1- 2-1 Les pratiques marketing :
· Le choix des canaux de distribution peut procurer un
avantage concurrentiel durable, car il constitue le principal
élément réel de différenciation des enseignes dans
un secteur caractérisé par la banalisation des produits et par
une concurrence des prix peu crédible. Le marché de masse
requiert une décentralisation géographique de l'offre et des
services standardisés. Le premier établissement au
Sénégal selon la taille du bilan est la SGBS qui est la banque
qui a le réseau d'agences le plus important. Voici les données
des principales banques.
en millions
Banques
|
Nombre d'agences
|
Total bilan au 31 décembre 2000
|
SGBS
|
17
|
251 775
|
BICIS
|
15
|
175 400
|
CBAO
|
9
|
130 658
|
Crédit Lyonnais
|
2
|
100 915
|
BST
|
3
|
35 270
|
Citibank
|
1
|
97 375
|
Ecobank
|
1
|
31 389
|
Nous avons indiqué plus haut que les autres banques de
réseau, BICIS, CBAO et BST ont notablement augmenté leurs nombres
d'agences durant ces deux dernières années. Cependant, ces
pratiques de course à l'ouverture de guichets ont
révélé leurs effets négatifs (ailleurs) dès
que la saturation a été atteinte : problème de
productivité et de rentabilité. Les bilans des
établissements affichent des résultats positifs mais il n'y a pas
de comptabilité analytique portant sur les entités. Il existe
probablement un système de subventions croisées entre les
différents secteurs de la banque qui couvre des disparités qu'une
analyse fine pourrait mettre facilement à jour.
· Ces banques ont également adopté le
concept de «banque à accès multiples »
mêlant les nouvelles ressources technologiques et les agences
classiques.
|
TÉLÉMATIQUE
D'ENTREPRISE
|
DAB
|
SERVEUR VOCAL
|
CARTE DE PAIEMENT
|
SGBS
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
BICIS
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
CBAO
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
BST
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Citibank
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Non
|
§ La télématique d'entreprise est devenue
incontournable pour les banques, car elle constitue une commodité
certaine pour les entreprises en ce qu'elle permet à celles-ci de
gérer leurs comptes bancaires à partir du terminal
installé dans leurs locaux. Le répondeur automatique (serveur
vocal) a été mis en place en premier par la SGBS et les autres
grandes banques l'ont suivi aussitôt.
Des études menées en France ont montré
que la banque par téléphone par contact classique entre le client
et le personnel ne permet de réduire les coûts que de 30 %, alors
que la banque par téléphone avec répondeur
représente, comme la banque sur micro ordinateur une économie de
80 % pour le banquier («banque : le retour en grâce des
réseaux » Enjeux les échos Mai 1998 P. 76).
§ Les distributeurs automatiques de billets sont
particulièrement appréciés par la clientèle parce
que :
ils réduisent le temps d'attente et de
déplacement ;
ils sont disponibles à tout moment ;
ils sont d'une relative facilité d'utilisation (et le
vigile peut aider certaines
personnes).
§ Les serveurs vocaux sont très utilisés
principalement pour les consultations de comptes, par une clientèle peu
riche qui doit surveiller particulièrement les mouvements de leurs
comptes pour éviter des désagréments.
§ Les cartes de paiement sont utilisées par une
clientèle d'hommes d'affaires et de hauts cadres dans quelques commerces
équipés de TPE (terminal de paiement électronique) et le
plus souvent à l'étranger.
Tous ces nouveaux outils ou commodités mis à la
disposition de la clientèle génèrent des ressources pour
la banque. Les cartes de retrait sont par exemple vendues à tous ceux
qui retirent leurs salaires aux guichets de la banque et des commissions sont
prélevées sur les retraits.
Pour la télématique d'entreprise, en plus de
supporter la charge d'un micro-ordinateur, le client doit assumer les
transmissions à la banque par sa ligne téléphonique et
payer un abonnement à la banque (environ 50 000 F cfa/mois).
· Les facilités de crédit à la
clientèle des particuliers constituent maintenant une pratique
très répandue au niveau des banques. Toutes les banques de
réseau ont emboîté le pas à la SGBS qui est le
premier établissement à s'intéresser véritablement
à la clientèle des particuliers. Le marché de la
clientèle des entreprises étant assez réduit et
particulièrement ciblé par les autres banques surtout les banques
monoguichets, le financement du crédit à la consommation s'est
avéré un gisement d'affaires intéressantes pour les
banques capables de prendre en charge cette préoccupation des
particuliers. Il s'agit de prêts à court et moyen terme qui sont
souscrits pour faire face à des événements (mariage,
fêtes religieuses etc...) ou pour acquérir un bien
d'équipement et les délais de remboursement ne dépassent
pas 4 ans en général. Les crédits déclarés
par les banques à la centrale des risques ont connu l'évolution
ci-dessus au 31 décembre 2000.
en millions évolution des
crédits
|
1998
|
1999
|
2000
|
Court terme
|
14 719
|
12 797
|
13 832
|
Moyen terme
|
15 843
|
17 320
|
18 600
|
Les crédits à moyen terme se développent
plus parce qu'ils s'accommodent mieux aux besoins de la clientèle, ce
délai permet aux banques d'asseoir des remboursements moins lourds pour
une clientèle peu fortunée mais qui a des revenus
réguliers. La principale exigence est la domiciliation des revenus dans
l'établissement bancaire, le montant du crédit dépendant
du niveau de salaire.
La SGBS propose par exemple deux produits
caractéristiques :
Expresso : c'est un produit
destiné au client qui est confronté à une dépense
exceptionnelle dit le dépliant. Dès le dépôt de la
demande accompagnée des pièces justificatives (bulletin de
salaire) une réponse est donnée au demandeur sous 48 heures. Le
crédit est limité à 3 fois le salaire.
Le prêt personnel ordinaire
(PPO) : Par contre permet de faire face à des
projets immédiats ou à une opportunité, le dépliant
montre un homme debout à côté d'un
réfrigérateur et d'autres appareils
électroménagers. C'est un prêt à moyen terme de 3
à 5 ans au plus destiné à satisfaire une clientèle
avide de biens d'équipement.
La CBAO propose aux sociétés de bon standing des
protocoles qui permettent à leur personnel de bénéficier
de prêts de la banque sans tenir compte de l'ancienneté de leurs
comptes personnels. Elle peut même accepter que le salaire ne soit pas
domicilié mais qu'un virement permanent soit fait. Cet
aménagement permet à cet établissement de mener des
opérations avec la clientèle déjà attachée
à d'autres banques et traduit aussi le souci de la banque
sénégalaise de prendre en charge les besoins et attentes du
marché
· La collecte de ressources stables par la mise en place
et la promotion de produits adaptés semble être une grande
préoccupation des banques. L'application des ratios prudentiels les
pousse à essayer d'orienter l'épargne vers des formes plus
stables. L'évolution des ressources à terme des banques est
marquée par une hausse de 82 milliards (+ 23 %) en 2000, plus forte que
celle de 1999 et de 1998 où elle se situait respectivement à 33
milliards (+ 10 %) et 3 milliards (+ 1 %). Alors que la progression des
dépôts à vue ressort à 42 milliards (+ 15 %) en 2000
contre 19 milliards (+ 7 %) l'année précédente.
(source : rapport commission bancaire de l'UMOA année 2000).
Les produits qui comportent une durée de phase
d'épargne sont privilégiés car le terme de
l'épargne est convenu et les retraits ne sont pas autorisés ou
sont assujettis à des pénalités. Toutes les grandes
banques passent de la publicité dans les médias pour lancer ou
promouvoir des produits Plan Epargne Logement (PEL) ou Plan Epargne
Crédit (PEC) parce qu'elles semblent y trouver un intérêt
accru. Le compte d'épargne ordinaire est très demandé par
les sénégalais mais il est également souvent visité
par le déposant, et beaucoup plus maintenant que les livrets à
feuillets multiples dans lesquels les opérations étaient
retracées sont remplacés par des cartes utilisables dans les
guichets automatiques de banques Seule la BST qui met en place
présentement un réseau d'agences essaie de diffuser largement un
produit d'épargne ordinaire à travers son produit
« épargne xeewël » et cela est
compréhensible cette banque ayant des stratégies de
positionnement et de part de marché à gagner après sa
restructuration. Le taux d'intérêt servi est
un discriminant favorable à l'épargne contractuelle. Les
comptes d'épargne ordinaires sont en effet
rémunérés à 3,5 % alors que les plans
épargne sont rémunérés à 4,25 %
actuellement. Toutefois il faut noter que les taux d'intérêts des
comptes d'épargne sont fixés par la banque centrale, tandis que
les taux d'intérêts des plans épargne sont libres. Ces
derniers taux sont fixés par les banques en tenant compte de
l'évolution des taux du marché monétaire, mais ils sont
quasi identiques pour ces produits en ce moment.
· Par une extension de l'intermédiation les
banques essaient de prendre en charge les énormes besoins de financement
des Etats et des grandes sociétés. En effet, les banques lancent
de plus en plus d'emprunts obligataires pour leur propre compte ou pour le
compte de leur clientèle. « L'intermédiation
désigne un financement externe indirect et réalisant une double
transformation qui correspond à la principale fonction
bancaire(Courbis 1987). Il se trouve que cette forme
d'intermédiation de bilan peut reposer sur d'autres actifs financiers
que le crédit, comme l'émission de valeurs mobilières.
C'est ce que l'on a qualifié d'une intermédiation de bilan par le
marché.
Citibank a été la première banque
à utiliser cette technique pour financer les opérations de
campagne agricole au profit de la SONACOS. L'offre de financement est faite
à quelques sociétés détentrices de
liquidités importantes à la banque et le taux accordé est
supérieur au taux servi par les comptes à terme. En 2000,
l'emprunt obligataire de la SONACOS était rémunéré
au taux de 6,25 % alors que les taux des comptes à terme gravitaient
autour de 4,5 %. L'avantage est que la dette n'est plus couverte par la banque
mais par un autre agent se portant acquéreur du titre. Les banques font
du commerce des titres pour autrui et ceci paraît être un
créneau fort juteux puisqu'elles prélèvent des commissions
et des frais sur les opérations. En 2001 la BICIS a rejoint la Citibank
pour assurer le financement de la campagne arachidière mais la SONACOS a
eu du mal à respecter les échéances. Ces financements de
campagne se déroulent à court terme (12 mois en
général) contrairement à la plupart des autres emprunts
obligataires. La BICIS a émis en 1999 des obligations, la BST en a fait
de même en 2000, en vue de lever des fonds importants pour leur compte.
On parle d'émission à titre privé quand l'opération
n'est pas côtée par la bourse régionale des valeurs (BRVM)
et d'émission à titre public quand la BRVM intervient. Enfin ces
opérations doivent être autorisées par la BCEAO. Les
crédits de campagne sont donc sortis des bilans alors que le poste
«autres dettes à terme » qui renferme entre autres
les emprunts de la banque se maintient :
EN MILLIONS ÉVOLUTION DES
CRÉDITS DE CAMPAGNE
|
1997
|
1998
|
1999
|
Actif
Crédit de campagne
|
10 402
|
12 691
|
426
|
Passif
Autres dettes à terme
|
188 778
|
175 181
|
181 842
|
L'intérêt de ce type de ressource est qu'elle est
souscrite pour une longue durée 3 à 5 ans habituellement.
· La constitution d'une image de marque est un objectif
poursuivi par les banques. Les anciennes filiales de banques françaises
bénéficient d'une bonne notoriété mais n'ont pas en
réalité une image distinctive auprès des clients. On
respecte leur puissance financière surtout après la
débâcle des autres banques, des expatriés y travaillent ce
qui pour certains est un gage un sérieux, leurs sièges sont
installés au coeur de la capitale, mais à terme cette
uniformité pourrait se révéler handicapant.
La SGBS a été la première banque à
lancer les guichets automatiques de banque (GAB), à mettre en place un
serveur vocal opérationnel, à ouvrir une agence
dédiée à la clientèle entreprise, à accorder
des découverts automatiques sur les comptes particuliers et à
aménager de manière particulièrement soignée les
espaces « clientèle privilégiée ». Ces
innovations la font paraître comme une banque dynamique, efficace devant
les sollicitations de la clientèle. La BICIS a été
toujours présentée comme une institution solide et très
rigoureuse voire parcimonieuse dans ses interventions. Le refus
systématique que son ancien dirigeant opposait aux autorités pour
le financement des campagnes agricoles ainsi que son intransigeance vis
à vis des demandes du personnel sont des indications qui confortent
cette image au sein du public. La sobriété des locaux du
siège, le classicisme de l'architecture et de l'aménagement de la
nouvelle agence « prestige » font penser à un
établissement qui fonctionne à l'économie ce qui est gage
de sérieux et de célérité dans ce secteur.
La CBAO semble miser sur les collaborateurs pour asseoir son
identité propre. Il y a eu récemment un renouvellement important
du personnel d'encadrement avec l'arrivée de cadres chevronnés
qui officiaient dans les autres banques. Certains disent que l'ancienne
direction mettait l'accent sur la rigueur et le contrôle au
détriment du crédit qui devrait rester la principale
activité. On fait appel aux compétences, on renforce le sentiment
d'appartenance collectif par une meilleure communication interne et on choisit
un positionnement spécifique différenciateur. C'est ainsi que
beaucoup de PME-PMI sont venues à la CBAO à cause de l'accueil
client qui est devenu plus attentif et de la rapidité dans la prise de
décision l'accord du président du conseil Monsieur MIMRAN
étant suffisant. En outre les traites sont escomptées assez
rapidement, des avances sont accordées sur présentation d'une
attestation de services faits. La banque, en se contentant du nantissement du
marché pour effectuer l'avance, a pu ainsi beaucoup travailler avec les
entreprises qui remportaient les marchés de l'AGETIP. Cette
rapidité et cette simplicité imprimées dans les
procédures sont fort appréciées par la clientèle.
Les cadres que nous avons rencontrés ont, à notre avis, un style
moins compassé que ceux de la SGBS ou de la BICIS par exemple. Les
résultats sont heureux puisque la CBAO avec ses 55 milliards F CFA
d'épargne reçus de sa clientèle en 2000 contre 48
milliards au 31 décembre 1999, creuse l'écart par rapport
à la concurrence confortant son leadership sur ce type de produit
« gage d'une solide confiance des épargnants »
dit-on.
· Des tentatives de fidélisation de la
clientèle. La constitution d'un lien de longue durée entre le
client et l'entreprise est un objectif fondamental. Reposant sur un
échange d'informations et de récompenses, la fidélisation
de la clientèle permet de développer la relation, au
bénéfice des deux parties. Le principal critère
exigé dans la distribution du crédit est l'ancienneté du
compte bancaire, en dehors du niveau de revenu. Et les banques confortent cette
règle dans des produits très courus en ce moment par la
clientèle des particuliers. Il s'agit des crédits à court
et moyen terme automatiques. La banque s'engage formellement à octroyer
un crédit aux clients dont les comptes ont une certaine permanence dans
l'établissement, la durée du compte et l'effort d'épargne
étant mis en exergue.
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