2- LA RECONSIDERATION DU SECTEUR MUSEAL :
Dés la fin des années
quatre vingt, les politiques tunisiennes ont pris conscience de l'importance du
patrimoine culturel \u9313A, et du rôle
des institutions culturelles tels que musées, bibliothèques,
archives et toute autre institution dont l'objectif est la conservation de
l'identité culturelle pour cela le choix politique s'est orienté
vers l'établissement d'une gestion efficace et cohérente qui vise
la valorisation du patrimoine culturel.
Cette orientation s'est
manifestée sur le plan pratique par l'implantation de plusieurs
institutions muséales, surtout les musées relevant du secteur
public et sous tutelle du Ministère de la Culture, dans toutes les
régions du territoires nationales (12 Gouvernants), et plusieurs
unités ont fait l'objectif d'un réaménagement total ou
partiel à côté des études et projets de
création de nouvelles institutions.
D'une manière
générale, le musée est devenu « un
formidable enjeu politique et urbain, pour l'Etat comme pour les
collectivités locales.» \u9314B
1- JORT N°92 du 3-12-1993, p.2042.
2-BEN ROMDHAN Amel: "La gestion du
patrimoine culturel immobilier", op.cit.p.24.
3-le monde mardi 02fevrier 1993.Par
GUERRIN et Emmanuel de roux.
Quant au plan juridique , la
nouvelle orientation s'est traduit par l'insertion au niveau de l'organisation
même du Ministère de la Culture d'une cellule de
Promotion des Sources de la Mémoire et de l'Identité Nationale
\u9312@ la dite cellule est chargée de
réaliser des études et des recherches susceptibles de
révéler les sites , les bâtiments , les espaces , les
savoirs faire, les documents et autres sources de l'identité nationale ,
de veiller à la promotion des sources de la mémoire et de
l'identité nationale ,à son développement et à sa
vulgarisation à l'intérieur et à l'extérieur du
pays et à concevoir et préparer les moyens et les techniques
susceptibles de vulgariser les sources de la mémoire et de
l'identité nationale \u9313A.
La création de la dite
unité reflète la conscience du pouvoir politique de l'importance
de relancer une politique culturelle patrimoniale de fait que c'est la
première fois qu'un organe administratif spécialisé dans
la matière patrimoniale émane même du sein du
Ministère de la Culture , en plus le dit organe est institué
précisément au sein du cabinet du Ministère, qui fait de
lui un organe en relation directe et étroite avec le titulaire et le
responsable du choix et de la fixation de la politique culturelle nationale
\u9314B
C'est vrai que le
développement qu'ont connu les musées tunisiens ne s'est pas
accompagné d'un texte d'ensemble, général ou
spécial, qui leur est applicable d'une manière directe et
expresse. Or, ce la ne peut occulté que les années
90 qui ont marqué un tournant au niveau de la politique
culturelle nationale puisque les autorités politiques ont fait de
la culture l'un des piliers de leur projet réformiste, un fondement
solide de processus de développement et ce à travers la
création de nouvelles institutions et la restructuration des
institutions existantes. .
\u9315C, et pour ce faire, il y avait création de
plusieurs organes tels que l'établissement au prés du
Ministère de la Culture d'une commission dénommée
" La Commission Nationale du
Patrimoine. ''
1-Décret N°94-1639 du 01-08-94, modifiant
et complétant le décret N°93-2378 du 22-
01-93, portant organisation du
Ministère, JORT N°62 du 09-08-94.p.1306.
2-Article 7, décret N°96-1875 du 7 Octobre
96, JORT du 22-10-96, N°85, p.2125.
3-BEN ROMDHAN Amel ,op. cit. p.22.
4-extrait du discours du Chef de l'Etat à
l'occasion de la célébration de la journée de
La culture le 27 Octobre 95.
La dite commission est
instituée par la loi N°94-35 du 24 Février
1994 dans son article N°6. Elle a une
vocation consultative. Elle est chargée d'émettre son avis et de
présenter au Ministère de la Culture ses propositions dans les
domaines de la protection et la mise en valeur des biens culturels.
Le recours à l'administration
consultative en matière de la gestion des affaires culturelles est
très ancien dans l'administration tunisienne dont les exemples les plus
importants en matière de gestion du patrimoine mobilier , le cas de " la
commission consultative de classements des biens archéologiques et des
sites naturels et urbains \u9312@, et du
`conseil supérieur pour la sauvegarde des Biens culturels'
\u9313A, qui vise à faire
connaître l'importance des biens culturels et la nécessité
de leur sauvegarde , de collecter les données , les informations et les
documents pouvant faciliter l'accomplissement des programmes éducatifs
et d'encourager la création des musées spécialisés.
\u9314B
Les organes précités, visent
également à faciliter la tâche de gestion, la promotion et
la valorisation du secteur du patrimoine culturel national mais
également le secteur muséal.
Le véritable signe de
reconsidération du secteur muséal tunisienne a vue le jour
également avec la réorganisation du Ministère de la
Culture, de la Jeunesse et du Loisir par le décret
N°96-1875 du 17 Octobre 1996 \u9315C.
1-Prévu par la loi N°86-35 relative
à la protection des biens archéologiques, des
Monuments historiques et des sites naturels et
urbains et organisée par le décret
N°87-114 du 22 Août 87.JORT, N°60
du 1 Septembre 87.p.1050.
2-Prévu par la loi N°88-44 du Mai 1988
relative aux biens culturels dans son article 5
Et organisé en vertu du décret
N°89-127 du 14 Janvier 1989.JORT,N°5 ,du 20-24
Janvier 89.p.111
3-Article 11 de la loi N°88-44 du 19 Mai
1988.
4-JORT, N°85 du 22 Octobre
1996.p2125.
Cette reconsidération
s'est traduite par la création, parmi les services techniques du
Ministère, d'une nouvelle direction exclusivement chargée des
musées :" La Direction des Musées et du Patrimoine
\u9312@ ".En tant qu'organe
technique.
La direction est
chargée:"d'examiner les questions relatives aux
musées et à leur promotion et d'exercer le contrôle
technique des structures chargées de la création des
musées et de leur gestion et de l'exécution des programmes "
à côté "du suivi de l'élaboration et de
l'exécution des programmes de travail des services,
établissements, associations et organismes concernés par le
patrimoine et de la coordination entre
eux"\u9313A.
Pour pouvoir accomplir ses
activités, de conservation, de mise en valeur, de diffusion et de
contrôle des institutions muséales et de leur mode de gestion, la
dite direction comprend deux services : la sous-direction des études et
recherches et la sous-direction des affaires techniques et du suivi.
L'institution de cette direction
spécialisée n'hésite pas à renforcer la
centralisation de la gestion des organes et institutions chargés de la
conservation en bon état du patrimoine culturel national.
En effet, seule l'administration
centrale est capable de prendre la décision de créer des
institutions muséales tout au long du territoire tunisien .Il ne s'agit
d'une conséquence d'un projet scientifique déposé au
prés du Ministère de la Culture de la part des autorités
scientifiques qui prouvent l'existence des pièces muséographiques
dans la région ou bien à la suite d'un choix politique qui vise
à créer des musées dans les régions là
où il n'existe pas des unités muséographiques.
1-Article 24 du décret
susvisé.
2-Article 30 du décret susvisé tel qu'il
est modifié par le décret N°2003-1819 du 25
Août 2003.JORT N°69 du 29
Août 2003.p.2660.
En contre partie, les autorités
territoriales, ne disposent pas de larges compétences dans la
matière de création ou de gestion de musées, pour ce la,
et dans l'intérêt de dépasser les inconvénients et
les lacunes de la gestion purement centralisée, les autorités
publiques ont opté pour l'intégration d'un modèle
décentralisé « à la
tunisienne » qui s'appuie sur une politique de
distribution des fonctions et des décisions entre plusieurs organes de
gestion.
Ainsi, la "garde" des
oeuvres du patrimoine déposées dans les réserves et les
musées tunisiens incombe, autre l'administration centrale à
savoir le Ministère de la Culture, à la Division du
Développement Muséographique, en tant que organe
spécialisée.
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