Depuis sa création en 1969, le cadre logique a connu
plusieurs transformations qu'il nous semble important de mentionner dans ce
travail. La plupart des pays qui ont adopté l'Approche Cadre Logique ont
investi dans une méthodologie plus élaborée et plus
élargie aboutissant logiquement à la mise en place du cadre
logique en fonction de leurs exigences respectives (B.Yoda & M. Ena,
2004)14, tel que nous l'expliquons dans les trois (3) modèles
de gestion suivants :
· Le modèle PIPO : produit pa l'Agence
Allemande de Développement
C'est ainsi qu'à la fin des années 70,
l'Allemagne par le biais de l'organisme GTZ, consciente des faiblesses
fondamentales de l'outil cadre logique, lui ajoute la phase d'analyse et y
introduit la technique visuelle (panneaux muraux et cartons de couleurs, colle
etc.) appelée metaplan (PCM Group 2002). Cette méthode
appelée ZOPP en allemand (ZielOrientierte Projekt-Planung), GOPP en
anglais (Goal Oriented Project Planning) et PPO ou PIPO en français
(respectivement Planification des Projets par Objectifs ou Planification des
Interventions par Objectifs), est une combinaison de cadre logique, de
techniques de communication et de planification participative ainsi qu'une
étude plus systématisée des données.
14 Tiré du chapitre 2 du mémoire de
sortie intitulé « Gestion participative des projets de
développement rural : outils et méthodes d'intervention ».
Niveau de 3e cycle agronomique, 2004.
· Le modèle GCP : produit par l'Union
européenne
L'Union européenne, à son tour, initiait au
début des années 90 par l'intermédiaire de sa division
d'évaluation de la DG VIII, une série de travaux qui
aboutissaient plus tard en 1993 au modèle GCP ou PCM. Cette
méthode a pour objectif d'instaurer en matière de planification
et d'évaluation des projets, un cadre qui approfondirait l'Approche du
cadre logique et de sa dérivée : le PIPO. À ce propos,
l'auteur Eggers (1997) a affirmé que « La gestion du cycle de
projet vise à aller plus loin que l'Approche Cadre Logique dont elle est
née, et qui reste l'une de ses principales composantes »
(B.Yoda & M. Ena, 2004).
· Le modèle GAR : adopté par
l'Agence Canadienne de Développement International
Le Canada, par le biais de l'ACDI, a adopté au milieu
des années 90 la méthode de la Gestion Axée sur les
Résultats communément appelé le GAR canadien ou MdR en
anglais (managing development result), comme outil principal de gestion pour
accroître l'impact de ses résultats grâce à une
efficacité accrue. Cette méthode se fonde sur une approche
participative qui s'applique à orienter les efforts d'une organisation
ou d'un projet vers les résultats attendus. Elle contribue par ailleurs
à une meilleure évaluation des retombées de l'aide au
développement et permet à l'ACDI de procurer des informations
justes et pertinentes à la population canadienne quant à
l'utilisation des fonds publiques. À la fin de ce document de recherche
se trouve un cadre GAR présenté à titre d'exemple
(annexe 3).
Le concept de gestion axée sur les résultats
est attribué à Peter Drucker (1909- 2005)15. Quelque
peu éclipsé jusqu'à la fin des années 80, ce
principe de gestion revient à l'avant plan dans les années 90. A
la pointe de cette méthode, le gouvernement canadien l'a adopté,
au début des années 90, dans le cadre d'une importante
réforme du secteur public visant à développer un
modèle de gestion de projet plus participatif et responsabilisant.
À leur tour, des organisations internationales comme la Banque mondiale,
l'ONU, l'OCDE, etc. optent pour cette procédure dans le but de mieux
rendre compte des résultats acquis. A
15Maître à pensée en management,
qui publia en 1964 l'ouvrage «Managing for results». Cité dans
Etude GCP 2003-2007 - COTA asbl- NW -HHC - Fiche Gestion axée sur
les Résultats-
www.cota.be
l'instar d'autres méthodes de gestion de projets, la
démarche GAR se fonde aussi sur le modèle cadre logique avec une
orientation des efforts des projets vers les résultats attendus (soit
extrants, effets et impacts) comme définis dans le cadre logique
classique16. La notion de « résultat » est le noyau
dur de la gestion axée sur les résultats. Une définition
de l'ACDI rapporte le suivant:
«Le résultat est un changement descriptible ou
mesurable qui découle d'une relation
de cause à effet qui se mesure à l'aide
d'indicateurs de rendement »17.
On a vu clairement que tous ces modèles de gestion
découlent de la méthode cadre logique. Elles ont donc pour
fondement le cadre logique comme point de départ ou de
référence. C'est ainsi qu'au fil des ans, l'approche cadre
logique se répandait et se faisait utiliser à des fins diverses,
ce qui constitue un témoignage de sa valeur en tant qu'outil de gestion
malgré les quelques faiblesses qui ont fait l'objet de critiques.