Ce projet vient structurer et mettre en pratique la paix des
braves signée en 2002 entre la communauté Cries et le
Québec, a-t-il ajouté le Comité d'Examen (COMEX). Celui-ci
vient fournir aux communautés locales une occasion d'orienter leur
développement futur par la création d'emplois et d'entreprises
qui contribueront à long terme à leur essor économique.
C'est dans cet esprit que le COMEX insiste sur les relations futures entre le
promoteur et la population locale et en tablant sur les opportunités que
ce projet représente sans pour autant perdre de vue les
particularités de la société des Cris ainsi que le fait
que cette dernière occupe un territoire qu'elle partage avec des
Jamesiens qui ont, tout autant qu'eux, à coeur que cette occupation soit
permanente et harmonieuse.
Le développement hydroélectrique a fortement
marqué la communauté Cris des 30 dernières années.
Il est à l'origine de la signature de la Convention de la Baie-James et
du Nord Québécois (CBJNQ) et de l'entrée de la
société Cris dans la modernité. La paix des braves,
signée en 2002, a aussi comme fondement le développement du
territoire par le biais de l'hydroélectricité. Le COMEX, comme
organisme de la convention, a été un témoin
privilégié des débats et des secousses qui ont
agité la société crie et des difficultés
d'adaptation qu'elle vit actuellement. Avec le projet Eastmain-1A et
dérivation Rupert, il souhaite que cette société entre
dans une nouvelle ère caractérisée par la volonté
des Cris de prendre leur avenir en main.
Pour ce faire, ils doivent conserver cet attachement aux
valeurs fondamentales de leur société qui leur ont permis de
survivre et de grandir comme nation tout en profitant des opportunités
qui se présenteront pour améliorer leur bien-être
individuel et collectif. Cet équilibre ne pourra être atteint
qu'en maintenant une ouverture sur le monde extérieur et des relations
positives avec l'ensemble de la société québécoise.
La Banque Mondiale a elle- même souligné à plusieurs
reprises le caractère exemplaire des projets hydroélectriques
de
la Baie - James, notamment sur le plan des efforts
consacrés par l'entreprise Hydro-Québec à
l'intégration des communautés locales à toutes les
étapes de leur réalisation, a précisé (2006) dans
une étude indépendante ayant été
réalisée par la firme CIMA+.
6.5.3.- Plan de communication adopté
vis-à-vis des communautés locales
Le Comité d'Examen sur le projet,
désigné ci-après COMEX, est l'organisme qui fait le relais
les catégories d'acteurs impliqués au projet. Le COMEX est un
organisme indépendant créé en vertu de la Convention
de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ),
composé de trois représentants nommés par le Gouvernement
du Québec et de deux représentants nommés par
l'Administration régionale Crie. Cet organisme joue à la fois un
rôle de communication et de médiation de premier rang au sein du
projet. Le mandat du COMEX consiste à faire sur une base
régulière des recommandations utiles aux acteurs impliqués
au projet (promoteur, MDDEP, etc.). L'organisme COMEX établit la mise en
place d'un processus de consultation continu avec la population locale, comme
le démontre le schéma 3 ci-dessous.
Gouvernement du Québec : MDDEP, ...
COMEX
Groupe d'écologistes
Communautés Locales Cries
Entreprises locales
Régroupements politiques
...
Flux informationnel : En interaction :
TABLES
D'INFORMATION
ET
D'ÉCHANGES
( HYDROQUÉBEC) :
Société d'Énergie de la Baie- James
P
A
R
T
I E
S
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X
T
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R
N
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S
P
A
R
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S
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T
E
R
N
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S
Schéma 3.- Plan de communication adopté
vis-à-vis des communautés locales
Ce comité est d'avis que cette consultation
auprès des communautés locales devrait se faire à toutes
les phases du projet dans le but de connaître leurs points de vue sur la
réalisation du projet dans son ensemble, ses impacts ainsi que sur
l'efficacité des mesures d'atténuation qui auront
été réalisées. Il privilégie les audiences
publiques comme mécanisme de consultation car elles permettent de
rejoindre un large public et d'aborder tous les aspects du projet. La plupart
des audiences seraient tenues par le COMEX et le promoteur a collaboré
à la mise en application de celles-ci. Le rapport produit par le COMEX
sur les enseignements à tirer de ces consultations a servi, entre
autres, à apporter des correctifs pour minimiser tout impact
résiduel. La participation des communautés locales est de plus en
plus évoquée comme partie intégrante du
développement durable. L'entreprise d'Hydro-Québec énonce
des intentions claires de lui faire une importante place et dans ce sens, il
s'inscrit à l'avant-garde en terme de développement durable. Nous
pensons qu'il serait pertinent d'intégrer directement les
communautés locales dans les équipes de réalisation, soit
à titre de salariés ou soit à titre de
bénévoles. C'est d'autant plus important que ce projet ait
d'éléments de développement durable.
Ce plan de communication favorise beaucoup
d'éléments permettant de répondre à la satisfaction
des besoins sociaux et aspirations individuelles. Entre autres, il respecte
très bien le principe de subsidiarité avec des intentions claires
d'implanter une Table d'Informations et d'Échanges sur
l'évolution du projet et en faisant appel aux ressources locales.
L'utilisation de ce modèle de communication permet d'identifier les
forces et les faiblesses du projet en termes d'objectifs de
développement durable afin de mettre en place un processus de
bonification.
En mettant de l'avant le développement durable comme
cadre de référence, les activités qui s'articuleront
autour des objectifs du projet pourront gagner en cohérence et les
chargés de projet qui devront les réaliser pourront être
encouragés à garder le cap sur l'image de l'entreprise «
promoteur ».
6.6.- Méthodologie adoptée pour
l'identification des parties prenantes au projet : une application du
modèle de David Cleland
Nous sommes partis avec cinq blocs d'information pour
illustrer notre démarche d'identification de parties prenantes, comme
nous indiquons dans la figure précédente (fig. 6, p-85). Cette
démarche nous permet de mesurer le potentiel de menace ou de
collaboration des parties prenantes impliquées au projet. Tel que
présenté précédemment, l'analyse porte donc sur les
éléments suivants
· Caractéristiques ;
· Intérêts/attentes ;
· Sensibilité/respect vis-à-vis des aspects
transversaux ;
· Potentialités/faiblesses ;
· Implications/contributions
Selon cette méthodologie, nous avons identifié
les parties prenantes primaires et les parties prenantes secondaires. La
catégorie de parties prenantes primaires a la responsabilité et
l'autorité de contrôler les ressources financières et
humaines durant le cycle de vie du projet. Elles regroupent principalement les
personnes qui ont un engagement direct avec le projet. Elles sont dites «
transactionnelles » et sont les premières responsables de la
continuité et le succès du projet.
Nous avons ensuite identifié une deuxième
catégorie de parties prenantes dites secondaires, qui sont celles
n'ayant aucun rapport formel avec le projet. Cette catégorie de parties
prenantes regroupe l'éventail d'organismes et de citoyens qui agissent
en tant que colporteurs des questions d'environnement et de
développement durable. Les parties prenantes secondaires n'ont pas
présentement un droit formel pour participer dans la conception et dans
la planification, comparativement aux parties prenantes primaires. Pour
plusieurs auteurs, elles sont les plus pernicieuses à l'égard des
objectifs de réalisation du projet (Raynaud et Dontenwill, 2004). Le
schéma 4 présenté à la page suivante est une
illustration de notre réflexion quant à l'identification des
parties prenantes au projet étudié.
Schéma 4.- Cadre méthodologique
d'identification des parties prenantes
Environnement externe
Environnement interne
Projet étudié
Catégorie des parties
prenantes transactionnelles
Catégorie des parties
Prenantes interactionnelles
Cette grille d'identification et d'analyse de parties
prenantes reprend le formalisme de Freeman et du modèle de Cleland.
Comme l'indique le sens des flèches, plus l'on s'éloigne du
projet, moins sera grand le niveau d'influence par rapport au contrôle
des ressources disponibles (financières, humaines, matérielles,
etc).
Cependant, en dépit du changement continu dans les
valeurs sociales, de la rapidité de circulation des informations entre
les groupes d'acteurs stratégiques, la catégorie des parties
prenantes interactionnelles (sont des groupes d'intérêt) devient
de plus en plus difficile à être endossée par le
gestionnaire du projet. Comme l'indique la couleur de l'intérieur des
rectangles, plus foncé est l'intérieur du rectangle, plus fort
pourrait être le niveau d'influence des parties prenantes quant à
l'atteinte des objectifs de réalisation de ce projet, tels que sociaux,
écologiques et économiques.
6.7.- Évaluation du modèle de gestion
exploité par l'entreprise « promoteur »
Nous avons démontré dans les paragraphes
précédents que le cycle d'un projet est fonction de plusieurs
variantes. Dans une stratégie de développement durable, la
gestion du cycle d'un projet nécessite plusieurs types d'analyse. Nous
pouvons considérer l'analyse des parties prenantes, l'analyse des
problèmes, l'analyse des objectifs et l'analyse des stratégies.
Il y a également lieu d'ajouter l'analyse
coût-bénéfice, l'analyse de l'efficacité et
l'analyse des risques, ect.
Suivant cette réflexion, l'entreprise a adopté
une approche intégrée de gestion des parties prenantes. Les
intérêts des communautés locales ont été pris
en compte dans les processus décisionnels. Dans ce cas
étudié, nous avons constaté que l'approche de gestion
adoptée par la filiale d'Hydro-Québec est apparemment identique
à celle que nous avons proposé tout au long de cette
étude. Les trois objectifs du développement durable ont
été intégrés dans la gestion des processus et sont
programmés dès la phase de planification du projet.
6.7.1.- La filiale d'Hydro-Québec
(Société d'Énergie de la Baie-James) et ses outils
d'analyse : une réflexion vers l'analyse cadre logique
Parmi les outils d'analyse qui seraient employés par
le promoteur, l'approche par parties prenantes, l'approche par problèmes
et l'approche par stratégies constituent la base méthodologique
pour une entreprise s'engageant dans une politique développement
durable. Cette réflexion reprend et complète le modèle
théorique illustré dans le cadre de cette étude. La prise
en compte des valeurs sociales, des priorités locales, des normes
environnementales dans la planification des différentes phases du projet
a permis au promoteur du projet de se rapprocher davantage de ses parties
prenantes.
Les résultats des étapes analytiques
décrites dans les paragraphes précédents auraient pu
être utiles à l'élaboration d'un cadre logique pour la
filiale d'Hydro-Québec.
L'absence de plusieurs éléments
caractéristiques du projet nous empêche d'établir un cadre
logique correct pour l'entreprise.
Toutefois, l'interprétation des données
obtenues indique clairement que le promoteur du projet a adopté une
approche de concertation permettant de prendre en compte les parties prenantes
écologiques et sociales dans ses stratégies de décision.
L'entreprise a donc adopté une réflexion qui l'a permis de
bonifier sa méthodologie de gestion et de reduire le niveau de risques
du projet étudié.