3- La définition du concept de « budget
»
Le concept de « budget » est un mot
polysémique qui peut être entendu non seulement sous l'angle
littéraire (a), mais aussi sous l'angle juridique
(b).
a- L'acception littéraire
Sous l'angle littéraire, le budget peut être
défini comme un « état de prévision des recettes
et des dépenses d'un pays, d'un département, d'une famille, d'un
particulier, etc. »58. Il ressort de cette
définition une typologie de budget. Non seulement cette
définition du budget fait référence au budget
général de l'État, ce qui a été
qualifié de « recettes et dépenses d'un pays », mais
aussi au budget des collectivités locales, au budget familial et au
budget d'une personne physique. Cette définition littéraire du
budget semble plus large, c'est pourquoi, il est judicieux de
l'appréhender sous l'angle juridique.
b- L'acception juridique
Dans le cadre juridique, le concept de « budget
» peut, être défini au sens formel et au sens
matériel. Formellement, le budget est un « acte par lequel sont
prévues et autorisées les recettes et les dépenses des
organismes publics »59. Au sens matériel du terme,
il peut être appréhendé comme l'« ensemble des
recettes et dépenses d'un organisme public, autorisées et
effectuées au titre d'une année »60. Le
budget peut encore être défini comme un « état
prévisionnel et limitatif des dépenses et des recettes à
réaliser au cours d'une période donnée
57 Ibid.
58 Dictionnaire de Français Larousse,
p. 53.
59 CORNU (Gérard), Vocabulaire
juridique, idem., p. 124.
60 Idem.
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Le contrôle de l'exécution du budget des
Collectivités Territoriales Décentralisées au
Cameroun
par une unité économique
»61. L'établissement d'un budget implique des
choix, puis le respect de ceux-ci lors de l'exécution, mais au
préalable, une information sur l'avenir plus satisfaisante possible est
nécessaire62. La qualité de cette information
dépend de la nature de l'unité économique, de l'horizon
temporel dans lequel s'inscrit le budget.
Chaque année, les gouvernements préparent et
rendent publics les documents budgétaires qui vont définir leur
action économique et financière63. Ces documents sont
repris par les médias qui les dissèquent, en font une
présentation simplifiée et recueillent les commentaires de
nombreux spécialistes. Des groupes d'intérêt divers
vérifient si les mesures annoncées correspondent aux demandes
qu'ils ont faites et prennent position sur la place publique. S'ils ont une
telle couverture de presse et si l'opinion publique est interpellée par
les documents budgétaires, c'est qu'ils expriment clairement le
programme d'action d'un gouvernement, avec les contraintes qui sont les
siennes. C'est d'ailleurs ce que soulignait un premier ministre Québec,
René LÉVESQUE : « Un budget réussi, pourvu qu'on
sache le lire, c'est chaque année, la photo la plus précise qu'on
peut tirer d'une société, avec tout son pain et tout son
beurre64 ».
En fait, le budget est sans doute l'ensemble de documents le
plus important publié annuellement par un gouvernement. Il indique ses
priorités, puisque les ressources étant rares, des choix ont
dû être effectués par rapport à de multiples
possibilités. Il s'inscrit, ce faisant, dans une démarche
d'imputabilité car les choix étant explicites, une reddition de
comptes devra s'ensuivre. Mais à travers ces documents, il est
également possible de voir apparaître tout le fonctionnement d'un
État et la dynamique des rapports entre ses différentes
composantes. De même, si le budget permet de mieux comprendre
l'environnement concret de la gestion publique, il est aussi le reflet de la
part de la richesse collective consacrée à la production de biens
et de services publics65.
À la suite du législateur communautaire,
à travers les directives du 19 décembre 2011, le
législateur camerounais prend le soin d'internaliser et de s'approprier,
la programmation budgétaire comme une nouvelle logique ou
stratégie d'élaboration des budgets des personnes publiques.
Cette stratégie nouvelle, qui ne répudie pas totalement la teneur
de l'annualité budgétaire, consacre désormais la
programmation budgétaire. Celle-ci postule l'élaboration des
activités et actions des personnes publiques au-delà d'une
année budgétaire, mais dans
61 SILEM (Ahmed), ALBERTINI (Jean-Marie), Lexique
d'économie, Dalloz, (11e éd.), 2010, p. 118.
62 Ibid.
63 CLICHE (Pierre), Gestion budgétaire et
dépenses publiques, Québec, PUQ, 2009, p. 13.
64 LEVESQUE (René), Attendez que je me
rappelle, Montréal, Québec-Amérique, 525 p.
65 CLICHE (Pierre), op.cit.
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Le contrôle de l'exécution du budget des
Collectivités Territoriales Décentralisées au
Cameroun
une limite n'excédant pas trois (3) ans. De même,
en dépassement du principe de l'équilibre budgétaire
consacré par l'article 3566 de la loi du 10 juillet 2009
portant régime financier des CTD, le législateur camerounais du
11 juillet 2018, consacre désormais un principe de soutenabilité
budgétaire. En effet, tandis que l'équilibre budgétaire se
résume autour de l'interdiction de déficit ou excédent
budgétaire, le principe de soutenabilité budgétaire quant
à lui, autorise les personnes publiques à exécuter les
budgets déficitaires à condition de pouvoir assumer les
dépenses prioritaires inscrites dans les programmes
budgétaires.
Avant même de parler de l'exécution et du
contrôle de l'exécution, le budget des CTD au Cameroun est mis en
oeuvre par l'étape préalable qu'est l'élaboration.
L'élaboration du budget, du latin « Laborare », qui
signifie « travailler », l'élaboration du budget des CTD est
une étape qui désigne l'ensemble des opérations ou des
activités juridiques préalables à l'exécution du
budget des personnes publiques. À cet effet, l'élaboration du
budget des CTD au Cameroun se déroule en trois phase67
à savoir : la préparation, le vote ou l'adoption et
l'approbation.
La préparation du budget local est une notion qui met
en exergue deux approches complémentaires : l'une classique et l'autre
moderne. Dans son approche classique, la préparation du budget des
personnes publiques consiste à déterminer les prévisions
de recettes et de dépenses d'une personne publique. En revanche, la
conception moderne consacrée en droit positif camerounais par les lois
no 2007/006 du 26 décembre 2007, portant régime
financier de l'État, et la loi no 2018/011 du 11 juillet
2018, portant régime financier de l'État et des autres
entités publiques, consacrent l'élaboration des programmes comme
articulation nouvelle de l'élaboration du budget des personnes
publiques. Il s'agit, au-delà des prévisions de recettes et de
dépenses, de déterminer les projets, activités et action
à réaliser par les pouvoirs publics au cours du prochain exercice
budgétaire ou encore durant une période triennale.
L'adoption du budget communal ou régional quant
à elle, est une phase qui incombe à l'organe
délibérant de chacune des CTD ci-dessus évoquées.
Telle est la teneur de l'article 422 alinéa 1er du
CGCTD68.
En ce qui concerne l'approbation du budget des CTD, elle en mise
en oeuvre
66 L'article 35 de la loi no 2009/011 du
10 juillet 2009, portant régime financier des collectivités
territoriales décentralisées dispose à cet effet que :
« le budget est voté en équilibre en recettes et en
dépenses ».
67 Les phase de l'élaboration du budget des
CTD au Cameroun sont : la préparation, le vote ou l'adoption et
l'approbation.
68 L'article 422, al. 1er du CGCTD dispose
à cet effet que : « le budget de la collectivité
territoriale, est voté, par l'organe délibérant, au plus
tard le 15 Novembre de chaque année ».
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Le contrôle de l'exécution du budget des
Collectivités Territoriales Décentralisées au
Cameroun
par les organes d'approbation tels que, les organes
délibérants des CTD et les autorités de tutelle des CTD.
En effet, « le budget de la Collectivité Territoriale est
approuvé par arrêté du représentant de l'État
dans un délai de quinze (15) jours suivant la date de sa
réception par celle-ci. Passé ce délai, le budget est
réputé approuvé69 ».
Hormis le concept de « budget », le concept de
« collectivité territoriale décentralisée » qui,
apparaît dans l'intitulé de notre thème de recherche
mérite à son tour d'être défini.
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