3.6.2. Processus attentionnels
Le test de transfert des ressources attentionnelles
(EDID-shift) utilisé chez le singe158, comme celui de la
mémoire de travail, a été adapté à partir du
CANTAB, mis au point chez l'homme108. Les animaux ont un
déficit de transfert de l'attention d'une dimension de la scène
visuelle à une autre dimension. En revanche, les capacités
d'adaptation à une nouvelle règle ou de discrimination visuelle
sont intactes. Des résultats similaires au même test ont
été obtenus chez les patients symptomatiques et
asymptomatiques108 et chez des primates humains et non humains ayant
des lésions du cortex préfrontal140. Dans le
modèle félin (FIV), ce sont essentiellement une augmentation du
taux d'activité et une distractibilité importante qui sont.
L'importance des troubles étant en relation directe avec la diminution
du taux de CD4 observés164, 165. Ces troubles chez le chat
seraient en lien avec des anomalies du lobe frontal, en particulier un
diminution du taux de N-acétyl-aspartate166 et une
réduction de la densité neuronale dans le cortex frontal167,
168.
3.6.3. Motricité fine
Chez le singe, les déficits moteurs sont plus
fréquents et interviennent plus tôt après l'inoculation que
les déficits cognitifs163.
En fait, ces déficits de motricité fine sont
quasiment systématique chez les animaux infectés.
L'habileté motrice chez le singe est généralement
testée grâce à un dispositif permettant d'évaluer la
dextérité des animaux à prélever, sur une table
rotative à vitesse variable, des morceaux de nourriture placés
dans de petites cupules ou un équivalent du test de Pegboard.
L'expérimentateur mesure la vitesse maximale de la table pour laquelle
l'animal parvient à prélever la moitié de la nourriture.
Les animaux infectés, entraînés préalablement dans
cette tâche, ne parviennent pas à prendre la nourriture à
la même vitesse que les animaux non infectés, ce qui
suggère, comme chez l'homme, un ralentissement moteur au cours de la
réalisation de tâche de dextérité fine. Les
perturbations à ce test sont corrigées par les traitements
à base de zidovudine161.
3.6.4. Conclusion
L'utilisation de modèles simiens de l'infection par le
SIV a globalement montré que les mêmes fonctions cognitives et
motrices étaient affectées que chez l'homme, notamment en ce qui
concerne les habiletés motrices fines et les fonctions attentionnelles.
De plus, comme c'est le cas chez les sujets humains, les dysfonctionnements
observés n'ont jamais pu être corrélés avec la
localisation ni l'extension des lésions inflammatoires du SNC. Ils ont
cependant pu être corrélés, dans certains cas, au taux
d'acide quinolinique dans le liquide céphalo-rachidien, et ce chez
l'homme comme chez l'animal. Il semble donc probable que les déficits
neuropsychologiques observés chez l'homme comme chez le singe,
infectés respectivement par le VIH et le SIV, résultent d'effets
indirects des virus.
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