CONCLUSION GÉNÉRALE.
Le maillage politico-administratif français,
élaboré il y a 200 ans, est donc inadapté aux nouvelles
logiques (politiques, administratives, économiques, sociales, etc...)
qui se développent actuellement dans l'hexagone. Il doit ainsi faire
face aujourd'hui, grosso-modo, à trois évolutions et changements
majeurs pour lesquels il n'est ni prévu, ni adapté :
* d'abord, la prise en compte par l'État de nouvelles
compétences, dans le domaine économique et social, et ce depuis
un siècle environ,
* ensuite, les modifications dans la répartition de ces
compétences entre l'État (dont le pouvoir jusqu'alors
était centralisé), les citoyens et les acteurs
socio-économiques, notamment depuis les lois de décentralisation
de 1982-1983,
* enfin, les modifications et les changements de l'espace
socio-économique, avec, entre autres, une urbanisation croissante.
Ce faisant, les deux hypothèses que nous avons
posées dans le cadre de ce mémoire sont en partie
vérifiées :
* Le maillage politico-administratif français
actuel est donc inadapté à une gestion et un contrôle
performant et objectif de l'espace socio-économique.
* Il y a par conséquent nécessité
de procéder à une réforme, une refonte de ce maillage, ou
du moins de certaines mailles politico-administratives, afin de rétablir
la cohérence dans l'articulation et l'adaptation des différentes
logiques en présence.
Néanmoins, et a posteriori, il semble que nous
n'avons pas posé les hypothèses les plus pertinentes, ce qui est
relativement compréhensible, compte-tenu du caractère
obligatoirement incertain de telles hypothèses. Finalement, le
problème n'est pas tant dans les mailles, les limites (aussi importantes
soient-elles, comme nous le pensions au début de ce mémoire),
mais plutôt dans la clarification des compétences à mieux
répartir dans les différents niveaux politico-administratifs
présents actuellement, ainsi que dans la mise en place d'un niveau (ou
deux) de participation locale, compte-tenu de la décentralisation qui
est en vigueur : à ce titre, les pays et les agglomérations (avec
les quartiers, à un niveau inférieur) constituent une solution
somme toute très intéressante.
Dépassant la simple démarche analytique,
l'utilisation de la méthode dialectique nous a permis de comprendre et
d'appréhender autrement les paradoxes soulevés par la
problématique retenue. Cependant, nous avons conscience de ne pas
l'avoir utilisé dans toute sa richesse. D'une part, cela est dû
à notre relative inexpérience face à l'utilisation de
cette théorie dont nous ne possédons pas encore toutes les
subtilités ; d'autre part, parce que l'orientation finale et
définitive de notre travail n'a été fixée que
tardivement, ce qui est normal dans le cadre de la rédaction d'un
mémoire de D.E.A.
Pourtant, et malgré les quelques limites que nous
apportons ici à notre travail, nous estimons avoir rempli notre contrat,
en répondant (tant bien que mal) aux objectifs fixés dans
l'introduction.
"Pour une remise en cause du maillage
politico-administratif français ? - Exemple de la
limite départementale et régionale entre Pau et Tarbes."-
Lionel Dupuy, Mémoire de DEA, 1998.
Ainsi, dans la première partie, la dimension historique
nous a été d'un grand secours pour l'analyse et l'explication de
certains faits, de certaines situations, ainsi que de leurs évolutions.
Il s'est agi pour nous d'étudier des faits inscrits à la fois
dans l'espace mais aussi dans le temps.
Dans la seconde partie, nous sommes partis de l'idée que
l'analyse de l' "espace urbain" Pau- Tarbes constituait un bon exemple
de remise en cause des mailles départementales et régionales.
Certes, nous n'avons abordé que certains aspects (des contraintes
temporelles et matérielles ne sont pas étrangères à
cet état de fait) ; il n'en demeure pas moins que cet exemple est
représentatif d'un plus vaste phénomène se
développant à l'intérieur du territoire national
français.
Dans la troisième partie, nous nous sommes efforcés
de faire une synthèse (modeste en non exhaustive) des alternatives
possibles face au problème retenu. Nous avons ainsi
privilégié l'analyse des réseaux de villes, des pays, dans
une moindre mesure celle des agglomérations et des quartiers,
compte-tenu du niveau scalaire qui nous intéresse, car ces instruments
constituent à nos yeux des espaces projet pertinents pour
l'aménagement et le développement du territoire dans l'optique de
2015.
Cependant, les espaces projet que nous évoquons ici n'en
sont encore qu'à leur phase prospective, ce qui mérite de notre
part et de celle du lecteur beaucoup de réserve et de prudence quant
à l'analyse des véritables résultats qu'offrent
réellement ces derniers. Nous avons juste voulus faire un état
des lieux des différentes propositions, qu'elles soient celles de la
L.O.A.D.T. ou des auteurs que nous avons retenus, afin de
montrer ce qui pourrait organiser l'espace français dans les 15 ans
à venir.
Quant au titre du mémoire, formulé sous forme
interrogative, il mérite par conséquent une
réponse. "Pour une remise en cause du maillage
politico-administratif français ?" Effectivement, ce
dernier est à remettre en cause, mais cela ne signifie par pour autant,
compte-tenu du travail que nous avons mené cette année, qu'il
faille faire obligatoirement table-rase de celui-ci pour le remplacer par un
autre. Au contraire, les solutions proposées s'orientent plus, du moins
pour le début, vers une phase de transition permettant la coexistence et
la coopération de l'un (le maillage actuel) avec les espaces projet qui
plus tard seront peut-être institutionnalisés.
Pour les poursuites de la recherche menée cette
année, si les moyens nous en sont donnés, nous aimerions ouvrir
la problématique sur l'ensemble des niveaux scalaires remis en cause
(commune, canton, arrondissement, département, région et
même la nation), étudier avec plus de profondeur les apports et
les limites des espaces projet français (sans se focaliser
essentiellement sur les pays, les agglomérations ou encore les
réseaux de villes), et enfin aborder la dimension européenne dans
une démarche comparative, ce que nous aurions aimés faire cette
année. Mais malheureusement, l'absence de données relatives
à ce thème nous a restreint dans une dimension uniquement
française, ce qui constitue à nos yeux une limite
supplémentaire à notre travail.
Pour autant, nous espérons que ce mémoire, un
modeste travail d'étude et de recherche mené pendant un an, outre
les réponses qu'il apporte a nos hypothèses de départ,
puisse constituer aussi un état des lieux de ce qui se fait et de ce qui
se dit en matière d'aménagement du territoire et de
géographie, par rapport à la recomposition du territoire national
français dans l'optique de 2015. Nous espérons ainsi pouvoir
poursuivre cette recherche dans le cadre plus
"Pour une remise en cause du maillage
politico-administratif français ? - Exemple de la
limite départementale et régionale entre Pau et Tarbes."-
Lionel Dupuy, Mémoire de DEA, 1998.
large que constitue la thèse de doctorat, notamment en
nous intéressant toujours au maillage politico-administratif
français, mais dans la perspective d'une comparaison européenne,
eu égard à la construction de la Communauté
Économique Européenne qui est en cours, et aux solutions
développées en dehors des frontières françaises.
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