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Le contrôle de l'exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au cameroun


par Fabien Félicien Prosper NOAH AWONO
Université de Yaoundé II - Master en Théorie et Pluralismes Juridiques 2023
  

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Paragraphe I : Le contrôle diligenté par les organes dépendant de la Présidence de la

République

En matière de contrôle de l'exécution du budget des CTD au Cameroun, les organes dépendant de la présidence jouent un rôle important dans la supervision et la régulation des activités financières desdites CTD.

Leur action vise à garantir une gestion financière transparente, efficace et responsable au niveau local, contribuant ainsi à renforcer la bonne gouvernance et la confiance des citoyens au sein des CTD.

En tant qu'organes dépendant de la Présidence, le contrôle de l'exécution du budget des CTD au Cameroun est amorcé par les services du ministère délégué à la Présidence de la République chargé du Conseil Supérieur de l'État (CONSUPE) (A) et poursuivi par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière (CDBF) (B).

A- Le contrôle amorcé par les services du ministère délégué à la Présidence de la
République chargé du contrôle supérieur de l'État

Institution Supérieure de Contrôle des Finances publiques, Le CONSUPE est l'auditeur gouvernemental externe145, car placé en dehors du gouvernement. Il relève de l'autorité Président de la République de qui il reçoit les instructions. Il rend compte à travers le Secrétariat Général de la Présidence de la République. Ses agents sont en théorie indépendants vis-à-vis de l'organe audité, mais pas de leur hiérarchie. Réorganisé par décret

145 L'article 2 (1) du décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services du Contrôle supérieur de l'État dispose à cet effet que : « Les services du Contrôle supérieur de l'État constituent l'institution supérieure de contrôle des finances publiques (ISC) du Cameroun. Ils sont chargés de l'audit externe (...) ».

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présidentiel no 2013/287 du 04 septembre 2013, il joue un rôle central dans la protection de la fortune publique146. Il audite les CTD, les établissements, entreprises publiques et parapubliques, les établissements et associations confessionnels ou laïcs bénéficiant des concours financiers, avals ou garanties de l'État, les autres personnes morales publiques sur le plan administratif, financier et stratégique147. Son champ d'action va au-delà de la barrière des structures étatiques ou subventionnées par l'État. Il peut sur instruction du Président de la République, effectuer des contrôles spécifiques auprès des organismes privés d'intérêt public présentant un caractère stratégique pour le Cameroun148.

Ses missions consistent à l'appréciation de la qualité de la gestion des services et organismes contrôlés. Il constate les irrégularités, les entorses à la règlementation, la mesure et l'appréciation de l'efficacité, de l'efficience et de l'économie de la gestion. Il statue aussi sur la sincérité et la fidélité des états financiers produits par la structure auditée. Il prend connaissance de l'organe à auditer, détermine ses besoins en information, recense les actes administratifs de portée générale, les textes, arrêtés, circulaires et autres actes administratifs censés encadrer les comportements des agents et mis au point dans l'organe à auditer conformément à la loi.

En ce qui concerne la gestion des crédits publics, il détermine les manquements énumérés par la loi du 5 décembre 1974, modifiée par celle du 8 juillet 1978. On distingue les irrégularités mentionnées aux articles 3, 4 et 5 pour ceux relatifs à la gestion de l'État et des collectivités publiques et celles citées aux articles 6 et 7 relatifs à la gestion des entreprises de l'État.

Est considérée comme irrégularité au sens de la présente loi, toute faute commise préjudiciable à la puissance publique, ne ressortissant pas nécessairement de la compétence des tribunaux répressifs ou de commerce. Le CONSUPE interagit aussi en amont de la gestion des structures auditées en vue du renforcement des capacités des managers et du

146 BAKITI BA MBOG BINYET (Joseph Olivier), « Effet de l'action du contrôle supérieur de l'État sur l'offre des services publics au Cameroun », ASJ, no 8, Vol. 3, 2021, pp. 157 - 186, p. 161.

147 Ibid.

148 Telle est la teneur de l'article 2 (2) du décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services du Contrôle supérieur de l'État qui dispose que : « Les services du Contrôle supérieur de l'État peuvent, sur instruction du Président de la République, effectuer des contrôles spécifiques auprès des organismes privés poursuivant un objet ayant un lien avec le service public, et présentant un caractère stratégique pour l'économie ou la défense nationale ».

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personnel par des actions de formation continue et de sensibilisation149. Le Conseil Supérieur de l'État (CONSUPE) au Cameroun, joue un rôle fondamental dans l'audit et le contrôle de l'exécution du budget des CTD. En tant qu'organe externe de contrôle, le CONSUPE assure la vérification de la conformité, de la régularité et de l'efficience des opérations financières des CTD150.

Le CONSUPE, créé pour garantir la bonne gouvernance financière, a pour mandat d'effectuer des audits et des contrôles sur les finances publiques au niveau national et local. Ses compétences s'étendent à : l'audit des comptes et des opérations financières des CTD, la vérification de la conformité des dépenses publiques par rapport aux lois et règlements en vigueur, l'évaluation de l'efficacité et de l'efficience dans l'utilisation des ressources publiques et la détection et la prévention des fraudes et des irrégularités financières.

Tout comme le CONSUPE, le CDBF, en tant qu'organe dépendant de la présidence exerce le contrôle de l'exécution du budget des CTD au Cameroun.

B- Le contrôle poursuivi par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière

Au Cameroun, le contrôle de l'exécution du budget des CTD est également assuré par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière. Ce conseil est chargé de veiller à la régularité des opérations financières et comptables des CTD, en garantissant notamment le respect des règles budgétaires et financières établies.

Le CDBF peut être saisi pour examiner des cas de non-conformité aux règles budgétaires, de mauvaise gestion financière ou d'autres infractions relevant de sa compétence. Il peut alors mener des enquêtes, prendre des mesures correctives et, recommander des sanctions en cas de manquements avérés151. En collaboration avec d'autres organes, le CDBF

149 BAKITI BA MBOG BINYET (Joseph Olivier), « Effet de l'action du contrôle supérieur de l'État sur l'offre des services publics au Cameroun », op.cit., p. 162.

150 Tel est l'objet de l'article 2 (3) du décret no 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services

du Contrôle supérieur de l'État qui dispose que : « Dans l'exercice de leurs attributions, les services du Contrôle

supérieur de l'État effectuent :

- Un contrôle de conformité et de régularité ;

- Un contrôle financier ;

- Un contrôle de performance ;

- Un contrôle de l'environnement ;

- Un contrôle des systèmes d'information. ».

151 Telle est l'esprit de l'article 1er (1) du décret no 97/049 du 5 mars 1997 portant organisation et fonctionnement du Conseil de Discipline Budgétaire et Financière qui dispose que : « Le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière est chargé de la sanction des responsabilités des ordonnateurs et gestionnaires des crédits publics et entreprises publiques. À ce titre, il sanctionne les irrégularités et fautes de gestion commises par :

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contribue à renforcer le dispositif global de contrôle administratif visant à assurer une gestion transparente, légale et efficace des ressources publiques par les CTD au Cameroun. Son action est essentielle pour promouvoir la responsabilité et la bonne gouvernance au niveau local.

Le CDBF peut exercer des actions conjoncturelles avec les juridictions répressives au Cameroun dans le cadre du contrôle de l'exécution du budget des CTD. Cette collaboration vise à garantir que les infractions détectées lors des enquêtes menées par le CDBF soient traitées de manière appropriée sur le plan judiciaire152.

Lorsque le CDBF identifie des cas de mauvaise gestion financière, de détournement de derniers publics ou d'autres infractions graves, il peut transmettre ces dossiers aux juridictions compétentes pour enquête et poursuites judiciaires. Les preuves recueillies par le CDBF peuvent ainsi servir de base à des actions judiciaires visant à sanctionner les responsables des actes répréhensibles.

Cette action conjoncturelle entre le CDBF et les juridictions répressives renforce l'efficacité du contrôle de l'exécution du budget des CTD, assurant que les cas de violation de la loi soient traités de manière rigoureuse et que les acteurs des infractions soient tenus responsables de leurs actes. La conjugaison des actions dans la collaboration entre le CDBF et les juridictions répressives contribue à promouvoir la transparence, la responsabilité et la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques au niveau local.

Hormis les organes dépendant de la présidence, le contrôle de l'exécution du budget des CTD est également assuré par l'organe dépendant du ministère des finances à savoir : le contrôleur financier.

- Les ordonnateurs et gestionnaires de crédits de l'État, les collectivités territoriales décentralisées, des

entreprises et organismes publics ou parapublics et toute autre personne agissant en cette qualité ; - Les commissaires aux comptes, censeurs et commissaires du Gouvernement auprès des entreprises

publiques et toute autre personne agissant en cette qualité. ».

152 Le CDBF peut exercer une action conjoncturelle avec les juridictions répressives. C'est d'ailleurs le sens de l'article 18 (3) du décret no 97/049 du 5 mars 1997 portant organisation et fonctionnement du Conseil de Discipline Budgétaire et Financière qui dispose que : « Si l'instruction fait apparaître des faits susceptibles d'être qualifiés de crimes ou délits, le Président du Conseil transmet le dossier à l'autorité judiciaire compétente. Cette transmission vaut plainte au nom de l'État, de la collectivité publique ou de l'entreprise concernée contre le mis en cause ».

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