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Le contrôle de l'exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au cameroun


par Fabien Félicien Prosper NOAH AWONO
Université de Yaoundé II - Master en Théorie et Pluralismes Juridiques 2023
  

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CONCLUSION DU CHAPITRE II

Le contrôle de performance dont il était question dans ce chapitre revêt une importance cruciale pour assurer une gestion financière efficace et transparente dans les CTD. Ce processus vise à garantir que les ressources publiques sont utilisées de manière optimale pour répondre aux besoins des citoyens et promouvoir le développement local durable. À travers des mécanismes tels que les audits réguliers, le reporting financier détaillé et l'évaluation de la performance, les autorités locales peuvent surveiller l'exécution budgétaire, détecter les irrégularités et améliorer la responsabilité des gestionnaires publics.

La performance possède autant de facettes qu'il y a d'observateurs d'une CTD et de rationalités présentes dans ladite CTD. On peut ainsi identifier une performance financière, mais aussi sociale, environnementale, opérationnelle, etc. De ce fait, la performance ne peut être définie d'un seul point de vue (opérationnel, social, financier, etc.), mais comme un dosage de toutes ces dimensions. La difficulté majeure tient au fait que les champs de la performance ne se recoupent pas forcément et qu'il peut même y avoir des antagonismes entre ces différentes facettes.

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CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

Au terme de cette seconde partie de notre devoir qui, portait sur un contrôle matériellement aménagé, le contrôle de l'exécution du budget des CTD au Cameroun présente à la fois des avantages substantiels et des défis significatifs. Ce type de contrôle favorise la transparence et la responsabilité dans la gestion des finances publiques locales, en permettant une vérification détaillée des dépenses et des recettes. De plus, il offre la possibilité de détecter précocement des irrégularités financières, ce qui est essentiel pour prévenir la corruption, les détournements de derniers publics, la concussion, bref, la mauvaise gestion financière au niveau local.

Cependant, les défis persistent, notamment en termes de ressources humaines et

financières limitées pour assurer un contrôle uniforme et efficace au niveau local. Le
contrôle matériellement aménagé du budget des CTD au Cameroun doit être ancré dans le respect rigoureux des principes et règles en vigueur pour assurer une gestion financière transparente, responsable et équitable. Cela nécessitera des efforts concertés pour surmonter les défis existants et pour promouvoir une gouvernance financière durable et efficace, répondant ainsi aux attentes des citoyens au niveau local. On peut retenir d'une manière générale que la finalité du contrôle de l'exécution du budget des CTD au Cameroun se caractérise d'une part, par la régularité380, et d'autre part, on assiste à l'introduction de la performance381.

380 HASSANA (Barnabas), « L'évolution des finalités du contrôle de la dépense publique au regard des nouvelles

réformes de finances publiques camerounaises », op.cit., p. 1238.

381 Ibid.

CONCLUSION GÉNÉRALE

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La gestion et le contrôle de l'exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au Cameroun représente un défi majeur dans le cadre de la décentralisation administrative et financière. Ce travail explore en profondeur les mécanismes et les effets du contrôle de l'exécution du budget des CTD.

La décentralisation budgétaire est essentielle pour renforcer la gouvernance locale et promouvoir la démocratie participative. Au Cameroun, elle vise à autonomiser les CTD en leur donnant la responsabilité de gérer leurs propres affaires, notamment à travers la planification, l'élaboration et l'exécution de leurs budgets. Cette approche est considérée comme un levier potentiel pour stimuler le développement local en permettant une meilleure adaptation des politiques publiques aux réalités locales.

Autrement dit, la décentralisation est un mode d'organisation de l'État et de partage de pouvoir dans l'État qui implique autant une nouvelle conception, qu'une configuration rénovée du système financier justifiée par le développement des finances locales382. De ce fait, les finances locales sont aujourd'hui traversées par la philosophie de la nouvelle gouvernance financière publique383. Elle constitue une réalité dans le système financier camerounais en général, et dans le régime financier des CTD en particulier384. Elle constitue une véritable révolution financière par l'introduction d'une logique de performance dans la gestion des finances publiques non seulement de l'État, mais aussi et surtout des collectivités infra - étatiques comme les CTD385. L'objectif de la nouvelle gouvernance financière publique était de faire passer la philosophie managériale logique de moyens à une logique de résultats386. L'exécution du budget des CTD est encadrée par plusieurs mécanismes de contrôle. Sur le plan juridique, les lois et règlements définissent les procédures à suivre tout au long du cycle budgétaire, depuis la préparation jusqu'au contrôle postérieur. Le contrôle interne joue un rôle éminemment important en établissant des systèmes et des procédures pour assurer la transparence, la régularité et la conformité des opérations financières. Parallèlement, le contrôle externe est assuré par la juridiction financière spécialisée telle que la Chambre des comptes de la Cour suprême, chargée de vérifier la régularité des comptes et la légalité des dépenses.

382 AKONO OLINGA (André), op.cit., p. 382.

383 Ibid.

384 Idem.

385 Idem.

386 Idem.

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Malgré les efforts déployés, plusieurs défis persistent dans la gestion et le contrôle de l'exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au Cameroun. Les capacités administratives limitées au niveau local entravent souvent une gestion financière efficace, tandis que la complexité des procédures et la lourdeur administrative peuvent ralentir la mise en oeuvre des projets locaux. De plus, la dépendance financière des CTD vis - à - vis du pouvoir central limite leur autonomie et leur capacité à répondre aux besoins locaux de manière proactive. En outre, la persistance de la corruption et des pratiques opaques, compromettent la bonne utilisation des ressources publiques et sapent la confiance des citoyens au sein des collectivités locales.

Cependant, pour améliorer la gestion et le contrôle de l'exécution du budget des CTD au Cameroun, plusieurs perspectives clés doivent être explorées. Il est crucial de renforcer les capacités administratives locales par le biais de formations continues et du développement des compétences. La promotion de la transparence et de la reddition des comptes est essentielle, impliquant la publication régulière des informations budgétaires et l'adoption de mécanismes de contrôle robustes. Il est également nécessaire de renforcer les organes de contrôle externe pour assurer une supervision efficace et impartiale. En parallèle, la promotion d'une véritable décentralisation fiscale et le renforcement des ressources propres des collectivités locales sont indispensables pour accroître leur autonomie financière.

Les principes de la libre administration, d'autonomie locale et de la personnalité juridique réaffirmés dans le CGCTD, démontrent bien la volonté des pouvoirs publics à maintenir les Régions et les Communes au centre de leur propre gestion. Cependant, elles exercent leurs activités dans le respect de l'unité nationale, de l'intégrité du territoire et de la primauté de l'État387. Les ressources propres des Régions et des Communes et celles qui sont transférées par l'État constituent des derniers publics, dont la gestion doit obéir aux procédures et mécanismes officiels en vigueur et est soumise aux contrôles de tutelle et des institutions spécialisée.

Même si nous l'avons pas évoqué, l'autorité de tutelle joue un rôle très important dans le registre du contrôle administratif du budget des CTD. D'une manière générale, les actes et les délibérations des collectivités territoriales sont en principe soumises à l'approbation du

387 Tel est le sens de l'article 2, alinéa 2 de la loi du 24 décembre 2019 portant CGCTD qui dispose que les Régions et les Communes sont les CTD de la République, « Elles exercent leurs activités dans le respect de l'unité nationale, de l'intégrité du territoire et de la primauté de l'État ».

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représentant de l'État388. L'approbation est un procédé de tutelle qui s'exerce sur les délibérations et les décisions des collectivités territoriales389. Selon ce procédé, « l'acte pris par l'autorité « sous tutelle » ne peut entrer en vigueur tant que n'est pas survenue l'approbation qui, selon les textes, peut être expresse - l'autorité de tutelle manifeste clairement sa volonté d'approuver le texte (ou de le désapprouver) - ou tacite - le silence de l'autorité de tutelle, pendant un délai dont la durée peut varier, vaut approbation »390.

En finances publiques locales, le pouvoir d'approuver le budget voté par l'organe délibérant est reconnu au représentant de l'État. L'article 426 du CGCTD dispose à cet effet que « le budget de la Collectivité Territoriale est approuvé par arrêté du représentant de l'État dans un délai de quinze (15) jours suivant la date de sa réception par celle-ci. Passé ce délai, le budget est réputé approuvé ». Il s'agit du Préfet en ce qui concerne les budgets des communes, et du Gouverneur en ce qui concerne les budgets des régions. L'article 76 du même texte précise que cette autorisation est préalable. Toute chose qui atteste que les budgets locaux ne peuvent être exécutés sans l'approbation du représentant de l'État. Ces dispositions renforcent le pouvoir de la tutelle dans le processus budgétaire local391. Il se pose en effet un problème de légitimité392. En effet, comment un représentant de l'État, de surcroit nommé détient le pouvoir de suspendre un organe élu ?393 Ce pouvoir reconnu au représentant de l'État est en contradiction avec les exigences de la démocratie394. Bien plus, le représentant de l'État qui approuve le budget, peut le modifier « d'office ». Cette modification intervient lorsque le budget voté n'est pas conforme à la législation. Dans, ce cas, le représentant de l'État adresse une mise en demeure à l'organe délibérant. Au cas où ce dernier ne réagit pas, le budget est modifié d'office395.

La loi consacre ainsi une autre forme de tutelle qu'est le pouvoir de substitution d'action396. La substitution d'action est définie par le Dictionnaire de droit administratif

388 BIPELE KEMFOUEDIO (Jacques), « La tutelle administrative dans le nouveau droit camerounais de la décentralisation », ASFJP/Uds, Tome 9, 2005, pp. 83 - 110.

389 MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean - Marc), « Recherche sur le pouvoir budgétaire des collectivités territoriales décentralisées en droit public financier camerounais », op.cit., p. 2210.

390 VANG LANG (Agathe), GONDOUIN (Geneviève), INSERGUET - BRISSET (Véronique), Dictionnaire de droit administratif, Paris, Sirey (7e éd.), 2015, 515 p., pp. 38 - 39.

391 MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean - Marc), ibid., p. 2211.

392 Idem.

393 Idem.

394 Idem.

395 Art. 422 (1) de la loi du 24 décembre 2019 portant CGCDT.

396 PLESSIX (Benoît), « Le pouvoir de substitution d'action », in COMBEAU (Pascal) (dir.), Les contrôles de l'État sur les collectivités territoriales aujourd'hui, Paris, L'Harmattan, 2007, pp. 67 - 88 ; du même auteur :

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comme « un procédé très rigoureux permettant notamment à une autorité de tutelle de prendre une décision à la place de l'autorité décentralisée »397. Ce pouvoir de modification du budget reconnu au représentant de l'État constitue une véritable arme redoutable lui permettant de défaire le budget selon ses intérêts personnels398. Pouvant se substituer à l'organe délibérant, le représentant de l'État serait tenté de modifier les budgets dans lesquels il n'y trouve aucun intérêt399. Ainsi, la tutelle dans le droit budgétaire des CTD constitue une atteinte à la liberté locale et s'apparente à une sorte de « fonction maudite »400.

En réalité, le pouvoir d'approbation du budget reconnu au représentant de l'État limite les pouvoirs de l'organe délibérant en matière budgétaire. En conséquence, les sessions budgétaires sont devenues des sessions de fête pour les conseillers. Ils y vont tout simplement pour approuver le projet de budget auquel ils n'ont pas participé à l'élaboration et percevoir leurs perdiems401.

En fin de compte, l'approbation apparaît ainsi comme un autre mécanisme de contrôle qu'exerce la tutelle sur les collectivités en matière budgétaire. L'autorité de tutelle vérifie notamment le respect des ratios fixés aux termes de l'article 38 de la loi no 2009/011 du 10 juillet 2009, portant fiscalité locale. Il faut ajouter que le pouvoir d'approbation du budget des collectivités locales par l'autorité de tutelle, est également un contrôle de performance, car l'autorité de tutelle a également vocation à vérifier la cohérence des programmes de la collectivité locale avec les politiques publiques nationales.

« Une prérogative de puissance publique méconnue : le pouvoir de substitution d'action », RDP, no 119, 2003, pp. 579 - 629.

397 VANG LANG (Agathe), GONDOUIN (Geneviève), INSERGUET - BRISSET (Véronique), op.cit., p. 456.

398 MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean - Marc), op.cit., p. 2211.

399 Ibid.

400 RUFFAT (Jocelyne), « La tutelle, une fonction maudite », Politiques et Management Public, no 1, Vol. 7, 1989, pp. 113 - 146.

401 KANKEU (Joseph), « L'autonomie des collectivités territoriales décentralisées : quelle autonomie », Juridis Périodique, no 85, 2011, pp. 90 - 99., p. 97.

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