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Pour une remise en cause du maillage politico-administratif français: Exemple de la limite départementale et régionale entre Pau et Tarbes

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par Lionel Dupuy
Université de Pau et des Pays de l'Adour - DEA Géographie - Aménagement 1998
  

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III - Les propositions de Jean-Pierre SUEUR.

Jean-Pierre Sueur, dans son rapport sur "50 propositions pour l'avenir des villes" conforte l'idée qu'une véritable réforme est nécessaire, et que celle-ci doit prendre aussi et surtout prendre en compte l'avenir des villes. D'ailleurs, ces propositions n°4, 5 et 6 sont explicites et renforcent ce qui a été dit auparavant :

* proposition n°4 : "le niveau pertinent pour les décisions structurantes concernant les espaces urbains est celui de l'agglomération. Il est proposé de s'orienter vers l'élection au suffrage universel direct d'une assemblée d'agglomération",

* proposition n°5 : "l'organisation territoriale et administrative de la France doit être revue de manière à mieux prendre en compte le fait urbain. Cela concerne notamment la représentation des agglomérations urbaines au sein des départements",

* proposition n°6 : "la mise en oeuvre de réseaux de villes doit constituer l'un des objectifs majeurs de la politique d'aménagement du territoire. Des rapports contractuels devront être

"Pour une remise en cause du maillage politico-administratif français ? - Exemple de la limite
départementale et régionale entre Pau et Tarbes."- Lionel Dupuy, Mémoire de DEA, 1998.

établis entre les conseils régionaux et les conférences des maires des grandes villes (ou des présidents d'agglomération) de chaque région".

Il s'agit donc de reconsidérer le fait urbain (les villes en général) afin de l'intégrer plus amplement dans le cadre des espaces projet prévus pour organiser le territoire français d'ici 2015. En effet, compte-tenu que la population française est (presque) à 80% urbaine, la prise en compte des villes dans leur globalité est d'autant plus justifiée. Anticiper et prévoir la France de 2015, c'est aussi et surtout anticiper et prévoir l'évolution des villes, la résolution des problèmes qu'elles posent constituant une condition nécessaire (mais non suffisante) pour aménager la France du XXI° siècle.

Des propositions de la L.O.A.D.T. et de celles qui découlent des auteurs cités précédemment, nous pouvons déduire que la recomposition du territoire national français dans l'optique de 2015 ne nécessite pas forcément d'effacer totalement le maillage politico-administratif actuel, pour le remplacer directement par des espaces projet qui en sont encore à leurs balbutiements. Au contraire, il s'agit (a priori) de mettre en place une forme de transition qui permette la coexistence et la coopération entre les formes anciennes d'organisation et de gestion du territoire et les formes nouvelles, les premières servant de point d'ancrage et de départ aux secondes.

La difficulté réside donc dans la mise en place d'un espace projet sur un espace-substrat qui compte déjà beaucoup de mailles politico-administratives. En fait, actuellement il s'agit plus d'organiser le territoire que de l'administrer.

Les quatres niveaux de recomposition des territoires proposés par Jean-Louis Guigou procèdent de la dialectique du local et du mondial. Il s'agit d'abord d'observer ces territoires, ensuite de les structurer et enfin de les institutionnaliser, ce qui justifie d'autant mieux la période de 20 ans que s'est fixée la L.O.A.D.T.

De même, aux quatres niveaux ainsi définis correspondent quatres types d'espaces qui leur sont propres :

* au niveau européen correspond l'espace d'intégration,

* au niveau des systèmes urbains organisés et des grandes régions de niveau européen correspond l'espace d'intervention,

* au niveau des districts, des pays, des bassins d'emplois et des agglomérations correspond l'espace de développement,

* au niveau des quartiers correspond l'espace de vie.

De même, cette dialectique du local et du mondial est aussi celle de l'espace projet et de l'espace substrat, la difficulté étant de savoir comment adapter le plus efficacement possible l'un à l'autre.

Quant aux propositions de Jean-Pierre Worms, de Roger Brunet et de Jean-Pierre Sueur, elles confortent et complètent les points de vue développés précédemment, comme nous avons pu le constater jusqu'à présent.

"Pour une remise en cause du maillage politico-administratif français ? - Exemple de la limite
départementale et régionale entre Pau et Tarbes."- Lionel Dupuy, Mémoire de DEA, 1998.

CONCLUSION de la troisième Partie.

Cette troisième partie nous a permis de mettre en évidence la nécessité d'une véritable réforme du maillage politico-administratif français, ce qui en outre vérifie aussi la deuxième hypothèse que nous avons posée dans le cadre de ce mémoire. Les solutions proposées, eu égard au niveau scalaire retenu (celui des départements, et dans une moindre mesure celui des régions), que ce soient celles de la L.O.A.D.T. ou des différents auteurs que nous avons cités, permettent donc de dépasser les différents paradoxes dialectiques résultant de la situation initialement établie.

L'inadaptation et le décalage entre le maillage politico-administratif français, la mise en oeuvre des nouvelles compétences de l'État et la modification dans la répartition des pouvoirs depuis les lois de décentralisation de 1982-1983, peuvent se résorber par une meilleure répartition des compétences, la création d'un ou de deux niveaux de participation locale (ne serait-ce que celui des pays ou des agglomérations, les réseaux de villes procédant d'une autre logique), et par la coexistence et la coopération des espaces projet français avec le maillage politico-administratif actuel.

Les espaces projet français sont ainsi des solutions de transition (sur une période de 20 ans, depuis la L.O.A.D.T. de 1995) qui constituent les prémices, a priori, d'une réforme plus globale et plus générale. Reste cependant qu'ils doivent encore faire leurs preuves :

* dans le secteur d'étude qui nous intéresse, le réseau de villes "Pau-Tarbes-Lourdes" est un échec. Il s'agit actuellement de diagnostiquer les faiblesses et les problèmes pour aboutir rapidement à un espace solution, puis à un espace validation.

* le "Pays de Béarn" se détourne de son projet initial pour tenter de réanimer les Pays de l'Adour, à la recherche d'un second souffle.

Car les instruments d'aménagement et de développement du territoire proposés par la L.O.A.D.T. sont complémentaires, les réseaux de villes devant permettre (directement ou indirectement) une articulation cohérente de l'ensemble des pays (et des agglomérations, pour les milieux urbains) se répartissant sur le territoire national français d'ici 2015.

De même, les propositions des auteurs que nous avons cités sont aussi complémentaires de celles de la L.O.A.D.T. : il s'agit aussi de faire preuve de pragmatisme, en associant ce qui est "ancien" (le maillage politico-administratif) avec ce qui est récent (les espaces projet français). Dans cette perspective, la prise en compte du phénomène urbain est fondamentale, sachant que l'urbanisation croissante rassemble de plus en plus de gens sur des espaces restreints. Deux niveaux de participation locale peuvent ainsi être appréhendés, avec des limites où le citoyen et l'acteur socio-économique se retrouvent :

* celui des quartiers (espace de vie),

* celui des pays et des agglomérations (espace de développement).

Finalement, au lieu d'envisager tout d'abord une réforme globale, ne vaudrait-il pas mieux commencer par certains niveaux, certaines compétences, comme celles, par exemple, que nous avons étudiés ?

"Pour une remise en cause du maillage politico-administratif français ? - Exemple de la limite
départementale et régionale entre Pau et Tarbes."- Lionel Dupuy, Mémoire de DEA, 1998.

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