que pour les dépenses
extraordinaires, les projets de récupération des anciens
bâtiments, de restauration et réaménagent total ou partiel
et de construction de nouvelles unités muséographiques, elles
sont tous couvertes de la part de l'Agence de mise en valeur du patrimoine
chargée aussi d'élaborer la stratégie financière et
la revalorisation des services muséographiques. Elle dispose pour ce
faire ,en outre de la forme d'un établissement public à
caractère commercial et industriel d'un budget considérable
alimenté également par le produit des droits d'entrée dans
les sites et les monuments historiques ,mais aussi dans les musées
relevant du secteur public. L'Agence de mise en valeur affecte une partie
considérable de son propre budget pour la valorisation, la promotion du
patrimoine culturel, par la création de nouvelles unités
muséographiques et le transfert de certaines collections dans de
nouveaux bâtiments beaucoup plus adéquats.
\u9315C
Le financement du service muséal est
l'une des charges dont dispose essentiellement le Ministère de la
Culture, ce dernier dés sa création, s'est occupé de la
réalisation de la mission éthique de démocratisation de la
culture, pour ce faire, les responsables publics et politiques de l'Etat
n'hésitent pas à renforcer leurs efforts dans
l'intérêt de valoriser l'image de l'institution muséale
tunisienne. Ainsi, le budget dépensé pour la restauration du
musée régional de Nabeul et la reprise de l'exposition dans le
dit musée est estimé à
161.780.683 Dinars tunisiens réparti
également entre le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des
Loisirs, l'Institut National du Patrimoine (sa participation est estimé
à 30.000 Dinars) et l'Agence de Mise en Valeur
du Patrimoine.
1-pour l'exercice 1907.
2-Entretien avec M. le directeur du musée de
Bardo : GHALIA Tahar.
3-voire l'article 25 du décret N°93-1609
du 26-07-93 fixant l'organisation de l'I.N.P et
Les modalités de son fonctionnement. JORT
N°60.p.1224. Du 13-08-93.
4-tel est le cas pour le transfert et le changement
du musée de Bullarigia, ré ouvert en1988.
La consultation des plans de
développement \u9312@ traitant la
matière de la culture ,prouve l'existence d'une nouvelle politique
nationale favorable à la conservation de toutes sources de la
mémoire collective à travers l'encouragement des investissements
privés dans le domaine de la culture ,l'augmentation au niveau du Budget
de la culture pour atteindre 1% du budget général de l'Etat pour
l'exercice 2004 ,l'occupation de l'infrastructure culturelle à travers
la création de plusieurs bibliothèques nationales
\u9313A, nouvelles institutions
muséographiques et l'établissement de nouvelles relations de
partenariat qui se fixent pour contribuer au soutien de la vie culturelle.