CHAPITRE I : UN CADRE INSTITUTIONNEL NON
JURIDICTIONNEL
OPÉRATIONNEL 32
SECTION I : UN CONTROLE PRIORITAIREMENT CONFIE AUX ORGANES
EXTERNES AUX CTD 32
SECTION II : UN CONTROLE ACCESSOIREMENT CONFIE AUX ORGANES
EXTERNES AUX CTD 41
CHAPITRE II : UN CADRE INSTITUTIONNEL JURIDICTIONNEL
INACHEVÉ 50
SECTION I : L'EFFECTIVITE DES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN
50
SECTION II : L'EFFECTIVITE PARTIELLE DES JURIDICTIONS
FINANCIERES 58
SECONDE PARTIE : UN CONTRÔLE
MATÉRIELLEMENT AMÉNAGÉ 72
CHAPITRE I : UN CONTRÔLE DE LA
RÉGULARITÉ 74
SECTION I : LES DIMENSIONS DE LA REGULARITE 74
SECTION II : L'ENGAGEMENT DE LA RESPONSABILITE DES AGENTS
PUBLICS
DU FAIT DES IRREGULARITES 84
CONCLUSION DU CHAPITRE I 94
CHAPITRE II : UN CONTRÔLE DE PERFORMANCE
95
SECTION I : LA MESURE DE LA PERFORMANCE BUDGETAIRE 96
SECTION II : LA PRISE DE MESURES CONTRE LES DECIDEURS LOCAUX
DU FAIT
DE LA CONTRE - PERFORMANCE BUDGETAIRE 104
CONCLUSION GÉNÉRALE 112
Le contrôle de l'exécution du budget des
Collectivités Territoriales Décentralisées au
Cameroun
1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
2
Le contrôle de l'exécution du budget des
Collectivités Territoriales Décentralisées au
Cameroun
Constitutionnalisée et renforcée par diverses
lois telles que la loi no 2004/017 du 22 juillet 2004 portant
Orientation de la décentralisation et la loi no 2019/024 du
24 décembre 2019 portant Code général des
collectivités territoriales décentralisées, la
décentralisation vise à rapprocher l'administration des citoyens,
à promouvoir le développement local et à renforcer la
démocratie participative.
Dans ce cadre, les CTD, comprenant les communes et les
régions, jouent un rôle essentiel dans la planification et
l'exécution des politiques publiques locales. Elles disposent de
compétences étendues en matière de développement
économique, social et culturel, ainsi que d'une autonomie
financière conséquente pour la gestion de leurs budgets.
Toutefois, cette autonomie doit être assortie de
mécanismes de contrôle rigoureux pour garantir la transparence, la
responsabilité et l'efficience dans l'utilisation des ressources
publiques. Le contrôle de l'exécution du budget des CTD s'inscrit
dans la logique de la nouvelle gouvernance financière. Dans la
construction doctrinale, « la nouvelle gouvernance financière
» est un modèle de gestion et de décision financière
publique inspiré des modes de gouvernance du secteur marchand et
caractérisé par « la responsabilisation des acteurs,
leur efficacité d'action et la transparence de leurs pratiques
»1. Dans le cas spécifique du Cameroun, la nouvelle
gouvernance financière renvoie à la nouvelle philosophie de
gestion publique, introduite par le régime financier de l'État de
2007 et confirmée par celui de 2018 caractérisée par le
passage d'une logique de moyens centrée sur la recherche de la
régularité budgétaire à une logique de performance
intégrant les préoccupations d'efficacité de l'action
publique, de transparence et de bonne gouvernance des finances publiques. C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle le Professeur Charles - Étienne
LAKENE DONFACK la qualifie de « nouvelle orthodoxie financière
»2.
Depuis le début des années 2000, la
fièvre de la recherche de la performance financière qui a
traversé de nombreux pays d'Afrique francophone, n'a pas laissé
le Cameroun indifférent3. En effet, la
décentralisation aujourd'hui mobilise beaucoup de derniers publics
malgré la crise à laquelle sont encore confrontées les
finances locales camerounaises4. Parallèlement, leur gestion
est encore confrontée à de nombreuses difficultés qui
tendent à
1 BOUVIER (Michel), « Préface »,
in MILEBE VAZ Christian, La nouvelle gouvernance financière
publique dans les organisations du système des Nations Unies,
Paris, LGDJ, 2021, p. 9.
2 LAKENE DONFACK (Charles - Étienne), «
Constitution, Chambre des comptes, comptes publics en droit public financier
camerounais », RAFP, no 12, 2nd semestre
2022, p. 30.
3 MÉDÉ (Nicaise), « L'Afrique
francophone saisie par la fièvre de la performance financière
», RFFP, no 135, 2016, p. 350.
4 AKONO OLINGA (André), L'apport de la
performance au contrôle des finances locales au Cameroun,
Thèse de doctorat en Droit Public, Université de Yaoundé
II, 2020, p. 4.
3
Le contrôle de l'exécution du budget des
Collectivités Territoriales Décentralisées au
Cameroun
entraver la réalisation des objectifs qui leur ont
été assignés. On dénombre ainsi : des
irrégularités5 au regard des normes de la
comptabilité publique6 et des indélicatesses
comptables, d'importantes malversations financières justifiées
par la multiplication des actes de corruption7 qui tendent à
y obtenir un droit de cité qui, en fin de compte, participent à
une perte significative des fonds devant servir au financement des politiques
publiques locales. Il apparaît donc plus qu'impératif, que la
collectivité satisfasse au mieux les besoins de la population vivant sur
son territoire. Cet objectif passe non seulement par l'amélioration de
la gestion financière de la collectivité, mais davantage par la
pratique d'un contrôle dynamique8 et efficace.
Le contrôle de l'exécution du budget des
collectivités territoriales décentralisées au Cameroun
soulève plusieurs interrogations. Malgré les avancées
législatives et institutionnelles, les défis majeurs subsistent
en termes de gestion financière locale. Les dysfonctionnements
budgétaires, la corruption, l'inefficacité administrative et le
manque de transparence sont autant de maux qui entravent la bonne gouvernance
locale. De plus, les mécanismes de contrôle existants, qu'ils
soient internes ou externes, peinent souvent à remplir pleinement leur
rôle, en raison de contraintes institutionnelles, logistiques et
humaines.
L'amélioration de la gouvernance des finances publiques
en général, et de celles locales particulier y reste primordiale.
Elle a pour corollaires, la protection des finances publiques à travers
l'impulsion d'une dynamique d'adoption des mesures économique, juridique
et politique sur les principes fondamentaux de la transparence et de la bonne
gouvernance dans la gestion des finances publiques. À l'analyse,
l'adoption de ces mesures au Cameroun constitue primo, une
manifestation des réformes auxquelles notre administration publique est
soumise ; secundo, une résultante de la nécessité
et surtout de l'obligation
5 Nous pouvons citer :
- Les fautes de gestion ;
- Les détournements de derniers publics ;
- Le non versement des fonds au trésor public ;
- L'absence des états d'émargement. Cette
incohérence managériale a par exemple été
relevée dans le cas
de l'arrêt no 72/AD/CSC/CDC/S2 du 29 septembre
2011 (commune urbaine de Garoua pour l'exercice
2004) ;
- La comptabilité de fait relevée également
dans l'arrêt no 118/P/S2 du 6 septembre 2012
(communauté
urbaine de Yaoundé pour l'exercice 2007) ;
- Le retard dans la production des comptes dans l'arrêt
no 187/D/S2 du 22 novembre 2012, compte de
gestion de la commune urbaine de Douala pour l'exercice 2009.
6 MAGNET (Jacques), Éléments de
comptabilité, Paris, LGDJ (3e éd.), Coll.
Système-Finances Publiques, 1996, p. 11.
7 CHARTIER (Jean - Louis), « Les
collectivités locales et la corruption », RFFP,
no 69, 2000, pp. 87 - 94.
8 LEJOUR (Baptiste), Du contrôle
budgétaire et financier au contrôle de gestion dans les
collectivités locales, Mémoire de D.E.S.S, Institut
d'Études politiques de Lyon, 2003, p. 4.
4
Le contrôle de l'exécution du budget des
Collectivités Territoriales Décentralisées au
Cameroun
d'arrimer fondamentalement les finances publiques
camerounaises aux exigences de la nouvelle gouvernance financière
publique. Cette dernière est une approche managériale qui a
foncièrement pour objectif la mise en place d'un système de
gestion par performance.
À l'observation, les finances publiques locales
camerounaises sont imbibées de cette nouvelle philosophie qui innerve la
gestion publique. Elles « sont le « nerf de la guerre » en
ce qu'elles conditionnent la capacité des collectivités locales
à mettre en oeuvre les politiques publiques locales
»9 et d'atteindre leurs objectifs10. C'est dire
en effet, que les finances publiques sont à la base de toute action
administrative, et aucune activité administrative ne s'exerce sans les
finances publiques11.
Sur ces entrefaites, la présente étude se penche
sur la question, et se propose de mener une recherche sur « Le
contrôle de l'exécution du budget des collectivités
territoriales décentralisées au Cameroun ».
Ainsi, pour mieux l'appréhender, il est plus que nécessaire de
procéder à la construction scientifique de notre étude en
mettant un point d'honneur sur les cadres théorique (I) et
matériel (II), ainsi que les axes de ladite étude (III).
I- CADRE THÉORIQUE
L'étude sur le contrôle de l'exécution du
budget des collectivités territoriales décentralisées au
Cameroun prend en compte un cadre théorique précis. Ce cadre
théorique met en exergue la conjugaison du cadre contextuel
(A) et du cadre conceptuel (B) permettant de
mieux saisir les contours de notre sujet.
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