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Les comportements des élèves du lycée technique de Ouagadougou face au dépistage VIH volontaire

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par Pascal Louis Germain COMPAORE
Université de Ouagadougou - Maà®trise de sociologie 2006
  

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III-3-4-L'information limitée par le cercle familial

Concernant l'information dans le cercle familial, elle ne se rattache pas non plus directement au dépistage mais se présente plutôt sous forme de conseils de prévention adressés par les parents à l'endroit des élèves comme ce qui ressort de ces extraits de discours :

« Mon papa, il n'est pratiquement pas à la maison. C'est ça qui fait qu'on ne discute pas. La maman est là mais on ne discute pas trop comme ça. Elle me donne des conseils, elle dit que si on ne peut pas s'abstenir d'utiliser le préservatif. » (Josiane, 19 ans, catholique, 1ère G1, réticente)

« Avec les parents, tout ce qu'ils disent... On discute pas pour longtemps hein ! Par exemple à travers la télé, pour quelques cinq minutes ils ouvrent la page mais chaque fois ils insistent...ils n'insistent pas à ce qu'on n'ait pas des rapports [sexuels] mais ils insistent à ce que nos rapports soient toujours protégés. » Amadé (19 ans, musulman, 1ère G2, réticent)

Il s'agit donc essentiellement de conseils dont la prodigalité se fait souvent difficilement, l'opportunité étant saisie par le biais d'émissions télévisuelles ; mais pour certains, c'est le silence à rompre comme le rapporte Djénabou (20 ans, musulmane, 2ème année communication, administration, secrétariat , adhérente)

« Je n'ai jamais essayé mais eux aussi n'ont jamais essayé (rire). Faire le premier pas ! Non. Je crois que c'est à mon papa de commencer à parler. C'est quelque chose qui est un peu tabou. »

Cette difficulté de communication réside aussi chez les parents. En effet la connexion directe du VIH/SIDA à la sexualité45 rend la question difficile et comprendre cette difficulté suppose d'élucider toute la question de la socialisation sexuelle dans notre contexte.

Néanmoins, on peut faire appel à l'analyse de Laurence WYLIE, dans autre contexte et époque, qui affirme que «cette attitude devant les problèmes sexuels se reflète dans l'éducation des enfants. Les parents ne parlent jamais de ces questions à leurs enfants. Cela leur semblerait ridicule, inconvenant et contraire à la pudeur d'expliquer les «choses de la vie » à leurs enfants. »46 C'est ce constat que ressort ce discours :

« C'est difficile ! Rarement. Sauf s'il y a un film qui passe souvent, mais c'est comme ça , en un clin d'oeil. C'est même pas... bon ! C'est la société africaine, c'est comme ça. Rare de fois les parents parlent de sexualité à leurs enfants. Ils éprouvent une gêne à ça et les enfants mêmes ont peur de poser certaines questions aux parents. » Mohamed (inspecteur du trésor, parent d'élève)

Cependant, aucune situation ne pouvant être vraie et valable globalement à tous, cette situation de silence n'est pas l'apanage de tous les parents. Madeleine (éducatrice sociale, parent d'élève) tient en effet ce propos :

« Bon ! C'est une maladie qui est vraiment dangereuse, donc il faut vraiment s'abstenir. Et puisque j'ai trois filles, elles sont quand-même grandes, je discute avec elles du sida. La dernière, elle a seize ans cette année donc elle n'est pas une petite fille. Surtout, je mets l'accent sur l'abstinence. J'attire l'attention des filles aussi, souvent c'est pas la faute des garçons... ` y a des filles aussi qui vont provoquer des garçons, maintenant que il est en érection vous ne savez plus quoi faire ! Donc, je leur dis d'éviter, quand on ne veut pas avoir des rapports sexuels, on évite les circonstances où il peut avoir des... ces excitations. Donc je leur explique comme ça. »

Concernant le dépistage, elle poursuit en ces termes :

« Je me dis que si les élèves refusent, c'est qu'ils ne connaissent pas, ils n'ont pas été sensibilisés, ils ne connaissent pas réellement les avantages du dépistage volontaire, ce que ça peut leur garantir. Si tu sais que tu es séronégatif par exemple, tu vas prendre toutes les précautions pour le rester, pour ne pas être dans la vague du sida, de te protéger et protéger les

45 La sexualité telle que vue par BALANDIER Georges, c'est-à-dire « un phénomène social total » `Le sexuel et le social. Lecture anthropologique' In Cahiers internationaux de sociologie, vol LXXVL, 1984, pp 5-19.

46 WYLIE Laurence, Un village du Vaucluse, Gallimard, 1979 édition augmentée, p144.

autres. Mais il y a aussi la peur ! Bon, avant comme il n'y avait pas de traitements, c'était en tout cas être deux fois sûr de sa mort.»

Mais, on peut pencher que le rôle des parents peut se résumer en rôle de protection concordant avec le discours des élèves c'est-à-dire que la plupart des parents peuvent tout juste être limités à donner que des conseils de prévention qui n'incluent pas le dépistage VIH :

« Je pense que les parents, c'est leur rôle même ; c'est leur premier rôle même de pouvoir en tout cas protéger leurs enfants et puis leur donner tous les conseils nécessaires pour que, en tout cas ils se préservent de ça. » Justine (institutrice, parent d'élève)

L'information par le cercle familial se présente plus sous forme de discussions et de conseils sur les aspects de la prévention saisie de façon opportune par certains parents au cours d'émissions télévisuelles. Elle peut ne pas toucher la question du dépistage et par connexion celle de la prise en charge. Sa nature peut donc ne pas contribuer à donner à tous les élèves une connaissance du dépistage et de la prise en charge.

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