CONCLUSION
L'objectif principal de cette étude est de
développer un cadre d'analyse basé sur le cadre logique pour la
conduite des projets. De ce point de vue, nous sommes partis des courants de
pensée majeurs dans la litterature scientifique sur les
problématiques liées à la question environnementale
jusqu'aux les objectifs du développement durable dans l'ensemble des
méthodologies de gestion de projet. Nous avons donc mis en
évidence les éléments de convergence entre les concepts de
pertinence, d'efficacité, d'efficience, de durabilité des projets
et l'approche des parties prenantes. Cela est donc vu comme un système
traversé par des revendications reconnues qui ont une valeur
intrinsèque.
Dans la province de Québec, les discours en faveur du
développement durable sont de plus en plus fréquents, mais les
objectifs du développement durable restent encore mal compris. Nul n'est
contre la vertu, mais il n'est pas toujours évident d'intégrer
pleinement ces objectifs dans les processus décisionnels au sein des
entreprises. Ce que propose notre réflexion, les projets de
développement doivent être planifiés en respectant certains
principes, normes et des considérations locales afin de rencontrer les
trois (3) objectifs du développement durable : celui de respecter
l'environnement, d'améliorer l'équité sociale et de viser
l'efficacité économique.
Il serait très convenable d'impliquer les parties
prenantes écologiques et sociales dans les stratégies de gestion,
dès l'identification jusqu'à l'évaluation finale des
projets. Sinon, les risques d'échec inhérents au projet sont
devenus probants. Pour y illustrer, nous avons fait le découpage d'un
projet « type » en cinq (5) phases d'activités
interdépendantes: la programmation, l'identification, la conception,
l'exécution, l'évaluation et de fermeture. Cette démarche
a repris le formalisme de la méthode cadre logique, laquelle qui
pourrait constituer la cible centrale à viser pour les efforts
d'intégration des critères de développement durable dans
la phase de conception, du suivi et de l'évaluation des projets. Tout au
long des chapitres développés, nous avons voulu montrer que les
bases méthodologiques de l'outil « cadre logique » pourraient
permettre d'opérationnaliser le développement durable, compte
tenu son contenu global (l'analyse des parties prenantes, des problèmes,
des objectifs, et
des stratégies, ...) et de sa grande adaptabilité
à pondre d'autres outils de gestion de projet (GAR, PIPO, GCP, ...).
À l'issue des résultats obtenus en
étudiant l'exemple de projet de la centrale hydroélectrique de
l'Easmain-1-A et de dérivation Rupert dans la région de Baie -
James, nous avons fait les constats suivants. L'entreprise
d'Hydro-Québec « promoteur de ce projet » s'est cependant
engagée à atteindre les trois (3) objectifs du
développement durable. Plusieurs facteurs de qualité liés
au projet caractérisent les bénéfices de celui-ci sur une
période de long terme. On cite parmi lesquels les éléments
suivants :
1).- L'utilisation des technologies appopriées, soit
celles ayant recours à des ressources locales renouvelables;
2).- Le respect des valeurs socioculturelles des personnes et
des populations locales;
3).- Les capacités de gestion des institutions, publiques
et privées, sollicitées pour les étapes de
réalisation du projet;
4).- La prise en considération des questions
transversales liées à la protection de l'environnement, le
renforcement de l'économie locale et les valeurs sociales;
5).- L'intention d'évaluation préalable, de
mesures de compensation et de suivi des impacts environnementaux liés au
projet;
6).- L'intention de respecter le milieu humain et son contexte
social par le souci d'intégration en amont les communautés
locales dans les activités planifiées;
7).- Le fort potentiel d'innovation et diversité des
options envisagées pour atteindre les objectifs économiques,
écologiques et sociaux de réalisation du projet, etc.
Il a été convenu que les communautés
locales participent aux étapes de réalisation du projet, soit de
la conception jusqu'au suivi environnemental voire même les travaux
d'exécution. La stratégie de gestion adoptée par
l'entreprise Hydro-Québec dispose d'outils d'analyse différents
et peu d'outils d'aide à la décision intégrés
à un portail qui servent d'interface avec les parties prenantes,
comparativement à l'approche cadre logique illustrée dans le
cadre de ce travail de recherche.
Il importe cependant de souligner l'absence de nombreux
éléments fondamentaux qui devraient également être
faits l'objet d'analyse. Parmi les documents du projet consultés, ces
éléments d'analyse n'ont pas été abordés ou
tout simplement peu explicités. Telle que la reconnaissance des
minorités ethniques, des différences de genre et la
réduction des inégalités liées au genre et aux
races, qui font partie intégrante des objectifs politiques cadres plus
larges dans une perspective de développement durable ne sont pas
explicités.
Intuitivement, nous savons que chaque entreprise a sa propre
manière d'exploiter les processus, les procédures, les pratiques
et les modèles de gestion développés afin de mener
à bon escient des projets. En examinant plus en profondeur ces approches
de gestion, nous constatons qu'il y a de nombreuses similitudes. Les
différences entre elles ne se trouvent en raison de désaccords
majeurs, mais plutôt d'écarts dans l'accent qui sont mis sur les
différents points de vue et les outils d'analyse. Néanmoins, les
résultats obtenus au cours de cette étude de terrain sont
jusqu'à maintenant satisfaisants. La filiale d'HydroQuébec, dans
sa réflexion, a réussi malgré tout de faire le chainon
entre la gestion des processus décisionnels et ses parties prenantes. Ce
qui a permis à l'Hydro-Québec de bonifier sa méthodologie
de gestion de projet. Ceteris paribus, la centrale
hydroélectrique de l'Eastmain-1-A peut favoriser le développement
de l'économie locale, vu l'implication des communautés locales
dans les phases de réalisation de celui-ci. Notre approche de gestion a
été comparée à celle exploitée par la
Société d'Énergie de la Baie-James (SEBJ). Cette
dernière, dans sa réflexion, a adopté une approche
participative. En intégrant les acteurs locaux dans les processus
décisionnels, elle aurait établi une relation harmonieuse et
digne de confiance avec toutes ses parties prenantes.
Le projet étudié est actuellement dans sa pleine
phase de mise en travaux. En ce qui concerne les autres phases, les accords de
coopération établis entre les parties concernées
pourraient cependant ne pas être respectés par l'un ou l'autre des
signataires (les acteurs locaux d'un côté et la
Société d'Énergie de Baie - James de l'autre
côté). La planification actuelle pourrait donc changer au fils du
temps avec l'évolution du projet.
Les résultats obtenus sont spécifiques à
un projet, tel que le projet de la centrale hydroélectrique de
l'Eastmain-1-A. Ils ont été complétés avec des
commentaires émis par d'autres chefs de projet dans la province de
Québec. Les méthodes de collectes sont dites de convenance. Le
choix de la méthode de convenance aurait donc empêché de
généraliser les résultats obtenus, surtout qu'il s'agit
d'études de cas. Le risque de biais personnels est important
étant donné les éléments de subjectivité qui
peuvent intervenir au moment de la collecte ou de l'interprétation des
données. Bien que, les données de terrain ont été
ajustées à l'aide d'un facteur correctif afin de réduire
le niveau des biais personnels.
Cette approche de gestion, basée sur l'approche cadre
logique, est avant tout le résultat d'une démarche conceptuelle
que nous avons comparé avec une étude de cas au Québec.
Les résultats obtenus ne peuvent être très concluants,
étant donné les raisons mentionnées plus haut. Ce travail
a donc des faiblesses et ne nous permet pas en effet de valider notre
proposition de recherche, compte tenu du nombre restreint de cas de terrain
considérés. Il convient alors de confronter cette approche de
gestion à l'épreuve d'autres entreprises, voire à d'autres
cas de terrain, pour parvenir à une conclusion plausible.
Au-delà des mots généreux et de bonnes
intentions, l'intégration de l'environnement et du développement
durable dans le développement des projets devient en effet une condition
essentielle actuellement pour la survie d'un projet ou d'une entreprise. Mais
cette intégration dégagera de résultats escomptés
lorsque chaque entreprise ou chaque chef de projet et chaque citoyen en
percevront ensemble les conséquences financières et
économiques et en tireront plus d'avantages qu'inconvénients
à long terme. Cependant, le seul fait d'opter pour une approche de
gestion, orientée vers le cadre logique pour la conduite des projets
sensibles à l'environnement, ne garantit pas automatiquement le
succès du projet. Bien évident, celui-ci est fonction de nombreux
facteurs clés et qui dépend du contexte sociopolitique.
Voici donc quelques considérations dont les dirigeants
d'une entreprise, notamment les chefs de projet et tous ceux qui
s'intéressent à la gestion de projet sont tenus de prendre en
compte lors de l'élaboration ou de la planification:
· Le projet aborde les problèmes réels des
groupesc cibles ;
· Les bénéficiaires sont clairement
identifiés par sexe et par groupe socio- économique ;
· Il faut une allocation équitable des coûts
et des bénéfices entre femmes et hommes, puis entre les races
humaines et cultures différentes;
· Il faut une représentation équitable des
différents intérêts par le biais de la participation des
acteurs concernés par le projet ;
· Les parties impliquées au projet respectent leurs
engagements ;
· Il faut encourager totalement ou en partie le financement
local du projet ;
· La capacité organisationnelle suffisante ;
· Il faut donc une équipe de projet
compétente et motivée, constituée de professionnels venant
de tous horizons (ingénieurs, économistes, environnementalistes,
médecins communautaires, ...), surtout pour des projets de grande
envergure;
· Privilégier l'approche participative et de
concertation au détriment de l'approche « monolithique » de
gestion pour la livraison des solutions globales des projets;
· Il faut écouter, coopérer et surtout
accompagner les communautés locales dans leurs démarches, dans
leurs révendications pendant toutes les étapes du projet;
· Une bonne et prudente planification est promordiale pour
le projet
· Songer à faire une gestion efficace des ressources
engagées;
· Il faut établir un bon plan de communication entre
les acteurs concernés par le projet.
Dans le cadre d'une politique de développement durable,
toutes les conditions énumérées ci-dessus sont
essentielles pour parvenir à une gestion responsable des projets de
développement. Ces éléments sont importants pour parvenir
aux critères de qualité suivants : la pertinence,
l'efficacité, l'efficience, ect. Toutefois, l'intégration de ces
conditions s'avère nécessaire pour opérationnaliser les
questions d'environnement et de développement durable, mais ce n'est pas
suffisant pour arriver à une approche « gagnant-gagnant ».
Seul dans le cas d'un changement dans les mentalités, puis dans les
habitudes et une prise de conscience collective qui pourraient faire avancer
cette question transversale et d'ordre planétaire.
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