Le projet de la centrale hydroélectrique et
dérivation Rupert suit une séquence d'activités bien
établies. Celui-ci est découpé en quatre (4) phases
d'activités en terme d'objectifs de réalisation. L'ensemble des
phases du projet sont cependant résumés dans une matrice de
l'annexe 3 du document.
Pour une analyse de développement durable, les
données concernent la filiale d'Hydro-Québec en termes d'efforts
réalisés par rapport à trois objectifs
généraux, soit le maintien de l'intégrité de
l'environnement, l'amélioration de l'équité sociale et
l'amélioration de l'efficacité économique. L'analyse de
l'importance de chaque pilier quant à la stratégie de gestion
adoptée est la suivante.
Le pilier écologique
Étant le fruit de multiples consultations avec les
publics intéressés, le projet de l'Eastmain-1-A-Sarcelle-Rupert
se caractérise par l'ampleur des mesures intégrées
à sa conception, destinées à préserver
l'environnement et à tenir compte des préoccupations
exprimées par le milieu d'accueil. Grâce à une combinaison
de digues et de canaux qui facilitent l'écoulement de l'eau, la
création des biefs Rupert entraîne un ennoiement minimal du
territoire. Par ailleurs, un important débit réservé
écologique et des seuils prévus sur la Rupert permettront de
protéger les habitats du poisson, de préserver le paysage et de
maintenir la navigation ainsi que les activités pratiquées sur le
territoire.
Autre fait à signaler, les Cris participent à
toutes les étapes de réalisation du projet, de la conception
jusqu'au suivi environnemental. Les connaissances acquises au moyen des
nombreuses études environnementales ainsi que les connaissances
traditionnelles ont également influencé la conception du projet
et l'élaboration des mesures d'atténuation. Les
éléments qui sont pris en compte à l'étape de
conception :
· Ennoiement minimal du territoire ;
· Instauration d'un régime de débits
réservés écologiques au point de coupure de la
rivière Rupert ;
· Maintien d'un débit équivalent au
débit naturel des rivières Lemare et Nemiscau ;
· Aménagement d'ouvrages hydrauliques sur la
rivière Rupert pour protéger les communautés de poissons
et leurs habitats, préserver le caractère naturel de la
rivière ;
· Maintenir la navigation et l'utilisation du territoire
sur certains de ses tronçons ;
· Garantie de l'approvisionnement en eau potable de
Waskaganish.
Le pilier social et sociétal
L'acceptabilité sociale est une condition essentielle de
la survie des projets. Un projet de développement a des
conséquences sociales au niveau de tous les échelons dont les
fournisseurs, les employés, les clients, les
entreprises locales, les citoyens et la société en
général. Dans le cas étudié, l'acceptation sociale
repose principalement sur l'établissement d'une bonne entente avec les
Cris de la Baie-James et les Jamesiens ainsi que sur un processus
d'autorisations gouvernementales provinciales et fédérales.
La signature de la Paix des Braves entre le gouvernement du
Québec et les Cris du Québec, le 7 février 2002, a
marqué une étape historique dans l'établissement d'une
nouvelle relation avec les Cris de la Baie-James. Dans cette entente, les Cris
donnent leur accord de principe à la réalisation du projet sous
réserve des conditions prévues à la Convention
Boumhounan signée le même jour. Cette étape a fait
l'objet d'un référendum préalable tenu dans les
communautés cries et à l'issue duquel le résultat s'est
avéré favorable à près de 70 %. L'entreprise
Hydro-Québec a intégré les préoccupations des
parties concernées à toutes les étapes de conception du
projet. Le savoir traditionnel de la communauté des Cris a
été pris en compte dans les études environnementales,
grâce notamment à la participation des communautés aux
inventaires sur le terrain.
Durant la réalisation du projet, les Cris participent
aux études environnementales et aux travaux. L'entreprise
Hydro-Québec a établi une bonne relation avec la
communauté jamesienne par la mise en place des Tables d'Informations et
d'Échanges (TIE) qui ont permis de prendre en compte leurs
préoccupations dès le début des études de
faisabilité. Une entente est intervenue avec la région Nord du
Québec sur un portefeuille de mesures incitatives aux retombées
économiques régionales. De plus, les gouvernements provincial et
fédéral ont appliqué un processus d'autorisation du projet
qui a permis de s'assurer du respect de la législation en vigueur et de
la participation du public à l'encadrement et à la
réalisation de l'étude d'impact. L'entreprise Hydro-Québec
et le milieu d'accueil projet se concrétisent dans le sens
souhaité.
Le pilier économique
Ce pilier se réfère à la performance
financière du projet. Un projet de développement durable doit
avoir la capacité de contribuer au développement
économique de la zone d'implantation.
Dans le cas étudié, le projet de
l'Eastmain-1-A-Sarcelle-Rupert engendrera des retombées
économiques majeures pour le Québec, plus particulièrement
pour les communautés concernées par le projet. Ce projet se
démarque sur le plan de l'efficacité économique
grâce à la maximisation de la capacité de production de
plusieurs centrales existantes. Cette utilisation optimale de l'eau s'inscrit
dans les principes mêmes du développement durable. Le coût
de production de l'électricité, estimé à 5,1
cents/KW/h en 2011, bénéficiera aux générations
futures.
Plusieurs mesures ont été envisagées
pour favoriser les retombées. La Convention Boumhounan
prévoit diverses mesures pour faciliter la participation des entreprises
et travailleurs cris :
· négociation de gré à gré de
contrats d'une valeur de 240 millions $ ;
· représentations auprès de la CCQ pour
faciliter l'emploi des Cris ;
· l'embauche d'un conseiller Cri à l'emploi ;
· fond de 1,5 million $ pour la formation théorique
et en milieu de travail des travailleurs Cris ;
· attribution de contrats d'une valeur de 45 millions $ en
exploitation ;
· priorité aux entreprises régionales pour
les contrats et les achats de moins de 1 million $ ;
· clause de sous-traitance régionale pour inciter
les grands entrepreneurs s'approvisionner localement ;
· embauche d'un agent de chantier pour faire la promotion
des entreprises jamesiennes ;
· partenariat financier d'une durée de 50 ans avec
la municipalité de Baie- James.
L'aménagement de l'Eastmain-1 (2002-2006) a
montré que l'application de diverses mesures d'optimisation de concert
avec les intervenants du milieu permettait d'accroître significativement
la participation des travailleurs et entreprises. Le programme de suivi
permettra d'établir les retombées économiques
réelles, de les comparer aux prévisions et de valider
l'efficacité des mesures prises pour favoriser la participation des
entreprises et des travailleurs Cris et jamesiens au projet ainsi que celle des
régions de l'Abitibi-Témiscamingue et du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
De toute évidence, le respect de l'environnement est
nécessaire aux deux autres piliers (social, économique). Il
exprime la compatibilité entre l'activité sociale du promoteur et
le maintien de la biodiversité et des écosystèmes.
L'entreprise a réalisé une analyse des impacts de son
développement social et de ses résultats, en termes de flux, de
consommation de ressources non renouvelables, ou en termes de production de
déchets et d'émission polluantes. Une analyse des trois piliers
du développement durable démontre que le promoteur a
adopté une forme de gouvernance, laquelle consiste en la participation
de tous les acteurs, tels que les communautés locales, les groupes
d'écologistes,..., au processus de décision.