II - Les propositions de Jean-Pierre WORMS et de Roger
BRUNET.
Jean-Pierre Worms, quant à lui, propose
de renforcer les compétences et la taille de des budgets
régionaux, ce qui n'est pas antinomique, au contraire, avec un
éventuel regroupement des régions actuelles. L'objectif
visé est le même que celui de Jean-Louis Guigou,
c'est-àdire de permettre à ces dernières une meilleure
intégration compétitive au sein de l'Europe des 15.
En effet, les régions doivent être
appréhendées doublement. D'une part, dans une perspective
uniquement française : elles constituent ainsi la maille permettant
l'articulation entre le local et le national. D'autre part, dans une
perspective européenne : elles constituent dans ce cas la maille
permettant l'articulation entre le national (le régional) et
l'européen, ce qui leur permet indirectement de faire face à la
concurrence internationale.
"Pour une remise en cause du maillage
politico-administratif français ? - Exemple de la
limite départementale et régionale entre Pau et Tarbes."-
Lionel Dupuy, Mémoire de DEA, 1998.
Cette dualité (et/ou ambivalence due à un effet
d'échelle) des régions françaises est avantageuse mais
aussi source d'inconvénients. Avantageuse car elle renforce et
légitime encore plus la place de celles-ci dans le maillage
politico-administratif français. Leur utilité s'en retrouve
renforcée. Mais elle est aussi source d'inconvénients, car ce
rôle d'interface pose des problèmes de gestion et de
compétences, ainsi que des problèmes sur le modèle de
gouvernement à adopter finalement : devons-nous alors nous diriger vers
un modèle fédéral et laisser ainsi beaucoup plus
d'autonomie aux régions ? Dans cette dernière perspective, il
faut alors complètement repenser les compétences et la taille des
régions. Mais, comme le fait remarquer justement Roger
Brunet, additionner des petites régions peu puissantes donne
pour résultat des grandes régions peu puissantes, ce qui au bout
du compte ne sert à rien... Il reste à modifier maintenant la
culture politique dominante, celle-là même qui est aussi à
l'origine de l'inertie que nous remettons en cause.
Car pour Jean-Pierre Worms, "plus que
l'inadaptation des limites géographiques, c'est la culture politique qui
retient les collectivités territoriales d'évoluer : des
siècles de soumission à l'autorité centrale et l'attrait
des pouvoirs (cumulés !) freinent, mais n'empêcheront pas,
l'apprentissage de nouveaux projets et de nouvelles pratiques
politiques".
Il considère ainsi que le problème réside
plus dans les comportements des hommes politiques (quels que soient leur parti
politique et leurs responsabilités) que dans l'inadaptation entre le
maillage politico-administratif et l'espace socio-économique.
Néanmoins, les deux problèmes sont liés, l'inadaptation
des limites géographiques conditionnant indirectement un comportement
"passéiste" des hommes politiques, comportement leur apportant beaucoup
d'avantages, et qu'une éventuelle réforme pourrait abolir (un peu
comme en 1789...). Paradoxalement, ce n'est pas tant le citoyen et/ou l'acteur
socio-économique qu'il faudrait (ré)éduquer, mais
plutôt les hommes et les acteurs politico-administratifs... Il s'agit
là d'un autre type de réforme, tout aussi dure à mener que
celle que nous étudions.
Dans un autre registre, et à un autre niveau scalaire, les
propositions de Jean-Pierre Sueur confirme la
nécessité de repenser le paysage politico-administratif
français, et plus précisément de reconsidérer
autrement le fait urbain.
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