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IA et startups: une technologie et un modèle économique à  façonner autour de l'écologie


par Sibyline MOUKARZEL
Sciences Po Rennes - Master Management des Organisations et des Projets 2024
  

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Conclusion

L'intelligence artificielle est actuellement dans une phase d'essor, à la fois technologique et économique, et entraîne avec elle la croissance de tout un marché. Le rythme de la recherche scientifique s'est intensifié et le grand public commence tout juste à saisir l'impact que ce nouvel outil peut avoir. Ce rapport avait donc pour objectif de regarder la compatibilité de ce nouveau secteur aux enjeux environnementaux pour lesquels la prise de conscience croit tout autant.

Si de plus en plus d'acteurs s'intéressent à l'intelligence artificielle et à ses potentialités, il en est de même pour l'écologie. Il devient désormais rare de considérer un projet sans s'intéresser à son impact, afin de s'assurer de limiter ses coûts financiers, mais également humains et environnementaux. Lorsque l'on regarde l'impact écologique de l'intelligence artificielle, il est rapidement évident qu'une grande partie du coût est lié au matériel utilisé. Si faire fonctionner un algorithme nécessite une alimentation électrique, il est impossible de négliger le poids que vont représenter les serveurs, les ordinateurs, les capteurs, etc. Pour avoir des performances croissantes, de plus en plus de données sont utilisées et du matériel de plus en plus exigeant est fabriqué (notamment avec le deep learning), ce qui va à l'encontre des nécessités écologiques.

S'il est possible d'étudier la compatibilité entre l'intelligence artificielle et l'écologie, il est indispensable de prendre en compte le contexte dans lequel ces éléments interagissent. Celui de la France, qui est également celui de l'Europe, et dirigé par l'univers des startups. Alors que dans le reste du monde, et notamment aux États-Unis, l'IA est guidée par les géants du numérique (avec les MAAMA en tête), le vieux continent voit plutôt son secteur porté par une pluralité et une diversité de micro-acteurs.

Cette organisation originale permet de multiplier les initiatives et l'innovation : elle est propice au développement de solutions variées, avec des applications dans de nombreux domaines. En revanche, cela limite sa structuration, et en fait un ensemble protéiforme. Au sein de cette variété d'entreprises résident alors deux lignes technologiques directrices :

l Le Green IT, dont l'objectif est de penser l'IA et le matériel nécessaire différemment, dans le but de limiter l'impact des pratiques;

l L'IT for Green, dont le concept est de trouver des applications dans lesquelles l'IA peut apporter une solution améliorant l'impact environnemental.

Dans les deux cas, l'essentiel est d'arriver au net zero : le recours au nouvel outil ne doit pas avoir suscité plus d'impact que la solution précédemment utilisée. Il est donc indispensable, au-delà des développements scientifiques, d'assurer la mesure des coûts des solutions proposées. Si un système d'irrigation se met à être structuré grâce à une intelligence artificielle mais que les économies d'eau générées sont entièrement consommées pour le rafraîchissement des data centers, cette solution ne présente pas d'intérêt écologique.

Dans l'idéal, le Green IT et l'IT for Green sont conjointement mis en oeuvre pour réduire au maximum les impacts. À l'heure actuelle, la majorité des startups sont séparées entre ces

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deux doctrines, et une minorité arrive à les traiter conjointement. Pour autant, rares sont les entreprises qui sont indifférentes à un des deux éléments, elles définissent généralement une priorité, leur permettant d'assurer la rentabilité de leur modèle. La difficulté de ces petites structures réside donc dans leur stabilité économique, dont les moyens réduits ne permettent pas d'avoir un travail sur plusieurs dimensions en parallèle.

En outre, il ne faut pas oublier que l'intelligence artificielle est un sujet récent, dont le spectre est encore mal défini. S'il reste compliqué d'appréhender ce que l'intelligence artificielle sera demain, il faut comprendre que nous nous appuyons actuellement sur ce que nous connaissons : le numérique. L'essentiel du cadre économique et législatif dans lequel ces entreprises évoluent s'appuie sur les modèles développés dans les années 90 et 2000 pour l'informatique. Le secteur manque donc cruellement d'un ancrage dédié puisqu'il ne s'agit plus d'un nouveau matériel mais bien d'une manière disruptive de fonctionner. L'intelligence artificielle modifie à la fois le travail des entreprises, mais également les pratiques des individus.

L'Union Européenne se positionne comme précurseur mondial en proposant l'AI Act, mais réalise également un saut dans l'inconnu. Il existe actuellement peu de labels, ou de normes régissant l'intelligence artificielle dans le monde. Si ceux-ci commencent à se développer pour les questions d'éthique et de responsabilité sociale, nous sommes encore loin d'avoir un cadre s'intéressant aux impacts environnementaux. Cela interroge d'ailleurs sur la priorité qui est mise sur l'écologie dans le développement de ces technologies. Le Ministère de la Transition Ecologique et l'AFNOR commencent d'ailleurs tout juste à s'approprier ce sujet dans le but de mettre en place un ensemble de normes permettant d'avoir un référentiel en IA frugale.

La jeunesse de ce secteur explique ses lacunes, notamment à cause du manque de formation et de sensibilisation des acteurs impliqués. Si bon nombre d'organisations veulent s'approprier l'intelligence artificielle, peu d'entre elles disposent des outils et compétences nécessaires pour le faire. Il est donc encore difficile de manipuler ce sujet, et encore plus d'en déterminer les impacts.

Or, de plus en plus d'acteurs veulent avoir un rôle dans ce domaine. Qu'il s'agisse des grandes et des petites entreprises, des structures privées ou publiques, les demandes se multiplient mais la formation des individus ne va pas aussi vite. Ce secteur d'activité a donc besoin de temps pour se structurer alors que pour l'instant aucune organisation européenne ne semble leader sur le marché. Le fait de ne pas disposer d'une ou plusieurs structures suffisamment massives et disposant des compétences nécessaires maintient l'activité désordonnée. En outre, les multinationales déjà présentes imposent partiellement leur vision et leurs pratiques. La majorité des startups dépendent de ces entreprises et se voient donc contrainte de conserver de bonnes relations avec elles.

Actuellement, la médiatisation dont bénéficie l'intelligence artificielle génère une effervescence des entreprises, mais également du grand public, dans le but de s'approprier cette

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nouvelle technologie. Il est avant tout indispensable de regarder si cet engouement va persister sur le long terme, et si les perspectives scientifiques permettent de considérer cette nouvelle technologie comme disruptive.

Seuls les acteurs connaissant le sujet depuis plusieurs années arrivent pour l'instant à prendre le recul nécessaire pour s'interroger sur les impacts. On peut donc espérer qu'une fois la vague de médiatisation passée, la question des externalités liées à l'intelligence artificielle va se poser. Si elle commence actuellement à émerger dans le domaine de l'éthique, elle n'est presque pas présente pour l'écologie. L'objectif à terme serait ainsi que l'IA ne soit pas une solution systématique mais que son recours soit réfléchi de manière à ce qu'elle ne soit sollicitée que lorsque son impact est négatif.

Ainsi, une grande partie du changement nécessaire à opérer pour aller dans le sens de l'écologie et de la sobriété dépend des utilisateurs finaux, et non exclusivement des startups, qui sont les créatrices de technologie. Leur taille et leur diversité ne leur permettent pas d'avoir un discours unique, et laisse la porte ouverte aux géants du numérique américains. S'il est indéniable que cette variété de petits acteurs permet un foisonnement de l'innovation, à la fois dans le fonctionnement des modèles, dans le matériel, et dans les applications, elle est également à l'origine d'une instabilité économique qui empêche pour l'instant la diffusion massive des impacts écologiques.

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Liste des entreprises françaises évoquées

ITfor Green:

Accenta : L'entreprise a pour objectif d'utiliser l'intelligence artificielle pour optimiser l'utilisation du géostockage et adapter son recours à la consommation énergétique nécessaire. s https://www.accenta.ai/

Eficia : L'entreprise a développé des modèles d'analyse des données de consommation pour réguler le fonctionnement des appareils de chauffage et climatisation des bâtiments.

s https://eficia.com/

Firetracking : L'entreprise surveille des forêts grâce à des analyses vidéo dans le but de détecter des départs de feux, de les localiser et d'informer les secours au plus vite.

s https://firetracking.io/

Qonfluens : L'entreprise de conseil en environnement permet de réaliser des analyses afin d'étudier les modélisations d'espaces, les risques environnementaux et l'analyse de données en lien avec l'écologie.

s https://www.qonfluens.com/

Skyvisor : L'entreprise propose un système d'inspection des éoliennes et panneaux solaires à l'aide de drones équipés de caméras afin d'analyser les images et anticiper la maintenance. s https://fr.skyvisor.fr/

Ullmanna : L'entreprise a conçu un robot pouvant reconnaître les plantes à désherber dans un champ à partir d'images et guider des lames pour les retirer.

s https://www.ullmanna.eu/

Green IT :

DeepHawk : L'entreprise a créé un algorithme de détection des défauts à partir d'analyse d'images (classiques, rayons-X, thermiques, microscopiques...) sur les chaînes de production. s https://www.deephawk.ai/

Deepl : La startup allemande offre un outil de traduction en ligne basé sur l'intelligence artificielle et dont les serveurs se veulent de plus en plus éco-responsables.

s https://www.deepl.com/fr/translator

Infogreen Factory : L'entreprise offre des prestations de diagnostic, de conseil et de formation pour faciliter la mise en place du numérique durable et éco-responsable.

s https://infogreenfactory.green/

Stratosfair : L'entreprise construit des data centers qui sont pensés pour être vertueux et implantés pour répondre aux besoins locaux. [Stratosfair a été liquidée en 2023] s https://lorient-technopole.fr/entreprises/stratosfair/

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