3.5.3. Mémoire
épisodique
Plusieurs autres études portant sur la mémoire
verbale ont suggéré un profil mnésique
«sous-cortical» chez les patients séropositifs. En effet,
35,5% des patients séropositifs ont des troubles de l'acquisition et de
la rétention de mots alliés à une relative
préservation des capacités de reconnaissance154. Dans
une étude de la mémoire verbale antérograde de patients
séropositifs utilisant le «California verbal learning test»,
Peavy et collaborateurs155 ont montré que les patients
séropositifs symptomatiques présentaient par rapport à des
témoins séronégatifs, plus d'erreurs dans des mesures
d'acquisition et de rétention de la mémoire verbale. Ils
utilisaient moins souvent une stratégie d'organisation sémantique
des mots cibles pour le rappel. Le profil de troubles des patients
symptomatiques était similaire à celui de patients souffrant de
maladie de Huntington et différent de celui de patients avec maladie
d'Alzheimer. Il consiste en un rappel libre faible, avec des intrusions y
compris en rappel différé. Nos résultats112
montrent que des patients présentant un SIDA déclaré avec
troubles cognitifs modérés présentent plus de troubles du
rappel libre dans une épreuve d'apprentissage d'une liste de mots,
comparés à des séropositifs asymptomatiques. Le rappel
indicé (la performance de rappel après avoir donné un
indice sémantique des mots oubliés) est diminué, alors que
la reconnaissance est correcte. Une épreuve identique chez des patients
déments par rapport à ceux présentant des troubles
modérés montre une aggravation du rappel libre alors que la
sensibilité aux indices reste identique. Cette dissociation dans la
mémoire épisodique entre un rappel libre très
altéré et une relative préservation du rappel
indicé est caractéristique du profil mnésique
sous-cortical156. Les patients présentant ce profil ont
tendance à avoir un taux de CD4 plus bas et à être en phase
de SIDA déclaré, ce qui suggère que, contrairement aux
troubles de mémoire de travail, les troubles de mémoire
épisodique apparaissent plus tard dans le décours de la
maladie154.
3.5.4. Métamémoire
La relation entre la métacognition et les troubles
cognitifs chez des patients séropositifs, a été
explorée par plusieurs équipes et les résultats sont
contradictoires. Hinkin et collaborateurs157 se sont
intéressés plus spécifiquement à la relation entre
les troubles mnésiques, la dépression et la plainte
mnésique. Ils ont identifié d'une part, un sous-groupe de
patients surévaluant leurs troubles mnésiques et
significativement plus déprimés, et un sous-groupe de patients
qui, au contraire, sous évaluent leurs troubles cognitifs. Ces auteurs
émettent l'hypothèse que cette anosognosie des troubles pourrait
être liée à l'atteinte sous-corticale.
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