III-1-La possibilité de la prise en charge
médicale
Tous les interviewés connaissent l'existence de
traitement par ARV et la prise en charge médicale. Mais comme
précédemment montré, il subsiste une persistance des
perceptions négatives qui peut être par ignorance.
Pour appréhender cet état de fait,
intéressons-nous d'abord à la définition de la prise en
charge esquissée par certains élèves :
«Je crois que la prise en charge, par exemple il y a des
centres, au niveau des malades on prend des ARV». «La prise en
charge, c'est quand tu es malade et puis tu pars à l'hôpital on te
donne des médicaments, des ARV ou dans une association ; je crois que
c'est ça. »
Cette situation d'incertitude est générale
à tous les enquêtés. Néanmoins, dans cette
matière définitoire hésitante, les éléments
de définition caractérisent toutefois le moyen (ARV), le lieu
(hôpital ou association), et l'état biologique (malade).
III-1-1- L'état biologique
Les modalités de la prise en charge médicale
sont mises en oeuvre en fonction de l'état biologique d'une personne
infectée. De ce fait, la prise en charge médicale
«regroupe d'abord la prévention et le traitement des infections
opportunistes, ensuite la prise en charge même du sida par les anti-
rétroviraux dont la mise en oeuvre du traitement anti-rétroviral
et du suivi de ce traitement anti-rétroviral avec tout ce que cela
implique comme le suivi des effets indésirables, le suivi des rechutes
du traitement voire les complications liées au traitement, les
échecs de traitement. » Emile (médecin chargé de
la prise en charge médicale dans une association)
A la lumière de cette définition, l'examen du
discours de la plupart des élèves révèle qu'ils
prennent pour équivalents `séropositivité asymptomatique '
et `sida maladie', en témoignent ces deux exemples :
« Si tu fais le test et puis tu as le sida... »
« Si jamais je me lève pour aller faire, c'est pour
savoir si j'ai le sida ou pas... »
Or, de cette confusion découle une seconde qui est celle
entre `soigner' et `guérir' en témoignent également ces
bouts de discours :
« Le sida vraiment ! Compte tenu qu'on n'a pas de produit
qui puisse soigner... »
« Du moment que tu vas te mettre dans la tête que tu
as cette maladie qu'on ne peut pas soigner... »
C'est cette connaissance confuse qui conduit non seulement
à occulter la prévention et le traitement des infections
opportunistes mais surtout qui place d'emblée l'après-test
positif non pas comme la révélation d'une sérologie
positive contrôlable médicalement mais comme le sida commandant la
mise sous traitement ARV42. Pourtant, comme l'affirme Emile
(médecin chargé de la prise en charge médicale dans une
association) : «ce n'est pas seulement avec un test positif qu'on doit
bondir sur les médicaments. On fait d'abord un examen initial pour
mettre le patient dans une étape bien donnée et pour les patients
qui sont en très bonne situation, qui ont une immunité toujours
forte, on leur dit d'attendre. Mais, on leur donne un traitement
préventif pour éviter les infections opportunistes.
»
En tout état de cause, comme précédemment
montré, même le traitement ARV est perçu par certains comme
vain et ceci justement à cause de la confusion entre `soigner' et
`guérir' ; par ailleurs, le traitement ARV demeure inaccessible selon
nombre de discours recueillis.
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