6.6 Evolution de mon questionnement
Mon entretien exploratoire me fait prendre conscience que le
projet de la mini-entreprise n'est pas aussi simple qu'il y paraît pour
les apprenants, mais aussi pour la formatrice. Car ce projet n'est pas
adapté aux apprenants en terme de contenu, n'est pas adapté au
fonctionnement du parcours d'alternance d'un stagiaire de l'E2C et finalement,
ce projet ne tient pas compte non plus de la surcharge de travail pour la
formatrice à qui l'on a confié ce projet, trop lourd à
porter par une seule personne. Ce qui m'amène à penser que ce
projet n'est pas non plus un projet pédagogique. Car la formatrice ne
maîtrise pas le contenu du guide pédagogique et encore moins les
objectifs à atteindre. (Voir projet pédagogique page 33) De plus,
je ressens une contradiction permanente de la part de la formatrice qui me
répète souvent que c'est le projet des stagiaires et qu'il ne
faut pas faire à leur place. Or, je me trouve en permanence devant
l'ordinateur pour faire ce que les stagiaires ne peuvent pas ou ne veulent pas
faire. J'ai le sentiment que la formatrice se donne « un mal de
chien » à vouloir aller jusqu'au bout du projet, malgré
le fait qu'elle considère ce projet comme inadapté, et ce, dans
tous les sens du terme. D'autre part, les stagiaires qui au départ
étaient 9, se trouvent à 8 dès la première semaine,
quatre mois plus tard à 6 et quelque fois à 4 pour continuer le
projet. La directrice administrative est enceinte et a dû arrêter
pour cause de santé. Une autre stagiaire qui s'occupait de la
fabrication a été renvoyée de l'E2C pour motif de vol sur
les lieux de son stage. L'assistant du directeur commercial lui aussi a
été renvoyé de l'E2C (motif : irrespectueux). Un
autre stagiaire a fait des allers-retours dans le projet jusqu'à ce
qu'il décide d'abandonner. Cela ne l'intéressait pas parce qu'il
trouvait ça trop dur. Il ne m'en a pas dit plus, mais je pense, pour
l'avoir vu lors des séances, qu'il était ailleurs, il ne
s'impliquait pas. A chaque question il
répondait : « ch'sais pas ». Je crois
qu'il ne savait pas non plus ce qu'il faisait à l'E2C. Il a
quitté l'E2C également pour cause d'absences
répétées. Au mois de février, 4 stagiaires tiennent
le projet et encore, ils ne sont pas toujours présents en même
temps. Le PDG de la mini-entreprise avait disparu de la circulation pendant
deux semaines. Il ne venait plus aux séances. La formatrice me disait
que l'on ne pouvait pas le licencier car il fallait organiser une
Assemblée Générale et que cela nous obligerait, soit
à fermer la mini-entreprise soit à renommer un autre PDG. Or, il
nous manquait du temps et de toute façon aucun des stagiaires ne voulait
prendre ce poste. Je comprends que l'important maintenant, c'est d'aller au
concours.
Dans ce contexte, des questions me trottaient dans la
tête: « en quoi un projet collectif tel que la
mini-entreprise, apporte-t-il un plus en terme d'apprentissage? À qui
profite-t-il ? Et dans quel but ? Où se place le
formateur dans ce type de projet ? ».
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