Paragraphe II : Le contrôle opéré
par les organes délibérants
Le Cameroun, comme de nombreux pays, a mis en place un
système de décentralisation pour rapprocher la gestion publique
des citoyens et améliorer l'efficacité administrative. Le
contrôle par l'organe délibérant est une innovation de la
loi de 2019134. Ce contrôle porte sur l'exécution du
budget ainsi que sur les programmes et projets y
afférents135.
Ce nouveau type de contrôle peut apparaitre comme un
moyen pour les collectivités locales de prendre en charge leurs affaires
locales et s'autogérer, mais ne permet pas de garantir une
spécificité pour les collectivités à statut
spécial, en raison de son application à toutes les
CTD136. Les CTD au Cameroun sont principalement les régions
et les communes. Les organes délibérants, pour assurer le
contrôle de l'exécution du budget des CTD sont : soit
désignés directement par le peuple (A), soit
indirectement désignés par le peuple (B).
A- Les organes délibérants directement
désignés par le peuple
Au Cameroun, les CTD comprennent les régions et les
communes. Les organes délibérants de ces collectivités
sont le Conseil Municipal et l'Exécutif Communal137 pour ce
qui est des Communes, et le Conseil Régional et l'Exécutif
Régional pour ce qui est des Régions.
Cependant, les organes délibérants directement
désignés par le peuple sont les Conseillers Municipaux,
élus à un mandat de cinq (5) ans138
renouvelables139. Cet organe délibérant (Conseil
Municipal) exerce des missions de contrôle dans le cadre du budget
communal. Tel est l'objet de l'article 104 de la loi no 2009/011 du
11 juillet 2009, qui dispose en effet que « lors de l'examen du budget
ou du compte administratif, l'organe délibérant exerce un
contrôle sur l'exécution du budget, ainsi que les programmes y
afférents140 ».
L'organes délibérant exerce un contrôle a
priori, dans la mesure où, il a le pouvoir d'approuver le budget des
CTD. Avant son adoption, le budget est examiné et débattu au sein
du conseil. Cette étape permet aux conseillers de contrôler les
dépenses prévues et de
134 La loi no 2019/024 du 24 décembre 2019
portant CGCTD.
135 Ibid., art. 482.
136 YAMTCHEU KAYE (Estelle Audrey), « Le régime
financier des collectivités territoriales décentralisées
à statut spécial au Cameroun », RAFP, no
2 (10), pp. 1 - 22, p. 14.
137 L'article 164 (1) de la no 2019/024 du 24
décembre 2019 portant CGCTD dispose à cet effet que : «
Les organes de la Commune sont : le Conseil Municipal et l'Exécutif
Communal ».
138 Telle est la teneur de l'article 169 (1) de la loi
no 2012/001 du 19 avril 2012 portant code électoral
modifiée et complétée par la loi no 2012/017 du
21 décembre 2012, qui dispose que : « Les conseillers
municipaux sont élus pour cinq (05) ans au suffrage universel, direct et
secret ».
139 Ibid., Art. 169 (2), qui dispose qu' : «
Ils sont rééligibles ».
140 Art. 104 de la loi no 2009/011 du 10 juillet
2009 portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées.
39
Le contrôle de l'exécution du budget des
Collectivités Territoriales Décentralisées au
Cameroun
s'assurer de leur cohérence avec les priorités
et les besoins de la population locale. Les organes délibérants
sont chargés de suivre l'exécution du budget des CTD tout au long
de l'année. Ils examinent régulièrement les rapports
financiers et les comptes rendus d'exécution budgétaire pour
évaluer la réalisation des objectifs fixés et pour
détecter d'éventuelles irrégularités ou anomalies.
Les organes délibérants exercent un contrôle sur les
dépenses engagées par l'exécutif local. Ils veillent
à ce que les dépenses soient effectuées
conformément aux priorités établies dans le budget
approuvé et qu'elles respectent les règles et les
procédures en vigueur. Les organes délibérants peuvent
décider de réaliser des audits ou des évaluations
spécifiques sur certains aspects de la gestion financière de la
CTD. L'exigence de Ces audits permettent de vérifier la
conformité aux normes comptables et aux règlements en vigueur,
ainsi que d'identifier les domaines nécessitant des
améliorations.
L'article 105 de la loi no 2009/011 du 10 juillet
2009 ajoute en effet que « l'organe délibérant peut
constituer des commissions ad hoc sur des sujet intéressant la gestion
financière de la collectivité territoriale, les rapports de cette
commission, sont soumis à l'appréciation de l'organe
délibérant141 ».
De ce qui précède, l'on peut retenir que les
organes délibérants directement désignés par le
peuple jouent un rôle majeur dans la prise de décisions ayant une
incidence budgétaire, mais ceux désignés indirectement par
le peuple exercent également des missions budgétaires.
B - Les organes délibérants indirectement
désignés par le peuple
Les organes délibérants indirectement
désignés par le peuple sont le Président de
l'Exécutif Communal pour ce qui est des Communes, et les Conseillers
Régionaux et le Président du Conseil Régional pour ce qui
est des régions.
En ce qui concerne le Président de l'Exécutif
Municipal, il est placé à la tête de l'exécutif
communal. Il s'agit généralement le maire. Ce dernier est
élu au scrutin uninominal majoritaire à deux (2) tours.
L'élection est acquise au premier tour à la majorité des
suffrages exprimés142. Pour ce qui est des Conseillers
Régionaux, il en existe quatre - vingt - dix (90), élus pour un
mandat de cinq (05) ans143. Le Conseil Régional, en tant
qu'organe délibérant des régions comprend les
délégués des départements élus au suffrage
universel
141 Art. 105 de la loi no 2009/011 du 10 juillet
2009 portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées.
142 Voir Art. 200 (1) de la loi portant CGCTD.
143 Art. 275 (2) de la loi portant CGCTD.
40
Le contrôle de l'exécution du budget des
Collectivités Territoriales Décentralisées au
Cameroun
indirect et les représentants du commandement
traditionnel élus par leurs pairs144. Elles s'assurent que
toutes les opérations financières respectent les lois et
règlements en vigueur, ainsi que les directives budgétaires
adoptées par l'organe délibérant. Cela inclut la
vérification des procédures de passation des marchés
publics, la conformité des dépenses aux autorisations
budgétaires, et la régularité des recettes. Les
commissions évaluent également l'efficacité et
l'efficience de l'utilisation des fonds publics, en analysant si les objectifs
budgétaires sont atteints et si les ressources sont utilisées de
manière optimale.
En cas de détection d'irrégularités ou de
dysfonctionnements, ces organes proposent des mesures correctives à
l'exécutif local et peuvent recommander des ajustements
budgétaires. Elles jouent un rôle consultatif en formulant des
avis et des recommandations pour améliorer la gestion
budgétaire.
Le contrôle concomitant opéré par les
commissions ad hoc de l'organe délibérant, permet de
détecter rapidement des anomalies. À cet effet, grâce
à un suivi continu, les commissions peuvent identifier et corriger les
écarts budgétaires avant qu'ils ne deviennent des
problèmes majeurs. Ces commissions peuvent également
améliorer la gouvernance, en assurant une gestion rigoureuse et
responsable des ressources publiques, ce contrôle contribue à une
meilleure gouvernance locale et à la confiance des citoyens dans les
institutions publiques.
En somme, les commissions ad hoc de l'organe
délibérant jouent un rôle indispensable dans le
contrôle concomitant de l'exécution budgétaire,
garantissant une gestion financière saine, transparente et conforme aux
intérêts de la collectivité.
Puisqu'on parle d'un cadre institutionnel non juridictionnel
opérationnel, le contrôle de l'exécution du budget des CTD
au Cameroun va au-delà des organes internes des collectivités
territoriales décentralisées. Ce contrôle est
également effectué par les organes externes des
collectivités territoriales décentralisées.
144 Ibid., Art. 275 (3).
41
Le contrôle de l'exécution du budget des
Collectivités Territoriales Décentralisées au
Cameroun
SECTION II : UN CONTROLE ACCESSOIREMENT CONFIE AUX
ORGANES EXTERNES AUX CTD
Outre le contrôle par les organes internes des CTD qui
permet de prévenir les irrégularités, les fraudes et les
inefficacités dans l'utilisation des fonds publics au niveau local, le
contrôle effectué par les organes externes des CTD est d'une
importance capitale pour renforcer le cadre institutionnel non juridictionnel.
Ce contrôle inclut d'une part, le contrôle diligenté par les
organes dépendant de la Présidence (Paragraphe
I) et d'autre part, le contrôle effectué par le
contrôleur financier (Paragraphe II) en tant qu'organe
dépendant du MINFI.
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