6.5 Analyse
de l'entretien exploratoire
Cette analyse m'a permis de mettre en évidence les
points suivants :
Premier thème : La formatrice me fait
comprendre que ce projet n'est pas compatible avec les stagiaires :
« Bon alors, je vais dire que le projet de la mini-entreprise tel
qu'il est écrit, conçu comme il est là n'est pas
forcément adapté au public de l'E2C... »
« ...ces jeunes là, des problèmes d'adaptation, des
problèmes de travailler dans le temps, d'organisation, je dirais aussi
des problèmes de s'adapter sur un projet comme ça qui est sur la
durée, c'est des jeunes qui ne se projettent pas donc qui travaillent
quasiment au jour le jour sur un projet comme ça qui est et qui n'aura
de résultats réellement visibles que dans la durée,»
L 3-13
Deuxième thème : Concernant
l'apprentissage des apprenants :
« La partie administrative, apprentissage qui
nécessite des connaissances de base quand même assez solides,
beaucoup d'autonomie. Ca c'est des choses que la plupart de nos jeunes n'ont
pas hein » L14-16
« ... L'apprentissage il est plus au niveau des
« savoir être » parce que ça va être
construire quelque chose en groupe » L 109-110
Elle compare le système scolaire et ses méthodes
de travail que l'E2C n'a pas :
« ces phases administratives qui sont
indispensables mais qui sont longues, elles sont difficiles à faire pour
eux et d'AUTANT PLUS difficiles que j'pense que ils n'y mettent pas
l'investissement que quelqu'un qui est déjà dans un processus
scolaire, qui est déjà dans un dispositif d'apprentissage
quotidien, ils ont déjà des méthodes de travail, des
habitudes de travail, des habitudes d'être dans des cours de 8h du matin
à 18h, ces choses-là, nous, on les a pas ici, nos jeunes ici ne
les ont pas. » L26-32
Troisième thème : Le temps pose des
difficultés quant à la mise en oeuvre du projet, elle me fait
comprendre qu'elle a une surcharge de travail et par conséquent un
manque de temps pour accompagner les apprenants dans leur projet.
« Il faut être là, ça veut
dire que dans un planning, ça représente énormément
de temps, que les projets collectifs pour les formateur
référents, sont des choses qui sont en plus de leur quotidien de
formateur. Il faut gérer ça en plus des groupes, en plus des
problèmes que l'on a sur nos groupes. Et, on considère ces jeunes
là, comme si c'était un groupe finalement. Je me rends compte
finalement que la mini-entreprise, c'est comme si j'avais intégré
une nouvelle promotion, ça me prend pratiquement autant de temps. Mais
ce n'est pas du tout le même objectif » L 273-279
Quatrième thème : Puis elle parle
des rôles que la mini-entreprise impose aux stagiaires :
« Donc le risque de confusion, j'vais dire que chez
certains c'est possible. Ca, ça va dépendre de l'état
psychologique de chacun, et du moment. En fait finalement je
réfléchissais à ça et je pense quand ils se sentent
surchargés par le travail que demande la mini, à un moment il
peut y avoir confusion effectivement hein parce que parce que finalement c'est
un rôle, un rôle qu'on leur demande de jouer et mais effectivement
quand ils quittent les locaux eh ben ils ne sont plus dans c'rôle
là, ils sont eux-mêmes, » L222-228
Cinquième thème : L'autonomie fait
défaut aux stagiaires, la formatrice semble dire qu'ils ne sont pas
suffisamment impliqués dans le projet pour devenir autonome.
« Si les jeunes étaient
complètement autonomes, qu'on avait juste à leur dire
voilà : « aujourd'hui vous êtes réunis pour la
mini, vous savez qu'elle est l'étape, que vous devez gérer
aujourd'hui, gérez votre étape. Hein, voilà, est ce qu'ils
sont capable d'aller chercher leur clé USB, d'aller lire l'étape,
de bien comprendre l'étape, de bien voir où ils en sont, ou faire
la synthèse de ce qui......................... ! Ils ne sont pas
suffisamment autonomes pour ça. On est obligé d'instruire quand
même. Et puis aussi, faut leur dire non parce que, on ne doit pas faire,
on ne fait pas pour eux. » L282-288
Ce cinquième thème mérite une analyse
critique quant à l'autonomie. En effet, il me semble que le formateur
doit se positionner dans ce type de projet, en tant que personne ressource pour
l'apprenant. Il n'est pas concevable de laisser l'apprenant se
« dépatouiller » avec son projet. Il s'agit de le
guider et de l'aider dans ses recherches. L'idée est de lui faire
prendre conscience de son apprentissage tout en lui laissant le choix. Lui
faire dire les choses ; faire en sorte que chaque apprenant pose des
questions et qu'il cherche par lui-même les réponses. Le
rôle du formateur devient dans ce cas, celui de tuteur ; il devient
la personne ressource qui fournit des conseils pour la planification et
l'exécution du projet. Le tuteur doit gérer la dynamique propre
au groupe et les processus de réflexion, mais ne prend pas de
décisions à la place du formé. Il ne mène pas le
projet, il veille au bon déroulement de ce dernier. Si les apprenants
rencontrent des difficultés, le rôle du tuteur est de se
positionner en tant que personne d'aide, mais sans résoudre les
problèmes à leur place. Ce rôle est comparable à
celui de mon guidant pour mon mémoire. En effet, il me donne les grandes
orientations, des conseils, etc... mais jamais ne fait à ma place. C'est
de cette façon que je deviens et me sens autonome. L'autonomie n'est pas
possible sans une aide de conseil extérieur, me semble t-il.
Cette première analyse me permet de faire
évoluer mon questionnement et de voir plus clair. Ceci dit, je
reviendrai sur cet entretien que j'analyserai plus en profondeur dans le
chapitre 4, consacré à l'analyse des contenus de mes
entretiens.
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