1.2. Apparition des troubles cognitifs
associés à l'infection par le VIH-1
L'identification de détériorations
intellectuelles chez les patients présentant un syndrome
d'immunodéficience acquise s'est faite très rapidement
après la découverte de la maladie. Ces troubles seront d'abord
attribués au Cytomégalo-Virus (CMV)13, 14. D'abord
identifié sous le terme « d `encéphalopathie
subaiguë ou progressive » (subacute encephalitis, progressive
encephalopathy)15-17, ce syndrome clinique est ensuite
dénommé « syndrome démentiel associé au
SIDA » (AIDS dementia complex) (ADC) par l'équipe de
Navia et Price, à New York, EU18, 19. Très rapidement
les difficultés du diagnostic apparaissent, chez ces patients pour
lesquels les signes cliniques sont peu spécifiques et les autres causes
d'altération des fonctions supérieures très nombreuses
(germes opportunistes, lymphomes) et peuvent être à l'origine de
signes neurologiques intriqués surtout à la fin de
l `évolution de la maladie15, 18, 19. De plus, la
fréquence des manifestations psychiatriques rend difficile
l'évaluation de la démence chez ces patients souvent
déprimés ou confus20-24.
La présence de particules virales dans le
système nerveux central sera rapidement
révélée25 et du VIH va être isolé
à partir de liquide céphalo-rachidien et de tissu neuronal chez
des patients présentant un syndrome neurologique du
SIDA26-28. La mise en évidence du passage précoce de
la barrière hémato-encéphalique par le VIH-1
n'apparaîtra que plus tard29.
En 1988 Price et Brew définissent une échelle
évaluant le degré de détérioration de la
démence (Stades démentiels du SIDA)30.
Si la présence d'une démence ne fait plus de
doute, un débat va par contre persister sur l'origine et la
présence de troubles cognitifs modérés tôt ou tard
dans l'avancée de la maladie
En 1991, une nouvelle nomenclature, élaborée
conjointement par l'O.M.S. et par «l'American Academy of Neurology»
(A.A.N.), vise à standardiser le diagnostic clinique et à rendre
l'ensemble des recherches comparables31. Elle fournit une nouvelle
terminologie ainsi qu'un nouvel ensemble de critères diagnostiques (voir
tableau I). Les formes sévères sont regroupées soit sous
l'appellation de «HIV-1-associated dementia complex » soit sous
celle de « HIV-1-associated myelopathy » et sont
suffisantes pour poser le diagnostic de SIDA avéré.
Les formes légères font partie du
« HIV-1-associated minor cognitive/motor disorder » et ne
permettent pas de poser le diagnostic de SIDA avéré bien qu'elles
puissent être observées chez les sidéens.
Les appellations nouvelles et anciennes des formes
sévères et légères des troubles cognitivo-moteurs
associés au VIH-1 sont présentées dans le tableau I.
Tableau I :
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Nouvelle nomenclature
(en vigueur après 1990)
Syndrome cognitivo-moteur associé au VIH-1
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Ancienne nomenclature (jusqu'en 1990)
Syndrome démentiel du SIDA
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Manifestations sévères
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1) Syndrome démentiel associé au VIH-1
2) Myélopathie associée au VIH-1
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1) encéphalite subaiguë, encéphalopathie
VIH, démence liée au SIDA
2) encéphalopathie VIH
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Manifestations légères
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Troubles cognitivo-moteurs associés au VIH-1 (voir
tableau II pour détails)
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1) désordres neurocognitifs associés au VIH
2) anomalies neuro-comportementales associées au VIH
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Pendant les 13 années qui suivent la découverte
du VIH, l'ADC va rester incurable et il faudra attendre l'apparition des
antiprotéases pour observer les premières rémissions chez
des patients.
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