1. Evolution de la mortalité et de la
morbidité
Depuis l'apparition des combinaisons thérapeutiques,
une baisse important de la mortalité et de la morbidité a
été constatée chez les patients séropositifs pour
le VIH. Cette diminution s'est tout d'abord traduite par une diminution des
taux d'hospitalisations de ces patients291.
Une étude américaine sur 1255 patients ayant
tous eu au moins une fois des lymphocytes CD4 inférieurs à
100/mm3292, a montré un déclin de la mortalité
de 29.4 pour cent personnes-année dans les trois premiers mois de 1995
à 8.8 pour cent personnes-années dans le deuxième
trimestre de l'année 1997. Cette diminution de la mortalité
concernait tous les patients, quelque soient leur âge, sexe, ou facteur
de risque pour la transmission du virus. L'incidence des trois pathologies
opportunistes les plus fréquentes dans ce pays (la pneumocystose, Les
mycobactérioses et la rétinite à cytomégalovirus) a
diminué de 21.9 pour cent personnes-années en 1994 à 3.7
pour cent personnes-années en 1997. Ces améliorations sont
imputables à l'augmentation de l'utilisation des traitements par
combinaisons thérapeutiques incluant une antiprotéase. La
diminution de la mortalité et de la morbidité, quelque soit le
facteur de risque initial pour l'infection par le VIH a été
retrouvée dans d'autres études293. Le risque de voir
apparaître de nouvelles pathologies opportunistes du SIDA diminue
progressivement après l'introduction des combinaisons
thérapeutiques294.
Des études récentes sur la
Leucoencéphalopathie Multifocale Progressive (LEMP), une pathologie
opportuniste due à l'infection par le virus JC dont le pronostic
était très sévère jusqu'ici montrent une
amélioration sensible du pronostic depuis la mise sous combinaisons
thérapeutiques de ces patients295-297.
La perte de poids (de 10% ou plus du poids prémorbide)
est aussi associée à une plus grande mortalité et est un
des facteur prédictif d'une mauvaise évolution
ultérieure298, 299. De nouveaux indices de l'état
nutritionnel sont proposés afin de mieux surveiller l'évolution
des patients300.
Enfin, les troubles cognitifs modérés et
sévères étaient associés, avant l'apparition des
antiprotéases à un taux de mortalité plus
élevé (44.9% de mortalité chez les sujets avec des
troubles cognitivo-moteurs modérés, sur un suivi de 2.4 ans),
soit un risque quatre fois plus élevé que celui des patients sans
troubles cognitifs301. Une étude ultérieure portant
sur 105 patients302, a confirmé ces premiers résultats
en montrant que les patients ayant des troubles modérés ont un
risque de mortalité plus élevé. Dans cette étude,
les auteurs soulignaient le fait que ce sont en particulier le ralentissement
psychomoteur et les troubles du rappel à long terme qui sont
associés à un risque de mortalité plus
élevé. Depuis l'apparition des antiprotéases, peu
d'études ont traité de l'évolution de l'impact sur les
troubles modérés. Dans l'étude que nous avons
réalisée sur le devenir des patients sous combinaisons
thérapeutiques139, nous observions un taux de 24% de
mortalité chez les patients ayant un trouble cognitif
modéré. La mortalité était en particulier
associée à un ralentissement psychomoteur plus
sévère. Ces résultats montrent que, bien que la
mortalité ait diminué, les troubles cognitifs restent un facteur
important de mortalité chez les patients séropositifs pour le
VIH.
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