3.7.3. Relations entre les troubles de l'humeur et les
troubles cognitifs
La relation directe entre les déficits
neuropsychologiques et la présence ou l'absence de dépression a
intéressé de nombreux auteurs. Certain183 montrent que
si les symptômes de la dépression sont plus fréquents chez
les sujets séropositifs pour le VIH, il n'y a pas de relation directe,
par contre, entre la dépression et les troubles cognitifs. Dans une
étude plus récente, Castellon et coll.184 rapportent
que si la dépression n'est pas liée à un ralentissement
psychomoteur, il existe en revanche un lien entre la vitesse psychomotrice et
l'apathie, suggérant que des symptôme d'apathie
indépendants du syndrome dépressif puissent être un
indicateur important de l'atteinte du système nerveux central.
Enfin, Une étude chez 79 militaires atteints du VIH (et
27 contrôles séronégatifs) montre qu'il existe un lien
entre la plainte cognitive et le déficit neuropsychologique et entre la
plainte cognitive et les troubles de l'humeur (dépression et
anxiété)181. Par contre il n'existait pas de relation
entre le déficit neuropsychologique et les troubles de l'humeur, c'est
à dire que la plainte cognitive peut refléter soit un
déficit neuropsychologique effectif, soit un trouble de l'humeur, mais
que les effets de chacun sont indépendants.
La dépression n'est donc probablement pas à
l'origine des troubles cognitifs observés dans l'infection par le VIH-1.
Son caractère fluctuant, chez ces patients, alors que les troubles
cognitifs sont persistants explique probablement l'absence de
corrélation dans ces études s'intéressant à un
nombre important de patients. Au niveau individuel cependant il est possible
qu'à partir d'un certain seuil de dépression
sévère, celle-ci intervienne dans les troubles cognitifs. Des
résultats similaires, sur l'absence de lien entre la dépression
et les troubles cognitifs, suggérant l'existence d'un seuil de
sévérité de la dépression dans cette interaction
ont pu être trouvés notamment dans la maladie de
Parkinson185.
3.7.4. Relations entre les troubles de
l'humeur et l'évolution de la maladie
D'autres auteurs se sont interrogés sur le stade
d'apparition de l'anxiété et la dépression186,
187 au cours de l'infection par le VIH. Ils ont pu montrer que ces
symptômes sont indépendant du stade de l'infection VIH et sont
essentiellement liés à la présence de facteurs
psychologiques et psychosociaux. Par contre il semble qu'inversement, davantage
de stress et de difficultés psychosociales puissent
accélérer le cours de l'infection VIH188. Cela est
particulièrement important quand dans certaines couches de la population
américaine avec de lourds problèmes psychosociaux, des auteurs
ont montré que l'apparition d'une infection par le VIH chez les femmes
reste moins prédictif que les difficultés psychosociales
déjà existantes d'un avenir psychologique très
perturbé189, ce qui laisse présager d'un
développement de la pathologie VIH plus rapide et plus
sévère chez ces femmes.
Enfin il ne faut pas négliger l'influence des facteurs
psychosociaux et socio-démographiques sur la compliance aux traitements
antirétroviraux. La mauvaise compliance au traitement est en effet un
des facteurs les plus importants de l'échec thérapeutique et la
reprise de la maladie. Dans une étude espagnole, les auteurs montrent
notamment que les facteurs de mauvaise compliance aux traitements sont un
âge plus jeune, la toxicomanie, la dépression et un manque de
support social190.
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