Appartenance socioculturelle et scolarisation des enfants au Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Lonkila Moussa ZAN Université de Yaoundé II - DESSD 2007 |
Organisme Inter-Etatique République du Cameroun Université de Yaoundé II INSTITUT DE FORMATION ET DE
RECHERCHE 27e promotion APPARTENANCE SOCIOCULTURELLE ET SCOLARISATION DES ENFANTS AU BURKINA FASO MEMOIRE DE FIN D'ETUDE Présenté et soutenu
par : Pour l'obtention du Diplôme d'Etudes
Supérieures Spécialisées en Démographie
(DESSD) Jury : - Dr. Hélène KAMDEM (Présidente) - Dr. Samuel NOUETAGNI (Lecteur) - Pr. Jean WAKAM (Directeur) Yaoundé, Octobre 2007 Ave~k~ssevve vk Les opinions émises dans le présent
mémoire sont propres à son La présente étude est basée sur les
données issues de DÉM Lcm ces je manifeste mon infinie ceconnaissance à eie u gui, ~oujours, m~afait jrâce dans la ~ie. ela mémoire de monjcère ârissa zee° ela mémoire de ma mère 'gita «Charlotte megocee tous ceux rui, dejcrès ou loin, mejcortent dans leurs ccurs et me soutiennent ; emesfrères et scurs rui, toujours, ont mis leur confiance en moi ; etous ceux ~ui me sont c%ers ; ~edédie ce mémoire. ~evv,erci,evv,e1A,t.s .Not~e (a~mation à l'.7notitut de gotmation et de Xechexche Démogiaphiqueo (.75aXD) oe te/mine pat la p~éoentation de ce m~deote t~avail de techexche qui ne tep~éoente qu'une infime pattie de ce que noua avono apptio à l'inotitut. .Nouo ne lui en oeutno jamaio aooe.z teconnaiooant, main noua fatmulono noo teme/ciementa à tout M~n peue~nnel adminiottatif et enceignant, en patticulie4 $ au ffltafeooeuit Evina axa.M et l'adminiottateu~ E. 'u~tin atEDXacça qui n'ont ménagé aucun e~~att pou~ le bon déroulement de ceo deux année) de fa~mation dont ce t~avail eot un indicateut . au p~afeooeut 'ean'%M.M pou~ Mn objectivité, oa tigueux ocientifique et méthodologique que Pévèle con humaniome généteucc. au Docteu~ Samuel .NatEf"1"aç.N.7 et au Docteu~ fflatfait .M. E. E.NlEçlE pou~ avai accepté la lectu~e et la telectute de ce document. .N temexciemento vont à toua ceux qui, de ptèo ou de loin, ont conteibué à la téalioation de ce tuavail. .Noua penoono patticuliè~ement $ a laditection de l'.7notitut .National de la Statiotique et de laDémwgiaphie (.7.NSD) et à la di ection du ffltajet de Développement du Sgetème Statiotique .Nationale (fflDSS.N) qui ont conotitué leo p~omwteuto de notee (a~mation. a .Monoieut %damaf"1".7E.NDXEDE(ç~ de l '.7.NSD qui o'eot inveoti pou~ noua pexmettte d'obteni leo donnée) de cette étude. a tou~ leo étudianto de la 25ème et 26ème p~amatian de l'.75fXD pou~ leo conoeilo d'aînée, dont noua avono Bénéficiée au cou~a de n~tue (a~mation. a tou~ leo étudianto de la 27ème p~amatian, n~tamment ceux qui ont étudié la ocalatioation, pou~ l'atmwophè~ec~nviviale et ~~ate/nelle d'étude, de t~avail et d'échangeo dan) laquelle noua avono vécu.
ACP : Analyse en Composantes Principales BAC : Baccalauréat BEPC : Brevet d'Etude du Premier Cycle BIT: Bureau International du Travail CAP: Connaissances/Croyances, Attitudes et Pratiques CEP : Certificat d'Etude Primaire CEPED: Centre Population et Développement CERPOD: Centre d'Etudes et de Recherches sur la POpulation pour le Développement CICRED: Comité International de Coopération dans les Recherches Nationales en Démographie CFA : Communauté Financière Africaine CM : Chef de Ménage CONAPO : Conseil National de la Population DESSD: Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie DSA: Dimensions Sociales de l'Ajustement EDSBF : Enquête Démographique et de Santé du Burkina Faso ENEP : Ecole Nationale des Enseignants du Primaire ENSEA: Ecole Nationale Supérieure d'Economie Appliquée EP: Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages EPT : Education Pour Tous FASAF : FAmille et Scolarisation en AFrique FNUAP : Fond des Nations Unies pour les Affaires de Population IFORD: Institut de FOrmation et de Recherche Démographiques INA : Institut National d'Alphabétisation. INED: Institut National d'Etudes Démographiques INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie IP : Indice de Parité IRD: Institut de Recherche pour le Développement (ex ORSTOM) MASSN : Ministère de l'Action Sociale et de la Solidarité Nationale MEBA : Ministère de l'enseignement de Base et de l'Alphabétisation MESSRS : Ministère des Enseignements secondaire, Supérieurs et de la Recherche Scientifique ORSTOM : Office de Recherche Scientifique pour les Territoires d'Outre Mer. PAS : Programme d'Ajustement Structurel PDDEB : Plan Décennal de Développement de l'Education de Base PIB : Produit Intérieur Brut PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PUF: Presses Universitaires de France RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitation ROCARE: Reseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education UEPA: Union pour l'Etude de la Population Africaine UERD : Unité d'Enseignement et de Recherche en Démographie UNESCO: Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture UNICEF: Fond des Nations Unies pour l'Enfance ZD: Zone de Dénombrement TBS : Taux Brut de Scolarisation TNS : Taux Net de Scolarisation
Avertissement i Dédicaces ii Remerciements iii Liste des sigles, acronymes et abréviations iv Table des matières v Liste des tableaux vii Liste des figures et graphiques viii Résumé ix INTRODUCTION GENERALE 1 CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE 5 1.1 Présentation générale du Burkina Faso 5 1.2 Caractéristiques socioculturelles 6 1.2.1 Caractéristiques ethniques 6 1.2.2 Caractéristiques religieuses 7 1.2.3 Caractéristiques socio linguistiques 8 1.3 Caractéristiques du système éducatif 8 1.3.1 Etat et structure du système éducatif 9
1.3.2 Les faiblesses du système scolaire 10 Conclusion partielle 10 CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE 12 2.1 Revue de la littérature 12 2.1.1 Les facteurs du système scolaire : l'offre scolaire 12
2.1.2 Les facteurs démographiques. 14
2.1.3 Les facteurs économiques 16
2.1.4 L'approche sociologique 19
2.1.5 L'approche par les facteurs socioculturels 21
2.1.6 Synthèse : Importance et orientation générale de l'étude 25 2.2 Cadre conceptuel et hypothèses de l'étude 26 2.2.1 Schéma conceptuel et hypothèses de l'étude 26 2.2.2 Définitions des concepts 27 Conclusion partielle 29 CHAPITRE III : CADRE D'ANALYSE ET ASPECTS METHODOLOGIQUES 30 3.1 La source de données 30 3.1.1 L'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1998 30 3.1.2 L'échantillonnage 31 3.1.3 Le questionnaire 31 3.2 Cadre analytique 32 3.2.1 Les variables d'analyse 32
3.2.2 Schéma d'analyse 35 3.3 Evaluation de la qualité des données 36 3.3.1 Evaluation des taux de non-réponse 36 3.3.2 Evaluation de la qualité des données sur l'âge 37
3.4 Méthode d'analyse 41 3.4.1 Analyse descriptive 41 3.4.2 Analyse explicative 41
Conclusion partielle 43 CHAPITRE 4 : CARACTERISATION DES ENFANTS AGES DE 6 A 14 ANS ET ANALYSE DIFFERENTIELLE DE LEUR SCOLARISATION 44 4.1 Caractérisation des enfants de 6-14 ans selon l'ethnie et la religion 44 4.1.1 La répartition selon le milieu de résidence 44 4.1.2 La répartition selon le niveau d'instruction du chef de ménage (CM) 45 4.1.3 La répartition selon de niveau de vie du ménage 46 4.1.4 La répartition selon le sexe du chef de ménage (CM) 47 4.2 Analyse différentielle de la scolarisation des enfants de 6-14 ans 48 4.2.1 Estimation du niveau de la fréquentation scolaire 48
4.2.2 Scolarisation différentielle selon l'appartenance socioculturelle du chef de ménage 53
Conclusion partielle 58 CHAPITRE 5 : ETUDE EXPLICATIVE DE LA SCOLARISATION SELON L'APPARTENANCE SOCIOCULTURELLE 60 5.1 Appartenance ethnique et scolarisation 60 5.1.1 Généralités 60 5.1.2 Influence de l'ethnie sur la scolarisation 62
5.2 Appartenance religieuse et scolarisation 68 5.2.1 Généralités 68 5.2.2 Influence de l'appartenance religieuse sur la scolarisation 71
Conclusion partielle 75 SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE 77 BIBLIOGRAPHIE 81 ANNEXE I
Tableau 3.1 : Taux de réponse des variables 37 Tableau 3.2 : Indices de Whipple et de Myers 39 Tableau 3.3 : Taux de scolarisation des enfants de 6 à 14 par âge et par sexe 40 Tableau 4.1 Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le milieu de résidence 45 d'instruction du CM 45 de vie du ménage 46 chef de ménage (CM) 47 religieuse du chef de ménage 50 Tableau 4.6 : Taux de scolarisation au primaire selon l'appartenance ethnique et religieuse 50 Tableau 4.7 : Espérance de vie et de survie scolaire des enfants entre 6 et 14 ans selon l'appartenance ethnique et religieuse du chef de ménage (CM)
52 le sexe de l'enfant 53 milieu de résidence 55 et le niveau d'instruction du chef de ménage
56 et le niveau de vie du ménage
57 et le sexe du CM 58 l'appartenance ethnique du CM
61 de l'appartenance ethnique 63 résidence en fonction de l'appartenance ethnique
65 d'instruction du CM en fonction de l'appartenance
ethnique 67 l'appartenance religieuse du CM
70 fonction de l'appartenance religieuse
72 résidence en fonction de l'appartenance religieuse
73 d'instruction du CM en fonction de l'appartenance religieuse 74 Tableau A.1 : Variables retenues pour la construction de l'indicateur du niveau de vie du ménage II Tableau A.2 : Taux de réponse des variables utilisées pour la construction de l'indicateur du niveau de vie III Tableau A.3 : Répartition des ménages selon leurs caractéristiques et leur niveau de vie IV Tableau A.4 : Les variables d'analyse et leurs modalités IV Tableau A.5 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de vie du ménage selon l'appartenance ethnique
VI de vie du ménage selon l'ethnie
VII du ménage selon l'appartenance religieuse VIII
Graphique 1.1 : Variation des taux de scolarisation des groupes ethniques 7 Figure 2.1 Schéma explicatif du cadre conceptuel 27 Figure 3.1 : Schéma explicatif du cadre d'analyse 36 Graphique 3.1 : Courbe représentative de la population par âge 38 Graphique 3.2 : Pyramide des âges de la population 38 Graphique 4.1 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14
ans selon l'appartenance ethnique du chef de ménage (CM)
49 ethnique du chef de ménage (CM) 51 Graphique 4.3 : Espérance de vie et de survie scolaire des enfants de 6-14 ans 52
Dans un contexte socioculturel doté de trois grandes religions et d'une soixantaine d'ethnies, le Burkina Faso est l'un des pays en développement où le taux de scolarisation reste encore faible. Même si les avis sont partagés sur les causes de cette sous-scolarisation qui peuvent être socioéconomiques et sociodémographiques, nous pensons que la scolarisation est indubitablement influencée par les perceptions socioculturelles. Partant de cette hypothèse, cette étude se propose comme objectif d'examiner les inégalités entre ethnies et entre religions en matière de scolarisation des enfants âgés de 6 à 14 ans tout en essayant de comprendre si l'influence de l'ethnie ou de la religion est déterminante sur la scolarisation des enfants au Burkina Faso. De cette étude basée sur l'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1998 d'une part et d'autre part sur l'analyse différentielle et explicative, il ressort notamment que :
« Dans de nombreuses communautés ethniques du Burkina il existe des rites d'initiation qui sont des étapes et des parcours dans l'éducation et la formation de l'individu au sein de la société traditionnelle. Ces rites remontent presque toujours aux mythes fondateurs et sont intimement liés à la cosmogonie. Les corps, l'esprit et l'âme sont concernés par ces rites qui visent à former l'individu dans son être global. L'initié reçoit un véritable enseignement sur les choses et la vie, accède à des codes et fait 7 Parmi les critères classiques de différenciation ethnique (linguistique, historique, culturel etc.), la langue est le critère le plus utilisé par les ethnologues l'apprentissage de la responsabilité, de l'esprit de corps, du courage, de l'humilité, de la solidarité et de l'honneur. Parmi ces jeunes initiés du pays gourmantché âgés de 10 à 25 ans, il y a des citadins et des ruraux, des élèves et des travailleurs. Tous sont égaux devant cette école de la vie. Ils vont y acquérir des connaissances, adhérer à une éthique et surtout partager une mémoire. »8 Les différences entre les modes d'organisation et les perceptions de l'éducation propres à chaque ethnie peuvent être des sources d'inégalités entre elles en matière de scolarisation. C'est ce qui fait l'objet de cette étude. Mais avant d'en arriver là, remarquons qu'étant de 22%9 (Kobiané, 2001b), le taux de scolarisation des enfants âgés de 6-14 ans en milieu rural connaît d'énormes disparités inter ethniques : il est plus élevé chez les Gourounsi, 37% et chute à 6% chez les Lobi en passant par 31% pour les Samo et 25% pour les Mossi, comme le montre le graphique 1.1 ci-dessous. Graphique 1.1 : Variation des taux de scolarisation des groupes ethniques
Source : (Kobiané, 2001b) 1.2.2 Caractéristiques religieuses Le pays des hommes intègres, à l'instar de ses deux grands voisins (Le Mali et Le Niger) a une population qui, dans sa majorité demeure musulmane. L'Islam est pratiquée 8 Le texte ci-dessous comme tous les documents de cette page sont tirés du film documentaire "le Burkina Faso" de Gaston Kaboré, sur le site http://kibare.club.fr/bproj5ab.htm#sommet 9 Ce taux est calculé sur la base des données de l'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1994. par 52.4% de la population. Les animistes, dévoués à la religion traditionnelle, forment 25.9% de la population tandis que le Catholicisme et le Protestantisme entretiennent la foi respectivement de 17.6% et 3.1% de la population. « L'Animisme demeure très largement présent dans le pays, malgré les avancées notables de l'Islam et du Christianisme. C'est la religion la plus influente. Fétiches, sacrifices et rituels continuent d'exister même chez les musulmans et les chrétiens. L'Animisme donne une âme à tous les phénomènes naturels. Chaque ethnie possède ses propres Dieux ou génies. Ainsi dans bien des lieux, tel ou tel animal est traditionnellement le fétiche ou animal sacré de ses habitants. Pour rien au monde on ne porterait la main ou on ne mangerait de cet animal, qui quelques kilomètres plus loin est consommé depuis toujours. »10 1.2.3 Caractéristiques socio linguistiques Les langues locales sont d'une grande importance dans plusieurs secteurs de la vie des Burkinabé bien que le statut de langue officielle fait en sorte que le français, qui n'est compris que par 20% de la population, pèse progressivement dans la vie sociale et économique du pays. La mosaïque des langues dans le pays justifie le recours à une langue de communication inter ethnique (MEBA, 2007). Parmi la cinquantaine de langues parlées, trois langues ont eu le statut de langues nationales. Il s'agit du « mooré » qui est la langue véhiculaire à Ouagadougou, du « dioula » et du « fulfundé ». Le mooré est la langue la plus répandue. Parlée par 53 % de la population du Burkina, elle est surtout parlée par les Gourounsis et les Mossis. Le dioula (8,8%), dérivé du « bambara », est la langue du commerce, c'est la langue véhiculaire de l'Afrique de l'Ouest, connue et utilisée historiquement du Sénégal au Nigeria par tous les commerçants. Le foulfouldé, aussi appelé poular ou peulh, est la langue des Peulh, elle est parlée par plus de 6,6 % de la population (MEBA, 2007). 1.3 Caractéristiques du système éducatif L'un des éléments fondamentaux de contexte d'un pays quand on parle de scolarisation est sans doute son système éducatif dont il importe de commenter certains aspects. Les aspects du système éducatif du Burkina Faso qui seront présentés ici concernent la structure du système d'éducation et ses limites. 10 Extrait de la page : http://kibare.club.fr/bproj5ab.htm#sommet 1.3.1 Etat et structure du système éducatif Le système éducatif du Burkina Faso comprend deux grands types d'enseignements à savoir l'éducation formelle et l'éducation non formelle.
En vertu de la loi n° 013/96/ADP portant loi d'orientation de l'éducation, le français et les langues nationales sont les langues d'enseignement : tandis que d'autres langues (l'Anglais, l'Allemand, l'Arabe) sont utilisées comme disciplines d'enseignement. Le système non formel comprend :
Le taux d'alphabétisation est très bas. Il était de 27 % en 1998 (CONAPO, 2000) alors que le seuil selon l'UNESCO pour qu'un pays puisse amorcer son développement est de 40 %. L'accès à l'alphabétisation est marqué par d'énormes disparités entre régions et milieux d'une part, et entre sexes et groupes sociaux d'autre part. 1.3.2 Les faiblesses du système scolaire Le système éducatif du Burkina Faso connaît beaucoup de difficultés dans son fonctionnement. Malgré les efforts d'investissements des secteurs publics et privés, ce dernier est caractérisé par une offre scolaire insuffisante (En 1998-1999, 70% des enseignants étaient des instituteurs adjoints dont 35% seulement étaient titulaires d'une certification) (CONAPO, 2000). Il s'ensuit un faible rendement interne11 et de fait il n'arrive pas à répondre aux attentes des bénéficiaires. D'après le rapport final de l' `'Analyse des résultats de l'Enquête Burkinabé sur les conditions de vie des ménages», `'les raisons de l'insatisfaction vis-à-vis de l'école sont, par ordre décroissant d'importance : l'absence ou l'insuffisance des livres et des fournitures scolaires (73,1%), le manque d'enseignants (15,9%), la qualité de l'enseignement (15,4%), la qualité de l'établissement (7,4%) et d'autres raisons non précisées (8,0%). L'importance de ces raisons varie surtout selon le milieu de résidence, les élèves du milieu rural se plaignant plus du manque de livres et de fournitures scolaires et ceux du milieu urbain se plaignant plus de la qualité de l'enseignement». Conclusion partielle Pays en voie de développement, le Burkina Faso se caractérise par un retard marqué en matière de scolarisation. Un certain nombre de facteurs d'origine plus ou moins socio- économique semble favoriser la vulnérabilité du système éducatif : l'insuffisance quantitative et qualitative de l'offre éducative, une demande d'éducation souvent faible, 11 Au primaire : Sur 100 entrants au CP1, 39 arrivent en fin de cycle dont 10 sans redoublement Au 1er cycle secondaire : Sur 100 entrants en secondaire, 23 obtiennent le BEPC dont 12 sans redoublement (CONAPO) etc. Toute chose pouvant être source de marginalisation d'une frange importante de la population en matière de scolarisation. Pourtant, il est indéniable qu'en plus d'être un droit universel, l'éducation est une condition nécessaire au développement durable. En effet, le développement s'amorce par l'amélioration de l'accès aux services sociaux de base, notamment l'éducation, par la majorité de la population. En matière d'instruction et de scolarisation, les inégalités entre groupes d'appartenance retardent le développement social et inhibe le développement humain durable. En plus, la faiblesse de la proportion de la population qui parle la langue officielle est un corollaire de la sous scolarisation et a pour conséquence un faible accès à l'information sur le plan national. Une recherche des solutions à cette situation s'impose avec acuité, car la résolution de la faible scolarisation n'est possible dans un état d'ignorance de ses causes. Aussi, une analyse des caractéristiques et des causes de la faible scolarisation, est-elle indispensable. Les causes de la faible scolarisation et des disparités en matière de scolarisation ont plusieurs facettes comme l'inspire Ferdinand Rath (1988) : « dans les pays en développement, on peut déceler les aspects relatifs à l'origine sociale qui influent sur l'inégalité : la résidence en zone urbaine ou rurale, le revenu, le sexe, l'ethnicité (l'appartenance tribale) ». Sous cette inspiration, nous allons faire dans le chapitre suivant une revue de la littérature, tout en critiquant si nécessaire, la pertinence des explications proposées. Cela nous permettra d'adopter un modèle conceptuel qui guidera le reste de la réflexion.
Pour mieux aborder l'étude des facteurs socioculturels de la scolarisation, la conception d'un cadre théorique est indispensable. Nous allons tout d'abord procéder à un examen critique de la littérature. Cette revue nous permettra non seulement de prendre connaissance des modèles explicatifs de la scolarisation mais aussi de les confronter entre eux. Au terme de cette revue, nous allons élaborer le cadre conceptuel de l'étude. 2.1 Revue de la littératureAu sens large du terme, l'éducation est l'action des adultes sur les jeunes pour leur transmettre des connaissances, des aptitudes et des comportements jugés nécessaires pour une communauté particulière (Durkheim, 1922). John Dewey donne une définition moins large du terme en disant que : « l'éducation est l'inculcation des connaissances et des aptitudes par un groupe professionnel spécialisé (les enseignants) dans les institutions spécialisées (les écoles, collèges et universités)» (Dewey, 1916, p. 9). Cette définition de J. Dewey semble fonctionnaliste et elle montre que l'éducation devient une action intentionnelle organisée à l'échelle sociale. Ainsi, l'éducation sortant du cadre familial et se faisant dans des écoles devient la scolarisation. La scolarisation se distingue de l'instruction qui est une acquisition systématique, plus ou moins approfondie, dans une institution scolaire ou non, du savoir rationnel basé sur une alphabétisation préalable (Wakam, 2004). La littérature sur la scolarisation en Afrique subsaharienne montre que les comportements vis-à-vis de la scolarisation sont fonction de plusieurs facteurs. 2.1.1 Les facteurs du système scolaire : l'offre scolaireIls jouent un rôle important surtout dans l'explication des inégalités sexuelles d'accès à l'école. Ils déterminent l'évolution de la scolarisation par la disponibilité des infrastructures scolaires qui dépendraient eux-mêmes des capacités économiques des Etats. L'offre éducative « comprend non seulement l'infrastructure éducative, mais aussi le personnel enseignant, le matériel didactique, le contenu de l'enseignement, etc. Ainsi la proximité des infrastructures éducatives, mais aussi leurs équipements, leur accessibilité financière, les qualifications du corps enseignant, etc. sont autant de facteurs qui peuvent influencer la propension des familles ou des parents à envoyer les enfants à l'école ainsi que le choix de l'école. » (Kobiané, 2002). Cette acception systémique de l'offre scolaire implique plusieurs facteurs dans la détermination des attitudes scolaires, de la volonté des parents à la responsabilité des pouvoirs publics en passant par celle des enseignants.
La demande de scolarisation peut être conditionnée par l'accès difficile à l'éducation formelle. En effet, certaines familles ont la crainte d'exposer leurs filles à des agressions physiques et morales si l'école est très distante. A côté de cela, il y a aussi la qualité de l'école et son accessibilité financière (Alderman et al. 2001 cités par Kobiané, 2002) qui pourraient jouer un rôle de frein à la scolarisation, dans la mesure où certains ménages, même ayant la volonté de scolariser, manquent de moyens pour supporter les différents coûts relatifs à la scolarisation. C'est dire que la disponibilité et le coût de l'offre scolaire doivent favoriser son accessibilité de sorte qu'il y'ait une concordance entre les contraintes et les besoins en la matière. 12Il disait en réalité : «La distance physique qui sépare la population des services de santé n'est souvent que de peu d'importance au regard de la distance culturelle ». Il en résulte donc que l'offre scolaire et son accessibilité seront influencées par les caractéristiques économiques et démographiques du pays et de la population. |
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