III-1-2- Le traitement anti-rétroviral
La connaissance sur le traitement anti-rétroviral
accuse des limites par l'inactualité des coûts rendant de ce fait
la prophylaxie ou le traitement par ARV inaccessible :
« Si on remarque, il n'y a pas beaucoup de personnes qui
ont accès aux ARV. Donc je trouve que ça c'est parce que les
coûts sont élevés. » Syprien (20 ans, catholique,
terminale topographie, adhérent)
Cette déclaration présente le coût comme
l'obstacle à l'accès du traitement anti-rétroviral. Or la
source de connaissance sur ces coûts relève de l'imagination
personnelle puisant elle-même sa source dans l'information informelle et
imprécise comme le confirme ce propos de Robert (22 ans, catholique,
terminale F3, adhérent):
« Je pense, j'imagine comme ça ! Façon que les
gens parlent-là, je peux dire que les coûts sont chers. »
42 Les modalités de la mise en oeuvre du
traitement ARV ou pas selon la charge virale sont décrites à la
page 23 des Normes et procédures. Prise en charge de l'adulte
infecté, recommandées par le Ministère de la
Santé.
Or, dans la source informelle, l'information n'est pas
forcément au diapason des coûts actuels comme le
révèlent ces deux déclarations :
« On parle souvent de traitement, des
anti-rétroviraux comme ça. Mais il paraît que pour avoir
ces produits-là, il faut dépenser à peu près
200.000fcfa. » (Osée, 19 ans, catholique, terminale E,
réticent)
« Le coût des traitements, vraiment ! Les ARV,
j'aurais appris par des amis, je sais pas si les informations sont
fondées ou pas, que c'est cher, que ça dépasse en tout cas
les 500.000fcfa. » Amadou (18 ans, musulman,1ère F3,
adhérent)
L'inactualité de l'information rend donc toujours le
traitement ARV inaccessible du point de vue coût. Pourtant,
«actuellement, hormis les médicaments les plus récents
qui sont sortis, la plupart des médicaments utilisés dans le
monde sont disponibles au Burkina et la trithérapie la moins
chère coûte 12.000fcfa par mois et la plus chère doit
être entre 50.000-60.000 fcfa contrairement aux années 99-2000
où les traitements se payaient à coût de centaines de
mille, 200, 300, parfois 400.000 fcfa. » Emile (médecin
chargé de prise en charge médicale dans une association)
L'origine de la cherté des ARV remonte donc à
cinq ans et cette sous information peut susciter une réaction de
mépris comme le manifeste Assita (20 ans, musulmane, terminale E,
adhérente) :
« C'est qui même qui a mis en place les
anti-rétroviraux là- même ! Vous dites que vous voulez
aider les gens et puis avec un médicament qui coûte plus cher
même que... Mieux vaut mourir même que si tu ne sais même pas
[qu'il existe des médicaments]. »
La sous information sur le traitement par ARV présente
ce traitement comme inaccessible du point de vue du coût. Mais ça
serait voir la réalité de la sorte avec des «lentilles
grossissantes » car tout de même certains élèves
connaissent les avantages des ARV ainsi que les coûts actuels voire la
"gratuité des soins". C'est ce qui ressort de la déclaration
suivante de Narcisse, pourtant réticent au dépistage :
« Je sais que pour que la maladie ne se déclenche
pas, il faut se soigner. Je sais qu'il y a les ARV pour ça. Je sais que
maintenant ça doit être gratuit pour les malades. Donc, avec les
soins, on peut facilement contrôler la maladie puis ensuite si tu suis
les indications du médecin c'est facile de contrôler la maladie.
» Narcisse (19 ans, catholique, 1ère G2,
réticent)
Par ricochet, la notion des infections
opportunistes43 (et surtout leur prévention primaire et
secondaire ainsi que leur traitement ) ne sont pas non plus bien connues de nos
enquêtés.
43 La prévention et le traitement des
infections opportunistes sont synthétisés dans: Normes et
procédures. Prise en charge de l'adulte infecté par le VIH, pp
14-21.
Les infections opportunistes sont définies par Emile
(médecin chargé de prise en charge médicale) comme
« des maladies qui surviennent quand l'immunité de l'homme est
affaiblie. Et ce sont des maladies qui sont directement imputables au
VIH.»
Josiane à l'évidence semble ne pas ignorer ce
qu'elles sont mais c'est difficilement qu'elle parvient à en donner un
énoncé clair :
«Je sais mais je ne sais pas comment expliquer. Je pense
que c'est une maladie...puisque quand on est atteint su sida, l'organisme
s'affaiblit. Donc eh! On est exposé à plusieurs maladies.
L'organisme n'a plus de...le système de défense n'est plus du
tout ça. » (Josiane,19 ans, catholique, 1ère G1,
réticente)
C'est également avec peine et moindre précision
que Carine parvient à en donner l'esquisse suivante:
«Les infections opportunistes, je ne sais pas! Ça
ne serait pas les... quand par exemple la maladie [le sida] est
déclarée chez un malade du sida, ça ouvre les portes
à toutes les maladies.» Carine (18 ans, protestante,
1ère G2, réticente)
Toute mention de la prévention et du traitement
médicalement possible des infections opportunistes n'apparaît dans
aucun discours.
Le coût du traitement anti-rétroviral
apparaît pour la plupart de nos interviewés comme inaccessible.
Mais, certains ont une connaissance exacte du bénéfice des ARV et
son coût `social gratuit'(ceci demeure assez relatif selon les
catégories sociales). Concernant les infections opportunistes, les
interviewés ne parviennent tout juste qu'à une esquisse de leur
définition. Quel est l'état des connaissances des
élèves au sujet des mécanismes d'accès à la
prise en charge médicale ?
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