2.1.2 Les facteurs démographiques.
Ils expliquent l'évolution de la population scolaire
par des variables essentiellement démographiques. Autrement dit, le
changement des effectifs des enfants scolarisés serait tributaire de la
variation des phénomènes démographiques (variation de la
population d'âge scolaire : fécondité, migration) du pays
et de celle des caractéristiques démographiques des
ménages (taille du ménage, structure du ménage par sexe).
Ces facteurs comportent plusieurs dimensions dont la taille du ménage,
la structure par sexe et par âge du ménage, le sexe et le statut
familial de l'enfant.
a- La taille du ménage
En ce qui concerne la taille du ménage, la
littérature tente de montrer le lien qui existe entre la quantité
et la qualité des enfants. Le sens de la relation est très
difficile à établir tant elle varie d'un continent à
l'autre. C'est ainsi que les études réalisées en Asie du
Sud Est aboutissent à une relation négative tandis qu'en Afrique,
au sud du Sahara elle est presque inexistante, sinon positive (Kobiané,
2002). Les théories basées sur les modèles
économiques de la fécondité tendent à justifier une
relation négative entre la qualité et la quantité. Mais
des travaux réalisés en Afrique subsaharienne montrent que la
relation entre le nombre d'enfants et leur scolarisation est positive (Marcoux,
1995).
b- La structure du ménage
La relation entre la structure du ménage et la
scolarisation est loin d'être stable. Elle varie suivant les pays et
dépend fortement des spécificités du contexte. Selon des
travaux sur la structure par âge du ménage, la présence et
le nombre d'enfants à bas âge (moins de 6 ans) affecterait
très peu la scolarisation des enfants de 6-14 ans et toucherait
davantage celle des jeunes de 15-24 ans, et surtout celle des jeunes filles,
à qui serait probablement transférée la
responsabilité de la garde des plus petits (Wakam, 2003). La
présence des femmes adultes et âgées dans les
ménages favorise la scolarisation des enfants des deux sexes tandis que
celle des hommes adultes et âgés tend à réduire la
scolarisation des filles (Wakam, 2003 et Marcoux, 1994). Une tentative
d'explication de ces constats est que les enfants sont souvent retenus à
la maison pour des travaux domestiques. Cela pourrait donc
se résoudre avec l'embauche de domestiques et d'aides
familiales selon les moyens économiques du ménage.
c- Le sexe du chef de ménage
Concernant le rôle joué par le sexe du chef de
ménage, la littérature montre que les enfants qui vivent dans les
ménages dirigés par les femmes, ont plus de chances d'être
scolarisés que ceux des ménages pris en charge par les hommes. Et
cela quel que soit le niveau de vie considéré. Encore surprenant,
Kobiané (1999) montre, à travers une étude à
Ouagadougou, que c'est dans les ménages les plus pauvres que les femmes
ont la plus forte propension à scolariser les enfants que les hommes.
Mais auparavant, Wakam (1998) a montré que la scolarisation est mieux
assurée et de façon moins inégalitaire par les
ménages dirigés par les femmes que ceux dirigés par les
hommes.
d- Le sexe de l'enfant
Dans une société patriarcale, le système
de reproduction sociale est tel que l'on privilégie la réussite
sociale du sexe masculin. Particulièrement pour l'éducation, les
filles sont défavorisées au profit des garçons. Cela s'est
confirmé au Ghana et au Sénégal où, Pilon et
Clevenot (1996) et De Vreyer (1993) ont trouvé que les parents accordent
plus de faveur à la scolarisation des garçons qu'à celle
des filles. Toutefois, le choix du sexe à scolariser pourrait être
conditionné par les capacités économiques, les perceptions
culturelles des parents ainsi que le statut familial de l'enfant.
e- Le statut familial de l'enfant
Selon la littérature, le statut familial des enfants
induit des inégalités de scolarisation entre ceux-ci, de par la
survie ou la présence des parents dans le ménage. Ainsi, les
enfants orphelins d'une part et ceux ayant les parents hors du ménage
sont plus défavorisés en matière de scolarisation (Gouem,
2005). Cependant, il existe certains contextes de familles élargies
où la scolarisation d'un enfant ne dépend pas uniquement de ses
parents biologiques car «dans une famille africaine l'enfant a un ou
plusieurs père et une ou plusieurs mères » (Bledsoe,
1990). Le réseau de parenté intervient donc dans les
décisions à prendre concernant un enfant. Ce réseau peut
avoir des élans économiques pour permettre une solidarité
envers les familles moins aisées en favorisant le `'confiage» ou
l'assistance aux parents. Cependant, Caldwell (1992) a montré que
l'assistance de la famille étendue crée des avantages pour la
scolarisation des enfants et des coûts pour leurs
responsabilités, des coûts d'assurance pour
élever d'autres enfants notamment des jeunes frères, des
nièces, etc.
Les caractéristiques démographiques de la
famille ou du ménage influenceraient donc d'une manière
mitigée la scolarisation de l'enfant. Cela nous fait penser que les
familles auraient chacune une façon de s'adapter à leurs
contraintes en développant des stratégies plus ou moins
favorables à la scolarisation.
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