III-2- Les mécanismes d'accès à la
prise en charge médicale
« Où trouver les ARV ! Je me dis à
l'hôpital ou bien dans les associations de lutte contre le sida.
» Tous les interviewés le répètent, c'est
à l'hôpital ou dans une association de lutte contre le sida qu'ils
pourront trouver des ARV. Par contre, ce qu'aucun discours ne mentionne, c'est
comment accéder à ces médicaments ?
III-2-1- La faible connaissance des procédures de la
prise en charge publique
Au niveau public, on peut regrouper en quatre catégories
les structures de prise en charge médicale dite structures de gestion de
«file active » qui sont :
- les trois (3) Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) ;
- les neuf (9) Centres Hospitaliers Régionaux (CHR) ;
- les Centres Médicaux avec Antenne chirurgicale (CMA);
- et des structures spécifiques tels le centre de
traitement ambulatoire, la clinique El Fateh Suka, le centre médical
Saint-Camille, etc.
Comme le décrit Germaine (médecin chargé
du programme de prise en charge au CNLS : «théoriquement, le
patient dépisté séropositif est
référé, à son gré, à l'une de ces
structures par une fiche de référence et de contre
référence délivrée par la structure qui a
procédé au dépistage. Le patient (PVVIH) est alors
répertorié dans un registre de «file active » et une
carte de suivi lui est délivrée pour bénéficier de
la gratuité. »
Dans le fait, le patient répertorié contribue
mensuellement un forfait de 5.000fcfa pour les ARV et 3.000fcfa pour le bilan
de suivi. Mais il existe une possibilité d'exonération totale
pour le patient insolvable ; le mécanisme consiste en un certificat
d'indigent délivré par le CNLS et donnant accès
gratuitement aux
ARV et au bilan de suivi médical. Cependant, comme le
reconnaît Germaine, «iin'y a aucune
disposition particulière pour les élèves et des
difficultés résident
aussi dans l'enregistrement si bien que des patients
après avoir essayé en vain se découragent et abandonnent
».
Mais, en tout état de cause, ce mécanisme est
totalement méconnu de tous les enquêtés. Issouf (20 ans,
musulman, terminale E, adhérent) en donne la preuve :
« Selon moi en tout ça, c'est à
l'hôpital. Si tu es malade, tu peux pas rester à la maison puis te
soigner. Il faut que ce soit à l'hôpital. Tu vas aller voir ce
qu'on peut faire pour toi. »
Les propos suivants illustrent toujours cette
méconnaissance totale :
« Comment accéder à ces soins ! Je n'ai pas
beaucoup d'idées là-dessus mais ce que je pense, je crois que
dans certains centres hospitaliers je vois ces soins. » Amadé (19
ans, musulman, 1ère G2, réticent)
« Je ne suis pas informé. Peut-être en
emmenant le patient à l'hôpital, ils vont se débrouiller
làbas avec les traitements des docteurs et consorts-là. Sinon
d'autres moyens, je vois pas ; même s'il y en a , je suis pas
informé. » Marcel, (20 ans catholique, 1ère G2,
adhérent)
Le mécanisme public de la prise en charge
médicale est totalement absent des discours recueillis qui ne
mentionnent que des lieux et encore, de façon imprécise.
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