Pour de nombreuses personnes, qui seraient sensibles aux
questions d'environnement et de développement durable, la concertation
préalable n'est jamais trop lourde voire sans importance. À
l'égard des actions de sensibilisation auprès des
communautés locales avant l'implantation de tout projet de
développement, il convient d'éviter :
· la présence trop forte ou trop en amont du
promoteur. Celui-ci est décrit souvent, en particulier par des
représentants des services de l'État ou des associations locales,
comme un « cow-boy ». La présence du promoteur est requise
lorsque le projet commence à être défini, qu'il peut
présenter les conclusions des premières expertises ou bien des
maquettes ou simulations photographiques ;
· une concertation ciblée uniquement sur la
municipalité ou située sur le site d'emplacement du projet. Les
municipalités voisines doivent être informées et
invitées à participer à la concertation préalable
;
· une concertation mal rythmée. Que le projet
avance rapidement ou lentement, la concertation doit l'accompagner constamment.
L'absence d'informations pendant un laps de temps significatif est constamment
à l'origine de rumeurs. Les parties prenantes les plus négatives
sur le projet peuvent profiter de la situation pour contrecarrer le projet. Il
est nécessaire de communiquer régulièrement sur
l'avancement du projet.
Même dans le cas des éoliennes, il n'est pas
souhaitable d'ignorer les parties prenantes dans la gestion des processus
décisionnels, malgré les opinions positives dont
bénéficient ces projets du point de vue écologique. Par
exemple en 2003, selon une enquête dirigée par l'Agence de
Développement Et de la maîtrise de l'Énergie (ADEME) en
France, le référendum décisionnel tenu dans la commune de
Champeaux, a été fatal à un projet de parc éolien
qui bénéficiait par ailleurs d'atouts importants (soutien de la
région, projet d'initiative locale, objectif de compenser avec
l'éolien la baisse des revenus locaux liés à la fin d'un
exploitation pétrolière).
5.3.2.4.- Processus de consultation et d'accompagnement
des parties prenantes
L'acceptabilité sociale est une condition essentielle
de survie pour un projet d'aujourd'hui, comme l'affirment plusieurs
spécialistes de gestion de projet. À l'exemple d'un projet de
développement, les démarches d'accompagnement de la population
locale sont importantes et qui doivent être définies tôt,
soit à partir de la date de dépôt de la demande de permis
de construire ou de la phase d'exécution.
Dans un contexte de développement durable, les
communautés locales doivent appuyer activement les activités
planifiées afin d'assurer le bon déroulement de ces
activités pendant au cours des différentes phases
réalisation. Les démarches d'accompagnement des parties prenantes
sont importantes à trois périodes - clés dans la vie du
projet :
· Lors de l'instruction du permis de construire et des
audiences publiques ;
· Pendant la construction ou la mise en travaux ;
· Tout au long du fonctionnement du projet.
Suivant l'élaboration d'un schéma éolien
local, dans le cas des éoliennes, les démarches d'accompagnement
sont également nécessaires à l'échelle de
territoire pertinente, c'est-à-dire englobant le territoire
concerné élargi aux territoires environnants. L'objectif de ces
démarches d'accompagnement et de consultation est ce qu'elles permettent
aux parties prenantes stratégiques de dégonfler leurs
frustrations, leurs oppositions systématiques. Nous avons
énuméré soit quatre (4) objectifs présentés
pour ce travail de recherche :
· Accompagner et soutenir le projet auprès des
citoyens locaux ;
· Informer, impliquer et rassurer les habitants de
l'importance et de l'impact du projet sur l'environnement et sur les
communautés avoisinantes ;
· Limiter les recours juridiques ;
· Permettre de bonifier les méthodologies de
gestion.
5.3.3.- L'approche intégrée de gestion
dans le cycle de projet (modèle GCP)
L'utilisation de concepts, de techniques, d'outils et
documents type tout au long de la vie d'un projet est appelée «
approche intégrée » de la gestion du cycle de projet
(Commission européenne, 2001). L'outil « cadre logique »
constitue l'instrument fondamental pour la gestion du cycle de vie d'un projet.
Il renferme toutes les informations nécessaires pour comprendre et
gérer un projet durant toutes ses phases. Présentées de
façon explicite et transparente, ces informations sont orientées
vers des objectifs et des résultats.
À cause de sa grande adaptabilité, les
utilisateurs doivent cependant avoir la latitude de corriger les composantes du
cadre logique. C'est un outil qui peut être utilisé aux
différentes phases de la vie du projet. Il est composé
d'éléments nécessaires pour mettre en oeuvre une
intervention et d'assurer la qualité de son utilisation. Entre autre, il
permet aux différentes parties prenantes impliquées dans le
projet de préciser ultérieurement leurs objectifs et de les
formuler de manière transparente. Ce qui facilite les
négociations entre le promoteur du projet et les acteurs
concernés. En tenant compte des outils d'analyse dont il est
constitué, le cadre logique reste un outil de gestion pour
opérationnaliser les questions d'environnement et de
développement durable dans l'ensemble des phases d'activités
planifées.
Le tableau 7 suivant illustre un exemple classique de projet de
développement présenté sous la forme de matrice
logique.
Tableau 7.- Exemple de cadre logique d'intervention
(version adaptée)
5.3.4.- La démarche globale : processus
d'intégration et de communication
L'analyse des questions du développement durable tout
au long du cycle de vie d'un projet de développement doit être
considéré comme le processus à l'image du cadre logique
présenté ci-dessous. Les parties prenantes sociales et
écologiques doivent participer et être informées de
l'évolution du projet durant toutes les étapes de
réalisation de celui-ci, tel que dans l'analyse de faisabilité,
la gestion des processus décisionnels, la phase d'exécution ou
dans une analyse à posteriori, etc. Le cadre logique est un excellent
outil de gestion dans la démarche globale vers une réflexion de
développement durable. D'où est le rôle communicationnel du
cadre logique. Grâce à ce rôle de communication, l'approche
cadre logique permettra d'opérationnaliser facilement les piliers du
développement durable. Afin de livrer son plein potentiel, l'analyse
d'un projet de développement par le biais du cadre logique doit
être fait à toutes les phases d'activité dans la vie du
projet.
Schéma 2.- Cadre logique de communication et
d'intégration
Phase d'identification
Phase de conception
Phase d'évaluation
et de
terminaison
Phase
de programmation
Partie(s)
prenante(s)
écologiques
&
sociales
Phase d'exécution
Interdépendance Communication
À l'exemple de la grille d'analyse de
développement durable du professeur Villeneuve (2007), une telle
démarche implique une réévaluation du projet sur une base
régulière afin de valider si que celui-ci se range correctement
dans le sens souhaité, soit celui du développement durable. En
avant-projet, l'utilisation du cadre logique peut permettre de
vérifier si l'acquisition des connaissances et l'analyse des besoins des
groupes cibles sont suffisants et, conséquemment, quels sont parmi les
piliers du développement durable qui sont sous-représentés
ou manquants.