3- Composition chimique du lait
Le lait est un mélange complexe constitué
à 90% d'eau et qui comprend :
- une solution vraie : sucre + protéines solubles +
minéraux + vitamines hydrosolubles - une solution colloïdales :
protéines, en particulier les caséines - une émulsion
: matières grasses
La densité du lait est de 1,030 à 1,034. Le
pH du lait est proche de la neutralité : 6,6 à 6,8.
Matière sèche (MS)
|
125 à 135
|
|
Humidité
|
900 à 910
|
|
Glucides
|
48 à 50
|
Lactose
|
Matières azotées totales (MAT)
|
31 à 38
|
Lait standard : 32
|
N non protéique
|
0,01 à 1,2
|
urée : 0,3 à 0,4
|
Lipides
|
35 à 45
|
Lait standard : 40
|
Cendres
|
7 à 7,5
|
Calcium : 1 à 1,4 Phosphore : 0,8 à 1,1
Magnésium : 0,12 Fer : 0,6 mg/l
|
Composition chimique
moyenne du lait de vache (en
g/l)
|
4- Variations de la composition chimique du lait en
fonction des espèces
Il existe des variations assez importantes de la composition
chimique du lait en fonction de l'espèce, en particulier en ce qui
concerne le taux de matière sèche. Certaines de ces variations
sont en relation avec la vitesse de croissance du jeune.
|
Matière sèche (MS)
|
Matière protéique
|
Lipides (MG)
|
Lactose
|
Cendres (MM)
|
Calcium (Ca)
|
Phosphore (P)
|
Vache
|
132
|
35
|
38
|
50
|
7,2
|
1,25
|
0,95
|
Chèvre
|
115
|
34
|
35
|
45
|
8
|
1,35
|
1
|
Brebis
|
185
|
60
|
70
|
45
|
8,7
|
1,9
|
1,5
|
Buffle
|
174
|
38
|
77
|
48
|
7,8
|
1,8
|
1,8
|
Jument
|
105
|
25
|
16
|
61
|
4,5
|
1
|
0,6
|
Ânesse
|
100
|
20
|
14
|
62
|
4
|
|
|
Truie
|
183
|
60
|
66
|
54
|
9,5
|
2,2
|
1,5
|
Chienne
|
246
|
112
|
96
|
31
|
7,3
|
2,8
|
2,2
|
Chatte
|
271
|
95
|
68
|
100
|
7,5
|
1,35
|
0,7
|
Lapine
|
287
|
123
|
131
|
19
|
21
|
5
|
5
|
Femme
|
|
13
|
39
|
70
|
2
|
0,3
|
0,15
|
|
5- Le lait et les produits laitiers, véhicules
d'agents d'infection et d'intoxication
5-1- Le milieu
Le lait est un excellent milieu de culture et de protection
pour certains germes, en particulier pour les bactéries
pathogènes dont la prolifération dépend essentiellement de
la température ainsi que des micro-organismes rivaux et de leurs
métabolites. Plusieurs bactéries pathogènes importantes
(Mycobacteruim Tuberculosis, Brucella) ne se multiplient
pas librement dans le lait, et les virus n'y cultivent pas ; le pouvoir
pathogène de ces agents dépend donc du degré initial de
contamination du lait, de sa dilution ultérieure, de son traitement, du
temps qui s'écoule avant sa consommation et d'autres facteurs. Au
-dessous de 10-20°C l'activité de la plupart des pathogènes
est inhibée ; pour profiter de cette propriété, on
refroidit le lait en attendant de le soumettre au traitement thermique. Aux
températures qui favorisent la multiplication des micro-organismes, la
prolifération des saprophytes peut déborder la croissance des
pathogènes, mais ceux-ci survivent souvent et restent dangereux à
moins qu'ils ne soient détruits par la chaleur. Lorsque le lait est
produit dans des mauvaises conditions d'hygiène et qu'il n'est pas
refroidi, les principaux contaminants engendrent généralement de
l'acide lactique et le font aigrir rapidement. Or, cet acide a un effet
inhibiteur sur les bactéries pathogènes, et l'on a montré
que certains streptocoques producteurs d'acide lactique sécrètent
des substances analogues aux antibiotiques, également capables d'inhiber
dans une certaine mesure les organismes pathogènes ; mais il est
impossible de se fier à ces transformations pour assurer la
salubrité du lait. Produit dans d'excellentes conditions
d'hygiène, le lait peut être presque totalement dépourvu de
germes qui feraient aigrir, si bien que certains micro-organismes
pathogènes (Salmonella, Staphylocoques) qui cultivent mal en
présence d'acide lactique, peuvent y proliférer abondamment
lorsque les conditions de températures sont favorables.
Le vieillissement, au cours duquel la plupart des
pathogènes périssent ou sont éliminés par les
saprophytes et leurs métabolites (par exemple, par formation d'acide)
est mis à profit dans la fabrication de certains produits
laitiers ; il contribue, mais suffit rarement, à l'obtention d'un
produit sain. La tendance au recours à la pasteurisation comme stade de
fabrication de tous les produits laitiers est donc souhaitable
5-2- Sources d'infection et de
contamination
Les agents infectieux du lait proviennent de l'animal
laitier, du manipulateur humain ou du milieu ils peuvent être
excrétés directement du pis dans le lait ou provenir de la peau
et des muqueuses soit de l'animal, soit du trayeur, et contaminent le lait et
les ustensiles laitiers. Lorsqu' ils sont pollués les approvisionnements
en eau constituent l'une des principales sources externes d'infection du lait
a' la ferme et parfois même au centre de pasteurisa ion insectes,
rongeurs, matériaux sales et engrais jouent tous un rôle dans
cette pollution
Les phases les plus critiques sont celles qui suivant la
pasteurisation, car un seul porteur humain peut alors recontaminer de grandes
quantités de lait (par exemple pendant la mise en bouteilles ou en
cartons, ou au cours de la distribution en vrac dans les crémeries).
5-3- La chaleur, destructrice des germes
pathogènes
L'examen du problème de l'inactivation thermique des
micro-organismes pathogènes est essentiel dans toute discussion sur la
transmission des maladies par le lait. De nombreux chercheurs ont
signalé les variables à prendre en considération dans les
études de laboratoire sur les techniques d'inactivation thermique
destinées à une mise en application commerciale dans le
traitement du lait.
Parmi ces variables figurent : l'origine et l'état
physiologique du germe, la nature du milieu de culture, la durée
réelle du traitement thermique, la précision des thermocouples
utilisés,...
En pratique, le traitement thermique du lait a un double
but : détruire les germes pathogènes et autres
micro-organismes indésirables, améliorer la conservation du lait.
C'est la destruction ou l'inactivation des germes pathogènes qui nous
intéresse ici. Pour obtenir, on a mis au point divers
procédés qui consistent à exposer le produit à une
certaine température pendant un certain temps et qui doivent obtenir la
destruction de tous les micro-organismes pathogènes connus. Mais la
résistance thermique de l'enterotoxine staphylococcique pose plusieurs
problèmes car il faut éviter une multiplication massive des
staphylocoques producteurs de cette toxine avant et pendant le traitement du
lait ou des produits laitiers. De nombreuses expérimentations sur la
destruction des germes pathogènes selon différentes courbes
durée température ont précédé l'adoption des
diverses techniques de pasteurisation, et les résultats empiriques de la
pasteurisation commerciale ont amplement justifié la confiance mise en
ces méthodes. On a souvent déclaré qu'aucune
poussée épidémique n'a pu être imputée
à du lait convenablement pasteurisé. Cette assertion est valable
si par l'expression « convenablement pasteurisé » en
entend que les trois conditions suivantes ont été
remplies :
1- Le lait a été convenablement refroidi et
conservé avant la pasteurisation de façon à
prévenir la formation d'entérotoxine staphylococcique
thermostable ;
2- Les appareils de pasteurisation ont fonctionné
correctement ;
3- Des précautions ont été prises pour
éviter toute contamination après pasteurisation
Mal heureusement, il arrive souvent qu'une ou plusieurs de ces
conditions ne soient pas remplies et de nombreuses infections sont dues
à ce manque de précautions.
L'expérience acquise durant de nombreuses années
semble cependant confirmer que les techniques de pasteurisation actuellement en
usage, et surtout de celles qui impliquent l'emploi de hautes
températures, suffisent pour assurer une protection convenable, en
dépit de certains possibilités théoriques de survie des
virus révélées par les travaux de laboratoire.
De nombreuses études sur l'inactivation thermique des
bactéries pathogènes ont été effectuées au
cours des ans. Nevot et ses collaborateurs ,ont récemment
réexaminé l'ensemble de la question. Le tableau 2 résume
les résultats qu'ils ont été obtenus à la suite
d'une étude de laboratoire destinée à établir les
combinaisons durée- température capables d'assurer la destruction
des principaux germes pathogènes. Dans leurs expériences, des
suspensions de bactéries de culture étaient mises d'une part dans
du sérum physiologique, d'autre part dans du lait cru et dans du lait
stérilisé ; dans quelques cas, des tissus animaux
infectés furent utilisés à la place des cultures. Le
tableau 2 donne les principaux résultats de ces expériences. Pour
obtenir des renseignements plus détaillés, il convient de
consulter la monographie de ces auteurs.
L'inactivation thermique des virus pathogènes en
relation avec les problèmes de pasteurisation n'a pas encore
été très étudiée. Woese a passé en
revue les considérations théoriques applicables à
l'inactivation thermique des virus, mais les températures qu'il
envisageait étaient plus basses que celles auxquelles font appel les
techniques de pasteurisation. La plupart des virus pathogènes connus
semblent être inactivés par les techniques courantes, ce qui,
rapproché de l'absence relative de maladies observée chez les
consommateurs de lait pasteurisé, milite en faveur de
l'efficacité de la pasteurisation. Cependant, certaines souches virales
pathogènes survivent aux températures de pasteurisation.
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