Il y a lieu de distinguer deux outils d'analyse
exploités par la filiale d'Hydro-Québec : l'approche par parties
prenantes et l'approche par stratégies. Selon la réflexion
adoptée par la filiale d'Hydro-Québec, les stratégies de
gestion des parties prenantes sont étroitement liées à
l'approche par problèmes.
Compte tenu l'aspect central de cette étude, notre
analyse porte uniquement sur les parties prenantes externes du projet. Elles
sont réduites aux seules communautés locales afin de simplifier
notre analyse. Des groupes d'écologistes locaux soutiennent encore ces
parties prenantes interactionnelles dans leurs revendications. C'est le cas du
groupe Coalition Révérence Rupert qui continue de s'opposer par
rapport aux objectifs de réalisation du projet. Rappelons que la
Société d'Énergie de la Baie-James (la division
régionale d'Hydro-Québec) est le promoteur du projet de la
centrale hydroélectrique de l'Eastmain-1-A et dérivation Rupert.
En tant que délégataire de service public, cette entreprise n'a
pas de choix raisonnable que d'adopter une approche « parties prenantes
». Celle-ci a donc pris en compte les intérêts de multiples
acteurs internes et externes afin de sécuriser son activité sur
le plan commercial. En même temps, l'entreprise d'Hydro-Québec se
lance dans une nouvelle stratégie de politique
énergétique. Ce qui va permettre à celle-ci de bonifier
son image de métropole en terme d'énergies vertes et
renouvelables. Suivant cette réflexion, l'entreprise s'engage à
impliquer davantage les communautés locales dans la gestion des
processus, c'est-à-dire aux étapes de mise en
travaux et aux études d'impacts. L'entreprise Hydro-Québec a
établi une bonne relation avec ses parties prenantes par la mise en
place des Tables d'Information et d'Échanges (TIE) qui ont permis de
prendre en compte leurs préoccupations dès le début dans
les études de faisabilité du projet. L'approche par parties
prenantes conduite par ce promoteur s'attache à satisfaire non seulement
des parties prenantes transactionnelles (parties internes) dont dépend
directement sa survie, mais aussi des parties prenantes indirectes (parties
prenantes externes) qui sont les plus redoutables en matière de
gestion.
La satisfaction des parties prenantes transactionnelles
nécessite par ailleurs la prise en compte des parties prenantes
interactionnelles. Les communautés locales sont impliquées
à la gestion des processus décisionnels. Depuis la phase de
conception jusqu'au suivi environnemental, l'étape qui
précède la phase de mise en travaux, les acteurs locaux ont
porté leur appui à ce projet, à l'exception la Coalition
Révérence Rupert qui continuent de s'opposer au
déroulement du projet. Ted Moses, chef des Cris, apporte son soutien au
projet, mais il est toutefois conscient que le projet de dérivation
Rupert créée des tensions au sein de sa communauté. Il a
déclaré qu'il faut se rallier à la majorité,
lorsque nous sommes dans une société démocratique.
Bien que nous ne disposons pas d'informations sur les
prochaines phases du projet, mais nous avons constaté l'existence de
plusieurs ententes de principes qui sont signées entre les parties
concernées, en ce qui concerne les étapes futures du projet. Le
déroulement des phases futures du projet sera appuyé par les
communautés locales en vertu les disposions formelles inscrites dans le
protocole d'entente et les documents du projet consultés.
Advenant que le gouvernement, la Société
d'Énergie de la Baie-James, les Grands chefs ne respectent pas ces
ententes de principe, il y a l'organisme indépendant dont le COMEX qui
est mandaté pour corriger les inconduites. Une entente est intervenue
avec la région Nord du Québec sur un portefeuille de mesures
incitatives aux retombées
économiques régionales. Les connaissances
acquises au moyen des nombreuses études environnementales ont
également influencé la conception du projet et
l'élaboration des mesures d'atténuation.
La cartographie des parties prenantes du projet
étudié peut être représentée comme l'indique
la figure 9. Parmi les parties prenantes interactionnelles, certaines sont
favorables ou neutres (Chefs des Cris, ...) par rapport au projet, alors que
d'autres le sont de plus en plus défavorables (Coalition
Révérence Rupert, ...).
Figure 9.- Cartographie des parties prenantes du
projet étudié
Coalition Révérence Rupert Associations
sportives et culturelles Chef des Cris
Secteur privé Partis politiques Professionnels
indépendants
Gouvernement du Québec
Médias Citoyens
Groupe de soutien
Usagers
Communautés locales COMEX Groupes
d'écologistes Entreprises locales
Employés Société d'Énergie de la
Baie-James Hydro-Québec
Cadres supérieurs Organisations syndicales
Sous-traitants
Cette cartographie, qui reprend le formalisme proposé
par Freeman (1984) et du modèle développé par D. Cleland
(1988) avec le projet au centre, comprend dans un premier rectangle les parties
prenantes transactionnelles dont nous avons exclu de notre analyse dès
le départ. Dans un second rectangle plus foncé, nous trouvons les
parties prenantes interactionnelles telles qu'elles apparaissent lors des
analyses précédentes. Nous avons vu cependant les
interdépendances entre la filiale d'Hydro- Québec et son
environnement sociopolitique, comme l'indique la représentation
ci-dessus.
Dans le cas du projet étudié, nous avons
constaté que certaines parties prenantes interactionnelles (parties
externes) sont plus influentes que celles qui sont dites transactionnelles
(parties internes).