CONCLUSION de la première Partie.
Les remises en cause du maillage politico-administratif
français procèdent donc d'une double logique. D'abord, les
rapports de pouvoir, de contrôle et de gestion émanant de
l'État sur l'espace socio-économique ont subi une inversion de
tendance au cours de la décennies 1960, notamment avec la mise en place
des régions, de la politique de l'aménagement du territoire (pour
contrebalancer le poids politico-administratif et
démographico-économique de Paris et sa région), et des
lois de décentralisation, permettant aux collectivités
territoriales de gérer leur propre budget et de prendre en main leur
avenir.
Ensuite, et parallèlement, ce même espace
socio-économique à connu des mutations et des bouleversements
profonds dans sa structure, dans son organisation interne, ce qui s'est traduit
par des modifications spatiales très importantes remettant elles aussi
en cause la pertinence actuelle du maillage politico-administratif
français.
Les deux logiques évoquées
précédemment mettent en évidence des rapports
dialectiques, l'une étant à la fois à l'origine et le
résultat de l'autre, et inversement (malgré parfois des rapports
de force inégaux). Ainsi, en 1789-1790, les départements
français ont été créés en tenant compte, en
partie, des réalités de l'espace socio-économique
considéré. Par la suite, ces nouvelles mailles
politico-administratives ont influencé à leur tour
l'évolution de l'espace socio-économique sur lequel les
départements ont été délimités (par exemple
le recours au chef-lieu du département pour des documents
administratifs). Ce va-et-vient incessant entre infrastructure et
superstructure (=> praxis) a assuré donc l'unité, la
cohésion et la survie du système ainsi établi pendant
près de deux siècles. Cependant, depuis un quarantaine
d'années, ce fonctionnement s'affaiblit de plus en plus (il s'inverse
même, cf remarques précédentes), les logiques qui
prévalaient à la mise en place du fonctionnement de ce
système il y a 200 ans n'étant plus celles qui se
développent aujourd'hui (ou qui veulent se développer
aujourd'hui).
Ainsi, dans le cadre de la théorie dialectique,
l'infrastructure (ou espace, instance socio- économique : celle de
l'habitus) et la superstructure (ou espace, instance politicoadministrative)
forment ensemble la topique (territoriale). Ce faisant, les recompositions
territoriales et les inter-relations actuelles se développant entre
différents pôles urbains (ou d'autres types d'espaces) appartenant
à des départements ou des régions différentes,
traduisent, à notre sens, l'inadaptation du maillage
politico-administratif français à l'espace
socio-économique avec lequel il se développe.
De la même sorte, la dialectique régissant les
rapports entre le maillage politico-administratif et l'espace
socio-économique est aussi la dialectique de l'espace de
légitimité (de l'administrateur) et de l'espace d'action (des
hommes, des biens et de l'information). Cette
"Pour une remise en cause du maillage
politico-administratif français ? - Exemple de la
limite départementale et régionale entre Pau et Tarbes."-
Lionel Dupuy, Mémoire de DEA, 1998.
dernière met en évidence le rôle de
l'horizontal et du vertical, où aujourd'hui l'horizontal (les relations
et proximités fonctionnelles entre pôles urbains, par exemple) a
plus de poids qu'il y a quelques décennies, ce que nous allons
étudier dans cette deuxième partie.
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