II-3- l'incertitude de la confidentialité et de la
fiabilité du test
La fiabilité du test ainsi que la
confidentialité du résultat sont revenues dans une moindre mesure
dans certains discours qui les présentent comme incertaines.
II-3-1- La confidentialité du résultat
Dans le milieu scolaire, la confidentialité du
résultat n'apparaît pas comme la chose la mieux garantie. Cette
crainte de certains élèves n'est pas à négliger car
elle peut engendrer une méfiance du dépistage en milieu scolaire.
En effet, la question de la confidentialité est particulièrement
chère en milieu scolaire à cause de la peur de la réaction
des camarades. Elle semble d'autant plus fondée que Valérie (18
ans, catholique, 1ère G1, adhérent) rapporte ceci :
«Je n'ai pas fait ça [le dépistage]
à l'école ici. C'est peut-être la peur puisque je me disais
que c'est risqué d'aller m'arrêter avec les élèves
pour faire. Vous savez, les rumeurs-là ça courent hein ! Deux
jours après, on a entendu qu'il y avait parmi ceux qui ont fait, deux
séropositifs. Donc tout ça, ça fait que vraiment j'ai
préféré faire ça seule dans l'anonymat.»
En fait, la procédure de dépistage a failli au
post-conseil car la remise de certains résultats a été
confiée à la surveillance comme le rend ce témoignage :
« Les responsables du test ne pouvaient pas se promener
de classe en classe pour remettre les résultats. Comme j'étais
chef de classe, et quand je suis allé pour prendre mon cahier de texte,
on me fait comprendre que tous ceux qui ont fait le test de dépistage
peuvent passer prendre leurs résultats (...). A la surveillance,
c'était le surveillant général qui remettait ça.
» Salam ( 22 ans, musulman, 2ème année
topographie, adhérent)
Pourtant, le counselling ou conseil «devrait
obligatoirement accompagner [toute remise de résultat afin d'aider] la
personne dont le résultat est négatif à s'approprier
l'information, à prendre conscience de ses risques et à mieux se
protéger par la suite. En cas de séropositivité, cet
encadrement permet de
proposer une prise en charge précoce aux personnes
nouvellement contaminées. »38
En outre, dans un contexte toujours marqué par la
stigmatisation des personnes infectées et malades du VIH/SIDA, la
confidentialité du test sérologique demeure une
préoccupation majeure. Cette préoccupation qui existe dans le
milieu scolaire est bien reconnue par Ahmed (Président du cercle de
relai sida du LTO) qui déclare :
« Je me rappelle une fois, lors d'une activité de
sensibilisation, on avait demandé aux élèves de sortir de
la salle et de bien vouloir aller se faire dépister. Il y en a qui ont
dit que vraiment, ce n'est pas qu'ils ne veulent pas mais ils ont peur. Ils ont
peur de l'anonymat, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas sûrs que la
chose puisse être gardée de façon secrète. »
L'incertitude d'une garantie de la
confidentialité39 du résultat a été
présente dans le milieu scolaire du LTO et a déterminé
chez certains le comportement de refus.
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